Le milieu de terrain Johan Gastien, apparaissant résigné dans ses commentaires d’après-match, a parfaitement décrit l’état d’esprit d’une équipe qui peine à retrouver le chemin de la victoire.
Le match a été marqué par un excès de déchets techniques, des choix douteux en attaque et un manque flagrant d’intensité de la part des Clermontois, des lacunes qui ont une fois de plus exposé le fossé séparant Clermont des standards du haut niveau français.
« On leur donne le but, on perd des ballons bêtes, on n’est pas intelligent dans ce qu’on fait » se lamentait Gastien, ajoutant qu’il y avait forcément un blocage qui se faisait dans la tête quand on était dernier. On comprend, à demi-mot, que, pour les joueurs, il devient difficile de continuer à croire en la possibilité de maintien quand tout semble jouer contre l’équipe.
En tout état de cause, ce résultat laisse Clermont languir au bas du tableau, et la prestation d’ensemble suggère que les espoirs de survie en Ligue 1 s’amenuisent match après match.
Alors que la fin de saison approche, Clermont doit radicalement améliorer (et simplifier) son jeu s’il veut éviter la relégation, mais les signes de progression sont minces et le temps presse pour l’équipe de Pascal Gastien et Sébastien Bichard.
Ces erreurs systématiques qui hantent le jeu de l’équipe
Car dans le jeu, le match nul de ce dimanche au Stade Gabriel Montpied entre le Clermont Foot 63 et le Montpellier HSC a encore une fois exposé les carences persistantes qui hantent l’équipe clermontoise cette saison en Ligue 1.
Malgré un score qui suggère une certaine parité, les statistiques du match révèlent des faiblesses récurrentes empêchant Clermont de capitaliser sur ses occasions.
La principale source de frustration pour Clermont a été son incapacité à convertir des situations en véritables occasions de buts, comme l’indique un xG de 1.49 qui chute dramatiquement à 0.7 en excluant le penalty.
Les situations n’ont pourtant pas vraiment manqué, mais elles ont été régulièrement gâchées par des erreurs techniques : mauvais choix, contrôles imparfaits, passes imprécises ou frappes manquées (quand frappe il y a eu…).
D’autre part, le goals prevented souligne que le gardien clermontois a été, encore une fois, le joueur le plus décisif du match, un indicateur de la facilité avec laquelle les adversaires parviennent à mettre en péril la défense de Clermont.
La situation aurait même pu être plus grave si Wahbi Khazri avait capitalisé sur une chance en or en fin de match, soulignant une fois de plus la fragilité défensive de Clermont.
Le momentum de la seconde mi-temps a cependant illustré une tendance : malgré une avance au score, Clermont n’a pas réussi à sécuriser le match contre une équipe de Montpellier qui, bien qu’accusant le coup après avoir eu la possession en première mi-temps, a pu renverser la vapeur.
Car, comme attendu, en conservant le ballon durant la seconde mi-temps, le CF63 s’exposait à l’art du contre Montpelliérain… Et cela n’a pas manqué.
Comme nous l’avions anticipé dans notre article d’avant-match, c’est d’un contre venu du côté droit qu’est arrivé le salut des Héraultais. Le marquage des clermontois, obnubilés par le ballon, laissant, encore une fois, à désirer.
Ces problèmes répétitifs sapent le moral de tous et rendent la tâche de maintien en Ligue 1 de plus en plus insurmontable pour Clermont.
Brouhaha tactique, silence statique
Le Clermont Foot 63 avait opté pour un 4-3-3 dans l’espoir de revitaliser son entre-jeu face à Savanier tout en permettant à Gastien d’être plus libre d’orienter le jeu avec de longs ballons mais le résultat a été peu concluant.
Ce système a mis en lumière des faiblesses structurelles et tactiques qui ont coûté cher, notamment dans l’utilisation de l’espace et l’équilibre entre les côtés du terrain.
D’abord, la couverture du terrain a été insuffisante dans la profondeur. Et les joueurs, trop statiques comme souvent, n’ont pas, non plus, exploité la largeur. Crucial pourtant… Surtout contre une équipe de Montpellier connue pour ses difficultés à défendre les attaques latérales.
Le déséquilibre entre la droite et la gauche a aussi été flagrant. Neto Borges a semblé réticent à pousser ses montées, probablement peu confiant dans la couverture proposée par ses partenaires. Cela a limité ses contributions offensives au minimum, bien que son implication sur le penalty ait montré ce qu’il pouvait apporter sans cette retenue.
À l’opposé, Zeffane, positionné plus haut sur le flanc droit, n’a pas non plus réussi à être décisif, perdant souvent ses marquages en défense et n’apportant pas le surplus offensif escompté pour lequel il a parfois dû être suppléé par Magnin.
