Philippe Thivat : Tu as été le premier entraîneur de l’équipe de France féminine lors d’un match international ?
Jacky Leterre : Oui, effectivement, cela remonte à plus de 40 ans. Cela se passait à Utrecht entre la France et les Pays-Bas avec des filles de Romagnat dans l’équipe. Nous avons fait le trajet en bus pour cet événement historique pour le rugby féminin qui s’est soldé par une victoire. Je me souviens que tout avait été très bien organisé et que l’accueil avait été de très bonne qualité.
P.T : Aujourd’hui, le rugby féminin ne cesse de se développer, quel est ton avis à ce sujet ?
J.L : C’est une très bonne chose. Aujourd’hui nous retrouvons pas mal de filles dans les écoles de rugby et dans le cadre scolaire. Mélangées aux garçons, les filles se différencient, car elles son plus aguerries et réfléchissent davantage dans le jeu qui est proposé.
« Favoriser le jeu d’évitements »
P.T : Dans l’Allier, des clubs comme Commentry et Lapalisse sont en avance à ce sujet, d’autres comme Gannat, Cusset, Moulins, Vichy et Montluçon s’y mettent aussi. Il faut structurer tout cela ?
J.L : Oui, il est important de structurer cet engouement pour le rugby féminin. Par rapport au développement du rugby que nous observons dans les écoles, il y a de plus en plus de filles qui trouvent leur place. Il faut par la suite les accompagner dans les clubs et aider ces derniers dans leur volonté de soutenir ce rugby féminin. La pratique de ce sport voudrait que nous incitions les filles à plus déplacer le ballon qu’elles ne le font déjà. Il ne faut pas que l’affrontement prenne le pas sur ce jeu d’évitements.
P.T : L’ASM Romagnat Rugby Féminin est un club qui aide également à ce développement du rugby féminin en misant sur la formation ?
J.L : Il y a une attirance qui se fait naturellement puisque les meilleures joueuses qui sont dans l’Allier ou dans le Puy de Dôme sont repérées et mises dans des conditions favorisant la pratique du haut niveau du rugby puisque ce club excelle dans la formation. Avec des coachs que je connais bien et qui ont une réflexion très intéressante sur le rugby.
« Le mot « collision » effraie les parents »
Philippe Thivat : Actuellement, tu entraînes le club d’ Aigueperse en régionale 3. Comment cela se passe-t-il ?
Jacky Leterre : J’entraîne le club d’Aigueperse depuis 2 ans maintenant. Nous sommes sur la deuxième phase de championnat en challenge. Cela ne se passe pas trop mal ; nous occupons la 4e place, tout en que nous avons quelquefois des soucis d’effectif. C’est compliqué de tout maîtriser entre les entraînements (2 à 3
fois/semaine) et la disponibilité des joueurs. À l’heure actuelle, il est difficile d’attirer l’attention chez les jeunes envers ce sport qui demande un certain engagement.
P. T : Quels sont tes projets pour ce club d’Aigueperse ?
J. T : L’idée est que les joueurs prennent un maximum de plaisir dans ce jeu de mouvements qui se veut de vite déplacer le ballon. C’est aussi l’occasion de passer et de partager du temps avec les copains dans un espace de convivialité et de solidarité. L’objectif est aussi d’attirer de jeunes joueurs. Il faut faire attention également au vocabulaire employé dans le rugby comme le mot « collision » qui peut effrayer certains parents. Il faut arriver à dédramatiser tout cela. Le rugby chez les jeunes et dans les petites séries doit rester un sport d’évitements.
« Les frères Boniface ont amélioré le jeu de passes »
P.T : Tu interviens également sur le club de Vichy ? Peux-tu expliquer ton rôle ?
J.T : Le club de Vichy m’a demandé de venir m’occuper de l’Entente Vichy Val d’Allier qui regroupe les jeunes de Saint-Yorre, Lapalisse, Cusset et Vichy. C’est un ensemble où nous retrouvons les U14, les U16 et les U19. Avec 3 ou 4 entraîneurs formés par catégories, ce qui est très intéressant. En U14, il y a des 5 ou 6
jeunes filles qui jouent à ce niveau là en championnat régional. Mon rôle est de coordonner les entraîneurs, de faire de la formation en interne, de les manager, de les suivre sur les terrains le samedi et de les conseiller. Le plus important est d’essayer de trouver une synchronisation et une culture qui correspond aux 3 catégories.
P.T : Pour conclure un petit mot sur la disparition d’André Boniface, véritable légende du rugby Français ?
J.T : Les frères Boniface, Jo Maso contre lequel j’ai joué, tous ces rugbymen étaient mes idoles. Les frères Boniface sentaient le jeu, avec beaucoup de mouvements et de passes. Ils ont contribué à améliorer les passes après contact et les passes longues aussi. Ils avaient une intelligence de jeu reconnue et en plus, c’étaient des garçons très courtois, très gentils et qui appréciaient de partager et de parler des moments de rugby.
Commenter