Emblématique, central et … à rebondissements, le chantier de l’Hôtel Dieu va, à terme, profondément changer le visage du centre-ville de Clermont, dessinant un nouveau quartier entre Jaude (ou plus précisément le boulevard Charles-de-Gaulle) et le Jardin Lecoq. Mais, tout au long des prochains mois, la ville va connaître d’autres travaux importants qui modifieront les habitudes des Clermontois. Petit panorama non exhaustif…
Ça avance à l’Hôtel Dieu
Le dossier a traîné. De retardements en recours administratifs, sans compter les nécessaires phases de fouille. Classé monument historique pour une partie de son immobilier, le site se devait aussi d’être préservé. Le chantier (qui s’étale sur 4,6 ha) est désormais entré dans une phase active, avec à la manœuvre, le groupe Bouygues Immobilier, un géant de la promotion immobilière en France et en Europe. Les enjeux ont été clairement définis : ouverture du site à la ville, valorisation du patrimoine, caractère environnemental.
Un quartier « mixte »
Le futur quartier, qui ne sera pas tout à fait la « coulée verte » évoquée un temps, comprendra tout de même 15.000 m² d’espaces verts. Pour le reste, il répondra à des objectifs de mixité, en abritant des logements en accession et d’autres sociaux, mais aussi des bureaux, des commerces, une résidence étudiante, une résidence senior. Sans oublier la Grande Bibliothèque, chère au maire de la ville, implanté dans le corps de bâtiment de l’ancien Hôtel Dieu. En 2019, le chantier ira bon train mais il faudra attendre 2020 pour la livraison de la résidence étudiante et 2021 pour celle des premiers logements.
Revitaliser l’avenue Charras
Le 29 octobre dernier ont débuté les travaux de l’avenue Charras qui relie la gare à la place Delille. L’artère, on le sait, n’a cessé de décliner et de se dégrader durant les dernières décennies. Après une phase de concertation avec les habitants du quartier, le projet a été défini autour de plusieurs idées : valoriser les activités commerciales et le bâti, la mobilité et le stationnement, l’agrément et la sécurité du lieu, les espaces verts. Bref, un cahier des charges conséquent avec, in fine, l’espoir d’attirer de nouvelles populations. L’aménageur lyonnais AA Group a été retenu autour d’un projet limitant la voiture au profit de la qualité de vie et du végétal. La première tranche de travaux, comprenant le renouvellement des réseaux d’eau, d’assainissement et de gaz, laissera bientôt place à une seconde phase concernant surfaces, voirie et éléments paysagers. Entièrement financée par Clermont Auvergne Métropole, l’opération, d’un coût de 1,5 M€, s’achèvera début 2020.
Une année déterminante pour le Théâtre de la Comédie
La Comédie de Clermont scène nationale sera bientôt dotée d’un lieu identitaire, un projet à la fois performant et fonctionnel dont l’architecte sera signée par le Portugais Eduardo Souto de Moura (prix Pritzker2011). Dans le quartier du boulevard François-Mitterrand, à quelques … de la place des Salins, les grues sont à l’œuvre. Le futur théâtre, qui prendra place sur le site de l’ancienne gare routière et de la fameuse brasserie, développera deux salles de spectacles de 900 et 350 places, d’un équipement scénographique moderne, d’un pôle de médiation, de locaux d’acceuil d’artistes. On y retrouvera même… une brasserie. « Pour nous, c’est un renouveau, de nouvelles générations vont venir » estime Brigitte Lefèvre, la présidente de la Comédie de Clermont.
2019 sera une année décisive pour ce projet acté dès 2014, pour un coût total de 34 M€, dont 12 apportés par la Ville de Clermont. En effet, les premiers fauteuils devraient être livrés au début de l’été. Et une ouverture pour la saison 2019-2020 est espérée.
Un ensemble ambitieux avenue de La République
Ca bouge aussi du côté de l’avenue de la République, quartier dont on sait qu’il est aujourd’hui davantage d’affaire et de service que résidentiel et commercial. Le projet Initiale République, dont la livraison est annoncée pour le quatrième trimestre, est en tous cas symbolique d’une ambition de revitalisation. Il prévoit la réalisation, par le groupe Quartus, d’un hôtel 4 étoiles de 86 chambres, d’un immeuble de 22 logements en accession libre, d’un autre comprenant 18 logements sociaux, auxquels il faut ajouter des commerces en rez-de-chaussée d’immeubles et un sous-sol général accueillant 65 places de stationnement. Le tout pour une surface foncière de 2500m².
La métropole et Michelin œuvrent ensemble aux Carmes
Tout près de là, la place des Carmes est aussi l’objet de travaux importants, autour d’un projet qui réunit la ville, la métropole et la manufacture Michelin. L’entreprise, en effet, rénove son siège social, un chantier qui témoigne selon Jean-Dominique Senard, le président du groupe Michelin de « notre volonté toujours plus grande d’ancrer le groupe Michelin au cœur de Clermont-Ferrand». La métropole en profite pour réaménager la place des Carmes avec pour vecteurs principaux l’eau et l’environnement. Au centre de la place, une terrasse aquatique fera face à un espace patrimonial. L’accent sera apporté sur les végétaux et l’eau occupera une place fondamentale notamment à travers la réalisation d’un miroir aquatique en pierre de Volvic. Les déplacements doux seront privilégiés autour de la place et l’accès facilité pour le tramway, pour un budget proche des 8 millions d’Euros à la charge de Clermont Auvergne Métropole. Les travaux ont débuté l’été dernier pour une conclusion qui devrait intervenir en 2020.
Au-delà de 2019
Avec ces nombreux chantiers, Clermont va donc changer durant ces prochains mois de manière conséquente. Mais les travaux ne seront pas pour autant terminés. La rue du Port, et plus particulièrement les abords de la basilique Notre-Dame-du-Port, sera réaménagée d’ici 2022. Nous vous avons présenté récemment le plan établi pour le quartier Saint-Jean. Saint-Jacques, pour sa part, va subir un véritable bouleversement avec la destruction de la Muraille de Chine, prévue en 2023. Quant à la place Delille, elle devrait, à son tour, faire l’objet d’une vaste rénovation durant la prochaine décennie. D’ici là, toutefois, un scrutin municipal se sera déroulé.
Avec l’abandon de l’ancien Hôtel-Dieu une chance unique, historique, s’offrait à Clermont de casser l’environnement minéral qui sévit dans tout le centre ville. Naïvement nous pouvions rêver de coulée verte, de prolongement du jardin Lecoq magnifique mais tout petit, d’un peu de verdure en milieu urbain. Déjà, les fondations faisaient craindre le pire, craintes confirmées par l’élévation des premiers murs en béton. Alors, bien sur il y aura la bibliothèque dans le vieux bâtiment, lequel sera, je l’espère, l’objet d’une belle restauration. Quand même, une question reste posée ; qui peut, qui a envie, de s’opposer à la main mise systématique des promoteurs?