Au milieu, la position très reculée de Johan Gastien, bien qu’intentionnelle pour orchestrer le jeu depuis une position basse, n’a pas été compensée par l’activité de ses camarades.
Magnin et Keita ne se proposant pas assez dans le jeu court et le duo Cham-Rashani n’ayant pas su offrir les mouvements nécessaires pour dynamiser l’attaque en jeu direct.
Leur alignement plat a symbolisé une incapacité à perturber l’organisation défensive de Montpellier, réduisant les tentatives clermontoises à des actions prévisibles et facilement contrables.
En attaque, l’isolement de l’avant-centre a continué de poser problème, un mal récurrent peu importe le schéma tactique employé.
Ce détachement entre l’avant-centre et le reste de l’équipe souligne un manque de cohésion et de soutien, rendant chaque tentative offensive non seulement stérile mais aussi frustrante pour l’attaquant chargé de convertir.
Car ce qui frappe, au-delà des résultats décevants, c’est la faible capacité de l’équipe à se mettre au service d’un système tactique de manière collective.
Chacun jouant un solo dans brouhaha tactique informe.
C’est pour cela que l’évaluation post-match des joueurs du Clermont Foot 63 dans leur nul contre Montpellier révèle un contraste frappant entre les impressions subjectives et les statistiques individuelles objectives.
C’est probablement ce qui fait aussi dire à Pascal Gastien que ses joueurs avaient fait le maximum. Individuellement, oui probablement, mais collectivement, la question se pose…
Impressions Subjectives
Diaw, Gastien, Pelmard : Visuellement, ces trois semblaient être les piliers de Clermont, avec des interventions clés et une influence notable sur le jeu. Diaw a été rassurant dans les buts avec plusieurs arrêts cruciaux, Gastien a couvert de vastes portions du terrain en contribuant tant offensivement que défensivement, et Pelmard a été solide en défense malgré les assauts répétés de Montpellier.
Neto Borges, Rashani, Magnin : ce trio a eu des moments de brillance entrecoupés d’erreurs. Neto Borges et Rashani ont alterné entre des percées offensives prometteuses et des pertes de balles qui auraient pu coûter cher, tandis que Magnin a lutté pour imposer sa présence dans le milieu, réussissant toutefois à lier quelques bonnes passes et débordements.
Virginius, Cham, Keita, Matsima, Zeffane : à l’œil nu, ces joueurs ont paru dépassés, commettant erreurs sur erreurs — mauvais contrôles, choix douteux, et duels perdus. Leur soirée a semblé longue et pénible.
Réévaluation à travers les statistiques
Matsima a été statistiquement aussi performant, sinon plus, que Pelmard. Malgré une impression générale moins favorable, ses interventions défensives et son taux de passes réussies le placent en réalité au-dessus de son coéquipier en termes d’efficacité et de contribution.
Zeffane comparé à Neto Borges montre un tableau statistique plus favorable, malgré une perception moins impressionnante sur le terrain. Il s’est avéré avoir une meilleure précision dans ses passes et une participation défensive plus constante (sur le côté faible du MHSC).
Keita et Cham, bien que visuellement moins convaincants, n’ont pas nécessairement été aussi mauvais que perçu.
Keita a, contre toute attente, contribué positivement avec des passes clés et des tentatives de but, et Cham, malgré des ratés visibles, a joué un rôle dans la construction des attaques et dans le pressing haut.
Ces dissonances entre les impressions visuelles et les performances mesurées par les statistiques illustrent la complexité d’évaluer les joueurs uniquement sur la base de l’observation directe, soulignant l’importance des données pour une analyse complète.
Pour Clermont, qui lutte contre la relégation, comprendre où les perceptions ne rencontrent pas la réalité pourrait être clé dans leur quête de points lors des prochains matches.
Clermont – Montpellier : Le détail des statistiques individuelles
Mory Diaw a confirmé son rôle de dernier rempart crucial pour Clermont avec cinq arrêts significatifs et un ‘goals prevented’ de 0.69, soulignant son impact positif malgré le but encaissé. Son retour a été marquant, Diaw se positionnant comme le meilleur élément clermontois du match grâce à ses interventions décisives.
Andy Pelmard, ayant touché le deuxième plus grand nombre de ballons du match (83), a brillé particulièrement dans la relance, affichant une performance solide même si sa contribution défensive fut plus modeste avec seulement cinq interventions. Il a également été efficace dans les duels, en remportant trois des cinq tentés.
