Bernard Laporte en aura fait des choses au cours de sa vie : l’ancien demi de mêlée champion de France avec Bègles-Bordeaux, s’est mué en entraîneur de l’équipe de France de rugby puis du grand Toulon avant de devenir ministre des sports de Nicolas Sarkozy puis de viser et d’obtenir la présidence de la Fédération Française de Rugby. On suppose que d’autres défis attendent encore ce meneur d’hommes. Mais pour l’heure, il est tout entier tourné vers son maintien à la tête du rugby français dans la perspective des prochaines élections fédérales du 3 octobre. L’avantage est dans son camp malgré une gestion fortement contestée et quelques dossiers « chauds ».
Des licenciés en chute libre
Face à Laporte, et son inséparable Serge Simon, la liste emmenée par Florian Grill, président de la Ligue de rugby d’Ile-de-France, mène campagne et visite les provinces ovales. Ici dans le Tarn et les Charentes Maritimes, là dans le Vaucluse ou le Var, sans oublier la Corrèze … C’est qu’il faut rallier à soi un maximum de petits clubs et de comités afin de tirer son épingle du jeu. Dans le squad composé autour de Florian Grill (il comprend Serge Blanco, Jean-Claude Skrela et Fabien Pelous), le Clermontois Jean-Marc Lhermet joue un rôle important, celui de vice-capitaine ou de bras droit. L’ancien joueur, toujours directeur du développement de l’ASM Clermont Auvergne, mouille le maillot. La liste « Ovale Ensemble » reproche à l’équipe de Bernard Laporte une gestion catastrophique, des pertes importantes en terme de licenciés (-54.000 licenciés en trois ans) et une situation financière de la fédération qui s’est dégradée. Sans oublier une dérive autoritaire et une image détériorée alors qu’on louait, il n’y a pas si longtemps, les fameuses « valeurs » du rugby. Que sont-elles devenues ?
Le calendrier en question
Florian Grill, Jean-Marc Lhermet et leurs partisans plaident justement pour restaurer l’identité du jeu et améliorer l’image. Ils entendent aussi « rassembler la famille rugby » tout en veillant sur la santé des joueurs. Leur programme s’appuie sur une meilleure proximité avec les clubs, le monde scolaire et universitaire. Reste que dans cette course, où l’on ne se ménage guère, le tenant du titre reste le favori, ne serait-ce que parce qu’il dispose des manettes…
L’élection se joue sur fond d’antagonisme très fort entre la fédération et la Ligue Nationale de Rugby, qui représente les clubs professionnels. Mais aussi à un moment où, au plan international, hémisphère sud et hémisphère nord ne sont pas la même longueur d’onde dans une tentative de réforme du calendrier. Bref, le rugby n’en finit pas de régler ses compte, entre gifles et marrons. A force de nager en eaux troubles, il pourrait finir par boire la tasse…
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