Inauguré en 1899, le pont de Dallet était fermé pour travaux depuis le début de l’année 2023. Constitué de piles maçonnées et d’une structure métallique très en vogue au XIXe siècle, l’édifice avait sérieusement besoin de soins et d’entretien. Voutains dégradés, corrosion de la structure porteuse, rivets sectionnés ou manquants, étanchéité de la chaussée…  figuraient sur la liste des travaux à entreprendre. malgré une première restauration à l’occasion de son centenaire en 1999.
Comme celui du pont de Cournon, le projet de réhabilitation du pont de Dallet s’est inscrit dans une politique globale d’aménagement cyclable, selon la volonté du Conseil départemental du Puy-de-Dôme qui souhaite adapter son réseau routier aux besoins actuels de mobilités douces et au développement touristique.
Ainsi, deux voies dédiées et séparées de la chaussée ont été imaginées afin de permettre, en plus de la voie piétonne, un passage de la Via Allier, prolongeant ainsi le réseau cyclable départemental, connecté à celui de Clermont Auvergne Métropole.

Le meilleur des technologies employé pour le pont de Dallet

Deux encorbellements de deux mètres ont ainsi été créés de part et d’autre du pont, à l’extérieur des poutres treillis pour accueillir les cyclistes et piétons en toute sécurité. Le reste du pont a été restauré pour un montant total de 6 Millions d’euros cofinancé par le département, l’Union européenne et de l’État. Afin de respecter les méthodes de construction d’origine, le rivetage à chaud a été utilisé pour remplacer les rivets manquants ou abîmés. Deux équipes ont travaillé en simultané sur deux sections différentes afin de mener le chantier rapidement. La pose d’un échafaudage suspendu a d’ailleurs été nécessaire pour mener les opérations de démolition et de peinture au-dessus de l’Allier.
Malgré tout, le chantier a duré 4 mois de plus que prévu initialement, car la démolition complète du tablier a fait apparaître un état plus dégradé que prévue. De nombreuses réparations supplémentaires ont dû être réalisées en plus de la reconstruction, du renforcement, du décapage et de la peinture de la structure métallique. Le nouveau tablier a été réalisé en béton fibré ultra-hautes performances une première dans le département. Ce nouveau matériau 4 fois plus solide que le béton standard a rendu l’ouvrage plus léger et compensé le poids supplémentaire des encorbellements.
Au total, pour remettre ce pont de 152 mètres à neuf, 91 pièces ont été remplacées, et 5644 rivets et 1 km de garde-corps  ont été posés. Le total représente 8,6 tonnes d’acier de renfort et les 3 830 m² de métal ont été recouverts de peinture verte comme à l’origine.

Quand la patience finit par payer

L’histoire du bourg de Dallet remonte à l’âge du bronze ancien, il y a 4.000 ans. Mais les habitants ont dû composer très très longtemps avant de pouvoir franchir l’Allier sur un ouvrage en dur, puisque le pont métallique fut le premier édifié sur la commune. Jusqu’alors, les Dalletous et les Dalletouses devaient traverser la rivière Allier sur un bac, en réalité une grande barque à fond plat de 17 mètres, guidée par une corde, pouvant transporter jusqu’à quatre voitures attelées.
Pour traverser, il convenait souvent d’attendre longtemps notamment en période de vendange et prendre des risques quand l’Allier était en crue.
En 1862, une pétition fut envoyée à l’Empereur pour obtenir la construction d’un pont, mais il fallut encore composer avec 30 ans de démarches et de négociations. En 1893, la population fut interrogée par voie de référendum. Tous les habitants votèrent en faveur du projet sauf une seule personne.
Les deux piles en pierre de Volvic du pont furent édifiées de juin 1897 à septembre 1898 puis vint le lancement de la structure métallique. Monté sur la rive, le tablier fut installé en une journée à peine. La poutre de 150 mètres et de 230 tonnes fut poussée dans le vide par 16 hommes seulement qui le mirent en place grâce à un ingénieux système de rouleaux et de leviers. L’inauguration eut lieu le 30 juillet 1899 en grande pompe.
Le pont résista à la grande crue de 1943 et se montra durable jusqu’à sa première restauration. En revanche, dès la fin des années 60 sa voie unique ne permettait plus d’absorber le flot de véhicules de la principale liaison Clermont-Thiers. Le second  pont fut construit en 1972, redonnant au « vieux pont » son rôle dans la desserte locale.