Chrislain Matsima, au cœur de la défense, a été le plus actif défensivement avec onze interventions. Malgré un taux élevé de passes réussies (94%), son échec lors de l’action qui a mené à l’égalisation de Montpellier tâche sa feuille de match. Il a cependant réussi la moitié de ses duels, démontrant une présence importante malgré cet accroc.
Neto Borges a rencontré des difficultés, comme en témoignent les deux dribbles subis et seulement trois duels remportés sur huit. Sa performance a été inégale, bien qu’il ait été crucial en provoquant le penalty qui a donné l’avantage temporaire à Clermont, illustrant un paradoxe entre ses contributions défensive et offensive.
Mehdi Zeffane s’est distingué par son engagement, réalisant le plus grand nombre de tacles du match (5) et en étant impliqué dans de nombreux duels (11 tentés, 7 gagnés). Son apport offensif fut notable avec deux passes clés, bien que sa précision dans les centres ait laissé à désirer (seulement 25% de réussite).
Johan Gastien s’est illustré comme le métronome de Clermont, touchant plus de ballons que quiconque sur le terrain avec 98 interactions. Il a dominé défensivement avec cinq interceptions et a été efficace en duel, en remportant deux de ses trois tentatives. Son jeu de passes a été précis avec 84% de réussite, incluant une performance acceptable sur les longs ballons avec plus de la moitié réussis (8 sur 15), consolidant son rôle de pivot central dans l’organisation du jeu clermontois.
Habib Keïta a été tout aussi vital au milieu de terrain, avec une présence notable dans les duels où il a remporté la majorité (7 sur 12). Sa contribution défensive inclut également sept interventions, et il a maintenu une qualité de passe élevée avec 90% de réussite, bien qu’il aurait pu être plus influent dans la création d’occasions offensives.
Yohann Magnin a également prouvé son engagement en gagnant la plupart de ses duels (4 sur 6) et en multipliant les actions défensives avec sept interventions. Il a affiché une précision de passe louable à 87%, réussissant notamment dans le jeu long où il a converti quatre de ses cinq tentatives. Cependant, son impact offensif direct a été limité, soulignant un besoin d’amélioration dans ce domaine pour aider son équipe à convertir la possession en occasions de but plus menaçantes.
Elbasan Rashani a montré des signes de l’agressivité qui le caractérise, impliqué dans 16 duels et tentant cinq dribbles, remportant respectivement la moitié et deux de ces tentatives. Il a également réalisé cinq interventions défensives, un nombre impressionnant pour un ailier. Toutefois, son influence offensive a pâli, sans créer de passes décisives et manquant une occasion claire, signe d’une confiance peut-être érodée.
Muhammed Cham, habituellement un pivot dans le jeu clermontois, a eu du mal ce dimanche. Avec seulement deux duels gagnés sur sept et une intervention défensive, sa contribution a été limitée. Il a perdu un nombre conséquent de ballons (11), malgré une précision en passes remarquable (91%). Son rendement dans les moments clés n’a pas atteint l’impact escompté, avec une seule passe clé à son actif.
Alan Virginius a touché peu de ballons (17) et a eu du mal à s’imposer, en perdant la majorité (10) de ces derniers. Dans les duels, il a également été moins performant, remportant seulement deux de ses sept tentatives. Son apport offensif a été quasi inexistant, avec une seule tentative de dribble réussie et une faible précision de passes, reflétant une performance généralement insuffisante.
Les remplaçants, souvent attendus pour revitaliser le jeu, n’ont pas inversé la tendance, avec peu d’impact notable. Bilal Boutobba, cependant, a su tirer son épingle du jeu dans les minutes limitées à sa disposition, réussissant quatre duels sur cinq et créant une occasion de but, ce qui a légèrement relevé le niveau d’une équipe en manque de solutions.
Alors que mathématiquement, la survie reste possible, la répétition des mêmes erreurs match après match fait peser lourdement la menace d’une relégation inévitable si une solution n’est pas trouvée rapidement.
Ce que ce match a mis à jour, peut-être encore plus que d’habitude, c’est l’incapacité tactique chronique de cette équipe qui semble être une somme de joueurs plus qu’une équipe et qui “ne sont pas intelligents dans ce qu’ils font” sur un terrain depuis le début de saison.
Non pas qu’ils ne soient pas capables de l’être, mais probablement car ils n’accordent les violons que pour les matchs de gala. A moins que cela ne vienne de consignes peu à propos ou d’un système de jeu trop complexe ou bancal.
Le mot de la fin revient à Johan Gastien : “On doit gagner ce match 1-0 et puis Basta ! C’est comme ça que ça aurait dû se passer !”
Nous ne pouvons que valider…
Voir la conférence de presse d’après-match
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