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Sur la grille de départ, Beltoise (n°21) est aux côtés d'Ickx (n°10), auteur de la pole position.
Histoire Sports

Charade 70, il y a cinquante ans…

Le 5 juillet 1970, le circuit clermontois accueille le troisième Grand-Prix de France de Formule 1 de son histoire. Les héros du jour s'appellent Rindt, Ickx, Beltoise ou encore Amon.

C’est un beau documentaire, produit en 2010 par la BBC, qui porte le nom de Grand Prix : the killer years. Au beau milieu d’images de courses, mais aussi d’accidents dramatiques, des rescapés de l’âge d’or et de sang de la course automobile, dont certains ont disparu aujourd’hui, témoignent sur les risques alors encourus. Jackie Stewart, qui porta le flambeau de la sécurité en créant le GPDA (Grand Prix Drivers Association), Jacky Ickx, John Surtees ou encore Tony Brooks et Jackie Oliver reviennent sur un temps où la mort rôdait au détour des virages et où les voitures s’embrasaient régulièrement en cas de choc.

L’année 1970 n’a pas dérogé à la règle qui prévalait alors. Lorsque le cirque de la Formule 1 installe son chapiteau sur le circuit de Charade au tout début du mois de juillet, il vient de perdre Bruce Mac Laren, tué lors d’un essai d’un prototype Can Am à Goodwood. Et tout juste deux semaines avant le Grand-Prix de France, l’Anglais Piers Courage (28 ans) a péri dans les flammes de sa De Tomaso, doté d’un châssis en magnésium, sur le circuit de Zandvoort, tracé entre les dunes de sables, le long de la Mer du Nord. Comme d’habitude, dans ce genre de situation, la course a continué. The show must go on…

Une Lotus en avance sur son temps

La Lotus 72 de Jochen Rindt- photo D.R.

Novatrice, presque révolutionnaire, la Lotus 72, imaginée par Colin Chapman, plane en cette saison 1970. Avec son profil en forme de coin, ses radiateurs latéraux, ses freins à disque embarqués, sa faible masse non suspendue ou encore ses barres de torsion à progressivité variable, elle a été conçue pour tirer la quintessence des pneus Firestone à gomme tendre. Cette Formule 1 est si en avance sur la concurrence que Lotus l’utilisera durant six saisons… Et pour la conduire, Chapman s’est tourné vers un pilote unanimement reconnu pour sa vélocité et son agressivité, l’Autrichien Jochen Rindt (28 ans) qui, toutefois, ne comptait pas de victoire en F1 avant de débarquer dans l’équipe britannique en 1969.

Les essais chronométrés, disputés le samedi 4 juillet, par une journée ensoleillée, montre un regain de la Scuderia Ferrari. Grièvement blessé en Espagne (il est resté près de 30 secondes prisonnier des flammes de sa monoplace harponnée par la BRM d’Oliver), Jacky Ickx est le plus rapide lors des deux séances d’essais, établissant un nouveau record de la piste en 2’58’’22. La jolie Ferrari 312B  du Belge précède la Matra du Français Beltoise. Amon et Stewart, tous les deux sur March, occuperont la deuxième ligne, précédant Brabham et Rindt, seulement sixième, puis  Hulme et Pescarolo, Peterson et Rodriguez. La seconde Ferrari (Giunti) pointe seulement au 11e rang. Quant au jeune Français François Cevert, nouveau venu dans l’écurie de Ken Tyrrell, il est 13e.

Ickx et Beltoise au départ- photo D.R.

La malchance d’Ickx et de Beltoise

80.000 spectateurs se sont massés au long des 8 kilomètres de la piste, ce dimanche 5 juillet. Lorsque le drapeau s’abaisse, à 15h, par un temps couvert, Jacky Ickx s’envole, suivi immédiatement par Beltoise, les deux hommes reprenant ainsi leur duel entrepris un an auparavant. Le Belge, toutefois, semble parti pour dominer. Le maître incontesté du Nurburgring ne peut que se sentir à l’aise sur le tracé clermontois, il prend ses distances, mène jusqu’au 15ème tour avant que son moteur ne faiblisse puis rende l’âme…

Ce sera peut-être le jour de Beltoise pour le plus grand plaisir du public ? Mais non, dix tours plus tard, c’est au tour du Français de connaître des ennuis. Et voilà Jochen Rindt, pourtant victime de nausées, solidement installé en tête et parti pour une victoire un peu heureuse qui pèsera lourd au décompte final du championnat du monde. A Clermont, Chris Amon et Jack Brabham l’accompagneront sur le podium, tandis que Hulme, Pescarolo et Gurney se contenteront des places d’honneur.

Ickx domine mais sera victime de son moteur- photo D.R.

A titre posthume

Deux mois plus tard, précisément, Jochen Rindt se tuera lors des essais du Grand-Prix d’Italie à Monza, perdant le contrôle de sa Lotus 72 juste avant la Parabolica. Une défaillance du système de frein sera évoquée et aussi l’extrême fragilité des monoplaces conçues par Colin Chapman. Quelques semaines auparavant, le pilote autrichien avait envoyé une lettre au célèbre ingénieur et créateur de Lotus, lui faisant part de son inquiétude : «  je peux uniquement piloter une voiture dans laquelle j’ai confiance et je sens que le point de non-confiance est assez proche » écrivait-il. Rindt deviendra le seul champion du monde de F1 couronné à titre posthume. Jacky Ickx, en effet, échouera de cinq points, soulagé de ne pas remporter le titre dans de telles dramatiques circonstances.

Jackie Stewart seulement neuvième sur la March Ford- photo Paul Lutz- Agissons pour Charade.

 

Lire aussi les articles  :

Jean-Luc Salomon, l’étoile filante  et
 Charade, 6 juillet 69.   

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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