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"Naked Island" (c) Heejeong Jeong. Vidéoformes 2024, salle Gaillard
"Naked Island" (c) Heejeong Jeong. Vidéoformes 2024, salle Gaillard
Culture

Vidéoformes, une autre vision du monde

La 39 édition du festival clermontois Vidéoformes a débuté cette semaine avec le temps des rencontres, alors que celui des expositions se prolonge. Gabriel Soucheyre a encore une fois rassemblé œuvres et artistes témoins de leur époque.

Depuis 40 ans, Vidéoformes est « un observatoire permanent des développements des arts contemporains hybrides et numériques et offre diverses possibilités de présentation, de production, de rencontres et de réflexion aux artistes, aux professionnels et au public ». Cette structure clermontoise permanente est présente sur le terrain international toute l’année en offrant un moment fort au sortir de l’hiver, son festival qui vient de débuter à Clermont
Cette 39e édition donne une fois de plus, l’occasion de constater que le temps des pionniers, avec les célèbres Nam June Paik et Bill Viola est bien lointain. Ce qui fut l’art vidéo en tant que tel est totalement intégré à l’art contemporain comme peut en témoigner Gabriel Soucheyre, directeur artistique.

 » Le Monde se numérise »

À la création de Vidéoformes, il y a  40 ans on parlait  festival d’art vidéo, aujourd’hui on parle d’arts hybrides
Gabriel Soucheyre : C’est une expression apparue il n’y a pas très longtemps mais qui correspond à une réalité. Le Monde se numérise de plus en plus et toutes les formes artistiques traditionnelles, c’est à dire le chant, la danse, le théâtre ont développé des nouvelles formes d’écriture grâce aux numérique. C’est pour cela que l’on parle de formes hybrides.

Du coup Vidéoformes a élargi son champ d’action
G. S : Oui puisque les artistes travaillent maintenant sur la sculpture, les performances sur scène,  l’intelligence artificielle… et toujours la vidéo.

Le festival Vidéoformes se déroule en plusieurs temps
G. S : Il y a trois temps :  le premier est celui des 4 journées avec les événements, les rencontres et la compétition avec la possibilité de rencontrer les artistes qui sont très accessibles. Il y a un lieu central à la Maison de la Culture où se trouve un restaurant d’art où l’on peut venir s’assoir et discuter avec eux. Le deuxième temps est celui de l’exposition. On a un public pour cela, un public très régulier. Des gens viennent parfois plusieurs fois voir une œuvre qui les touche particulièrement. Le troisième temps est celui de la mémoire. On édite un catalogue dans lequel il y a des photos des pièces présentées et aussi des textes qui vont un peu plus loin dans l’explication de la démarche de l’artiste.

Vidéoformes a été un événement précurseur dans le rapprochement des formes artistiques
G.S : Oui, on a été un peu les pionniers puisqu’on a rassemblé sur scène des gens qui travaillaient d’un côté l’image, et de l’autre côté le son. C’est une forme qui s’est développée, qui est devenu générale maintenant. On peut la montrer un peu partout. Vidéoformes est allé chercher des gens qui apportent quelque chose de nouveau, qui apportent du sens et de l’émotion. Ce travail est désormais très reconnu. On vient d’ailleurs de signer un contrat avec un festival en Corée, à Séoul, dont c’est la spécialité. On va codiriger ce festival avec les Coréens.

Une réflexion qui touche tout le monde

Les artistes que vous présentez sont tous finalement des observateurs du monde
G.S : Chaque artiste développe un univers qui lui est propre, mais là on atteint une réflexion qui touche tout le monde. On voit bien dans la création, le réchauffement climatique, les guerres, tout le chaos qui se met en place… cela fait peur au gens. Moi dans ce cas, je me retourne vers les artistes car ils ont souvent une vision qui va un peu plus loin. Soit ils nous font encore plus peur pour nous faire réagir, soit ils nous rassurent, soit ils nous aident à explorer et à comprendre les enjeux. En disant cela je pense à Philip K. Dick, l’auteur américain qui a écrit Blade Runner, Total Recall ou Minority report. J’avais lu, il y a trente an, un de ses livres dans lequel il racontait exactement ce qui s’est passé pendant le Covid, c’est à dire le confinement, l’interdiction d’aller dans les rues…

Vidéoformes accorde de l’attention aux rapports que la jeunesse entretient avec les images ?
G.S : Depuis toujours, on dit que les jeunes qui ne sont pas accompagnés subissent les images sans les comprendre et sans en mesurer les enjeux et c’est encore plus vrai aujourd’hui. C’est pour cela que Vidéoformes va à leur rencontre durant des interventions. Cette année on va aller à milleformes, un lieu pour les 0/6 ans en leur montrant des images adaptées, des images d’artistes qui pensent comme nous et qui sont bien différentes de ce qu’ils voient habituellement.

L’éducation à l’image doit aussi se développer dans les établissements scolaires ?
G.S : Oui c’est pour cela que l’on fait intervenir des artistes dans des classes et dans des établissements. Quand on touche des élèves, on touche aussi les parents, dans un établissement on touche le personnel, on fini donc par toucher tout le monde dans un village ou une ville… c’est bouleversant dans le bon sens du terme et cela fait changer les idées non seulement sur ce qu’est un artiste mais aussi sur la société et sur nos rapports les uns aux autres.

Festival Vidéoformes, du 14 mars au 31 mars 2024, divers lieux à Clermont. Cliquez ICI pour connaître la programmation

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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