Récemment, le MARQ a accueilli plusieurs invités de marque pour le vernissage de l’exposition Neige. À cette occasion, Cécile Dupré, la commissaire d’exposition et Sophie Vallon, représentante du musée d’Orsay, se sont exprimées sur cette exposition temporaire et les liens étroits entre le MARQ et le musée parisien.
Pour les 150 ans de l’impressionnisme, le musée d’Orsay prête à de nombreux musées de France des œuvres emblématiques de leur collection. Tous ces musées font partie du très fermé club 19 : un club regroupant les musées de France spécialisés sur les œuvres du XIXe siècle. Dans le but de faire le lien entre le musée d’Orsay et les collections du MARQ, une thématique a été mise en avant en une exposition : la neige. Ainsi, les tableaux La pie de Claude Monet et La neige de Charles-François Daubigny ont été prêtés par le musée d’Orsay. Choisie pour faire résonner les collections du MARQ et celle d’Orsay, cette thématique est notamment un clin d’œil au climat de la région. Divisée en quatre sections, l’exposition mélange les paysages à la campagne avec les bords de Seine, les paysages auvergnats et vues d’ailleurs.
Pour diversifier les paysages, le MARQ a obtenu les prêts d’autres musées pour présenter la neige sous différents aspects. Ainsi, le musée de Murol et le musée de Chamonix ont prêté plusieurs œuvres. Le musée clermontois a également mis en place un parcours musical, il sera donc possible, pour le public, d’observer les œuvres avec de la musique en fond, avec par exemple un morceau de Claude Debussy.
« Des grands moments d’émotions »
Comment avez-vous choisi les œuvres ?
Cécile Dupré : Je connaissais déjà certaines œuvres. Nous travaillons beaucoup avec les bases de données. Le musée d’Orsay a une base de données en ligne très belle, très qualitative avec beaucoup de commentaires d’œuvres et beaucoup de photographies. Après, je nuance mon propos, quand vous réservez une œuvre parce que vous l’avez vu dans une publication ou en ligne sur une base de données, ce n’est jamais la même chose que quand vous voyez l’œuvre en vrai. C’est vrai que quand on a ouvert les caisses au moment de l’installation, on a quand même eu des grands moments d’émotions parce que Daubigny en vrai n’a rien à voir avec Daubigny en ligne.
J’invite vraiment tout le monde à venir voir sur place les œuvres. Dans les musées, quand il y a une demande de prêt, les chargés de collections, les régisseurs, les chargés de conservation préventive vont voir les œuvres et vérifient l’état de conservation de l’œuvre pour s’assurer que l’œuvre peut voyager. Ce travail est fait en coopération avec le musée.
« Le musée d’Orsay est assez généreux en prêts »
Le musée d’Orsay prévoit-il dans les prochaines années de continuer dans cette optique-là ?
Sophie Vallon : Le musée d’Orsay est assez généreux en prêt, en dépôt, en partenariat pour des expositions. Avec cette événementialité des 150 ans, cela permet de donner une visibilité, un coup de projecteur à ces prêts, à un événement pour faire comprendre au public qu’on vit tous ensemble dans différents lieux un événement partagé. Cela donne à ces prêts une sorte de dénominateur commun. Ça marche assez bien parce que ça braque un double projecteur ; c’est un prêt du musée d’Orsay et c’est pour les 150 ans. Je pense qu’il y a des leviers en termes de date pour pouvoir organiser à nouveau une sorte d’événementialité pour faire circuler les collections. Les 40 ans du Musée d’Orsay seront fêtés en 2026, cela pourrait être une occasion.
« Une circulation des œuvres »
Quel est votre point de vue sur la décentralisation des œuvres d’art ?
S.V : La décentralisation existe depuis les années 80 avec Jack Lang et c’est très important mais c’est à un stade assez avancé. Des musées ont fleuri un peu dans toute la France. Je trouve qu’aujourd’hui le levier le plus intéressant en termes de décentralisation c’est peut-être cette circulation des œuvres. Quand on ouvre un musée, le risque désormais au-delà des questions écologiques en faisant sortir de terre un nouveau bâtiment ou en rénovant un autre est que cela ne soit pas pertinent.
Les gens viennent parce que ces œuvres-là sont présentes trois mois, mais ils reviendront parce qu’il y en aura d’autres. Peut-être pas d’Orsay, mais l’idée de faire circuler des événements, c’est ça à mon avis qui va permettre d’attirer le public. Au-delà des collections permanentes de chaque musée, cela crée des contrepoints et de donner envie au public de venir et de revenir à leur musée de proximité parce qu’il y a de formidables collections et des formidables expositions qui tournent parce que s’organise une circulation des œuvres que l’on a en France.
Exposition Neige au MARQ, du 8 mars au 30 juin 2024. Place Louis Detaix, Clermont. Arrêt T2C « Musée d’Art Roger-Quilliot »
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