Le projet InspiRe et ses lourds travaux sont une véritable bénédiction pour l’archéologie. Les sondages et les fouilles obligatoires pour les aménagements de voirie apportent régulièrement de précieuses informations sur le passé et l’évolution du territoire métropolitain. Après la mise à jour de la nécropole de la place Hyppolite Renoux dans le centre de Clermont, une équipe de l’INRAP d’une quinzaine de personnes travaille actuellement sur le sous-sol du parking Saint-Victor de Chamalières, où sera construit ultérieurement un parking silo. Il s’agit de la première fouille de grande ampleur sur la commune.
La périphérie d’Augustonemetum
L’histoire antique de cette zone est assez mal connue même si les vestiges des thermes romains, près du parking du casino ont été mis à jours et préservés depuis la fin du XIXe siècle. « On a mis à jour un quartier d’habitation au bord de la Tiretaine » explique Emmanuel Ferber, responsable scientifique et d’opération à l’INRAP. « Le site n’était pas forcement lié aux Thermes. Le mobilier céramique* que l’on a trouvé nous laisse penser que l’occupation date des premier et second siècle, peut-être du troisième. Au regard du mobilier, on est chez le commun des mortels, des gens ni très pauvres, ni très riches ». Cette zone d’habitation était en fait la périphérie d’Augustonemetum, placée sur la route qui menait au grand temple de Mercure. La présence de sources toute proches a été favorable au développement d’une petite agglomération sur la rive droite de la Tiretaine. Le présence de l’eau en revanche ne facilite pas le travail des archéologues qui doivent utiliser régulièrement des pompes de relevages pour vider les fosses qu’ils creusent pour accéder aux différents niveaux.
Faire avec les caprices de la Tiretaine
Si la présence de l’eau a permis le développement d’activités, les habitants de l’époque ont du composer avec le fait d’être en zone inondable. Leurs maisons ont du être réaménagées ou reconstruites à plusieurs reprises avec surélévation, soit par constructions de nouveaux murs sur les murs anciens soit en utilisant les nouvelles plateformes créées par les crues. « Ce quartier a été plusieurs fois reconstruit, probablement à la suite de crues et débordement de la Tiretaine » précise Emmanuel Ferber. « C’est assez exceptionnel pour nous de travailler sur des élévations qui parfois, peuvent atteindre deux mètres de haut. Sans doute ces surélévations permettaient de se mettre à l’abris de la crue suivante. Sur le terrain on a de tout mais la base des construction est de la roche basaltique, volcanique, liée avec du mortier. Pour les zones d’habitat, souvent, la base des murs qui est constituée de ce type d’éléments car ils résistent aux intempéries et très souvent, à l’époque romaine, la partie haute des murs est faite en terre, matériau pas cher que l’on trouve sur place ». Manifestement l’eau n’est pas seule responsable de la destruction des maisons, puisque les archéologues ont aussi mis à jour des poutres en bois dégradées et noircies par un incendie qui a touché au moins un bâtiment. « La chose assez courante à l’époque Romaine, puisque le chauffage est à base de cheminée. L’incendie n’est pas forcement lié à un ravage de barbares » précise le responsable d’opération.
Les fouilles révèlent un mystérieux bassin
Les fouilles ont également permis la mise à jour d’un bassin circulaire avec une rampe d’accès dans un très bel état de conservation et typique de la région « Ce un type de bassin reconnu à plusieurs exemplaires à Clermont et ses environs, dont on ne connait pas véritablement la fonction » explique Emmanuel Ferber « L’hypothèse qui est émise jusqu’à présent c’est qu’il s’agirait d’un égailloir pour détendre les tendons des chevaux lorsqu’ils ont beaucoup couru ou travaillé. On a fait des prélèvements pour trouver la présence éventuelle de phosphates, car les chevaux ont tendance à se soulager lorsqu’ils ont les jambes dans l’eau froide. Si l’on a des phosphates, c’est que des chevaux ont séjourné dans ce bassin et que c’est l’hypothèse à privilégier ».
Le chantier qui a débuté en novembre dernier se refermera le mois prochain, mais un autre ouvrira en juin pour découvrir ce qui se passait sur l’autre rive de la Tiretaine.
*en provenance de Lezoux
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