La nouvelle saison thermale va débuter ce lundi 8 avril 2024 à Royat. Comme chaque année à pareil époque, Dominique Ferrandon directeur des thermes et de Royatonic scrute avec attention le planning des réservations qui indique la tendance avant ouverture. « La saison s’annonce plutôt bien. On est à plus 6% de réservation, donc on espère une fréquentation de 200 à 300 curistes de plus que l’an passé. On est pas encore au niveau de 2019, mais on remonte la pente tout doucement ». La saison 2023 s’est refermée sur la présence de 6 000 curistes, celle de 2024 devrait donc atteindre 6 350, c’est du moins l’objectif que s’est fixé le directeur qui compte sur la fidélité des curistes mais aussi sur le « tremplin » que représente l’opération Printemps du thermalisme lancée par Thermauvergne en mai prochain.
Royatonic, de son côté, est revenu à son niveau d’avant Covid avec 18 300 visiteurs sur l’année.

Le profil des curistes évolue

« Le curiste type est un peu plus jeune. Cela vient du fait que l’on a un peu plus de nouveaux curistes qui viennent plus tôt que la génération qui fréquente depuis 10 ou 15 ans » explique le directeur des thermes. « Il rajeunit aussi avec les cures du soir que l’on met en place en mai-juin et septembre-octobre. On a des actifs qui viennent après le travail et même si l’on repousse l’âge de la retraite ils sont un peu plus jeunes que les curistes historiques. L’âge baisse aussi grâce au nouveau format de cure sur 6 jours. les opérations comme le Printemps du thermalisme nous ramène une vraie bouffée d’air de jeunesse et de nouveaux adeptes de l’eau thermale. »

Difficultés de recrutement dans la filière

Si les curistes reviennent, en revanche le thermalisme peine à recruter. « On est comme beaucoup de secteurs, l’hôtellerie, la restauration et d’autres, on a des problèmes de recrutement » confirme Dominique Ferrandon. « Sur Royatonic en particulier, l’an passé on avait échappé à la pénurie de Maîtres-Nageurs ce qui nous a permis de maintenir une ouverture 7 jours sur 7 alors qu’à un moment donné on a même songé à fermer une journée par semaine. Aujourd’hui on a un soucis sur nos spa-praticiennes. On a d’un côté une demande importante parce que le bien-être a explosé après le Covid et de l’autre une pénurie sur ces métiers là ». Le phénomène n’est pas nouveau et confirme la tendance qui se dessine chez de nombreux salariés qui préfèrent s’orienter vers des métiers moins contraignants en terme d’horaires et de saisonnalités, parfois d’exigences physiques, malgré les incitations salariales et tout un dispositif de formation mis en œuvre.

L’impact du coût de l’énergie

À l’échelle des thermes de Royat et de Royatonic, la hausse du prix de l’énergie représente annuellement entre 500 000 et 600 000 euros de plus en comparaison de l’époque où le gaz et l’électricité coûtaient moins cher. En bon gestionnaire, le directeur cherche les solutions d’adaptation « On ne peut pas jouer sur notre prix de vente car ce n’est pas nous qui fixons le tarif d’une cure. Pour Royatonic ce sont nos clients qui dictent les tarifs. Aujourd’hui on est à 22 euros l’entrée bain et 50 euros en moyenne pour les soins. On sait qu’il y a de la demande, mais on sait aussi que les clients ont des contraintes de pouvoir d’achat… donc on « gratte » un peu partout. Par exemple le soir, on bâche les bassins comme le font les particuliers sur leur piscine pour éviter le refroidissement. Quand il faut remonter de 3 ou 4 degrés le bassin extérieur, avec l’inertie et le volume d’eau que l’on a, cela coûte entre 800 et 1 000 euros d’énergie. Nos équipes ont compris cette nécessité de ne pas vouloir gagner de l’argent partout, mais d’avoir une rigueur de gestion pour assurer le meilleur service client et créer des conditions de travail qui soient agréables et confortables.

Retard sur les travaux

Annoncés fin 2020, quand la mairie de Royat a confié la DSP, (délégation de service public) à Valvital, le groupe thermal avait présenté un ambitieux projet de relance de 31,5 millions d’euros pour la station et Royatonic avec l’idée de reprendre le leadership sur le thermalisme auvergnat. 3 ans plus tard, les travaux n’ont toujours pas démarré. Le projet rencontre des difficultés techniques liées à la géologie et aux sources proches. La zone est également classée zone inondable ce qui ajoute des contraintes. Enfin, la crise et la flambée du prix de la construction se sont invitées dans la partie. Aujourd’hui l’équation est simple : 6 000 curistes au lieu de 8 000 avant le Covid, soit un 1/4 de chiffre d’affaire perdu, un projet dont le chiffrage actuel est passé à 42 millions et des taux bancaires qui sont remontés de 1 à 4%, on comprend aisément que le groupe Valvital reprend sa copie à la baisse. La partie « premium » du projet va sans doute faire les frais de la conjoncture ce qui inquiète la Mairie qui attend d’avoir un bel établissement malgré tout. Le programme n’est pas pour autant arrêté, il doit être retouché pour répondre aux attentes de tous. Les thermes vieillissant sur le plan techniques vont devoir tenir encore quelques temps. Point positif cependant, le travaux prévus à Royatonic sont annoncés pour 2025 et le centre devrait offrir de belles améliorations sur l’accueil, au moment où les bus-tram électriques du projet InspiRe transporteront les usagers jusqu’à la place Allard.