Voici la très belle histoire de Écho, un bureau made in Auvergne, à mi chemin entre la prouesse technique et l’œuvre d’art qui a enrichi la prestigieuse liste des biens du Mobilier national. Cette histoire illustre le savoir-faire hors du commun de deux PME auvergnates.
Matériau emblématique de la Chaîne des Puys
L’origine de l’aventure remonte à 2012, lorsque Céline Martinant rencontre Jean Sembel. À l’époque, elle est étudiante à l’École Supérieure des Métiers d’Arts d’Auvergne, passionnée par les transformations thermiques du minéral. Lui, dirige la société Andésite, installée depuis un demi-siècle à Mazaye, spécialisée dans l’extraction et la transformation de la lave. Elle est la seule à procéder à l’exploiter les trois pierres naturelles emblématiques de l’Auvergne : la lave de Volvic, la lave du Mont Dore et la lave de Chambois. De cette rencontre, naît un protocole de recherche révolutionnant les techniques traditionnelles d’émaillage et de la céramique avec pour ambition de créer une nouvelle matière et un champ d’application innovant en matière de décoration et de design. Cette hybridation de techniques d’émaillage, de céramique et d’usinage, transcende la beauté de la lave brute. Le travail de l’artiste révèle un veinage, un mouvement, des teintes, des textures, et une sensation particulière au toucher. Au bout de 8 ans de recherches, Céline Martinant finit par créer Un Air de Croûte Terrestre, le département artistique de l’entreprise Andésite.
La rencontre de deux entreprise d’excellence
S’employant à créer un bureau avec une plaque de lave en guise de plateau, Céline Martinant devait trouver un prestataire en capacité de fournir des pieds. Il fallait que l’entreprise soit naturellement à la hauteur des ambitions du projet. C’est à Nohanent qu’elle trouva le savoir-faire nécessaire auprès de l’équipe de MT Métallerie. Créé en 2015, à Nohanent par Tristan Barthomeuf et Mathieu Thinque, cette entreprise qui maîtrise toutes les facettes de la serrurerie et de la ferronnerie est capable de traiter des commandes variées en faisant appel, si besoin, aux membres de son réseau d’artisans. Cela lui permet d’associer des matériaux divers comme le verre, le bois, la pierre… élargissant le champ des possible,s mais en conservant une exigence esthétiques et artistique. Aujourd’hui la renommée de MT Métallerie a dépassé les frontières hexagonales.
Chaque pied de Echo pèse 27 kg
Devenu réalité, le bureau Echo est remarquable par le mélange de la lave et du métal. Chaque pied, d’un poids unitaire de 27 kg, est composé d’un empilement de laiton et d’acier, liaison inhabituelle pour ces matériaux initialement opposés. Pour donner l’aspect design à cet alliage, les pieds, dont l’embase a été torsadée d’un quart de tour, ont été patinés avec des nuances de bronze et de « canon de fusil » afin de trouver le meilleur accord avec le plateau en lave sombre de Céline Martinant. La réalisation de la seule partie métal du projet a nécessité 180 heures de travail.
Le bureau Echo, sélectionné pour être présenté lors du salon parisien Révélations 2022 a « tapé dans l’œil » du public mais aussi du représentant du Mobilier national qui en a fait l’acquisition. Fin décembre, Echo est parti pour Paris sous l’œil de ses créateurs forcément fiers de savoir qu’un jour, il deviendra peut-être… le bureau d’un ministre. Compte-tenu de l’accueil du public, ce bureau initialement produit pour être un exemplaire unique, sera finalement décliné en une série de 5 pièces numérotées, réalisées selon le même procédé.
À propos du Mobilier national
Le Mobilier national crée ou restaure plusieurs dizaines de milliers de meubles et objets destinés à l’ameublement et au décor des édifices publics en France et à l’étranger. Cette établissement public, rattaché au ministère de la Culture, est l’héritier du Garde-meuble de la Couronne et du Garde-meuble impérial. Il possède et gère 130.000 biens, des meubles, mais aussi des pendules, des lustres et autres textiles historiques. Ils sont répartis dans trois catégories : les biens culturels de valeur, dédiés à l’ameublement des résidences de L’État, les biens culturels patrimoniaux, essentiellement destinés à l’exposition au public dans les musées châteaux et enfin, les objets usuels, servant à l’ameublement de confort. Leur conservation est placée sous la responsabilité d’un directeur des collections et des inspecteurs qui ont en charge de les inventorier, les conserver, les suivre et les restaurer.
Le Mobilier national qui soutient les métiers d’art et de la création depuis le XVIIe siècle a pour mission « d’assurer la conservation et la restauration de ses collections uniques au monde, de perpétuer et de transmettre des savoir-faire exceptionnels ». Cette institution est également un acteur important de la création contemporaine et de la promotion des arts décoratifs à la française. Plus de trois cent quarante femmes et hommes œuvrent au quotidien à entretenir, à pratiquer et à mettre en valeur les savoir-faire d’excellence, dans plusieurs ateliers à Paris et en région.
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