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D. Touzé / Photo Dan Parigot
Photo Dan Parigot
Culture Week-End

L’ultime « L’ultime prétendante » : Dominique Touzé du Wakan Théâtre va réduire sa voilure

"L'ultime prétendante" pièce du Wakan Théâtre sera donnée une dernière fois ce weekend à la Cour des Trois Coquins à Clermont, marquant un tournant dans la carrière de Dominique Touzé. Le directeur artistique du Wakan Théâtre a décidé de ne plus travailler sur des grosses productions qui nécessitent de mobiliser tous les arts de la scène.

« Je ne prend pas ma retraite théâtrale mais je ne veux plus travailler sur des grosses productions qui nécessitent de l’argent public » : voilà en substance, ce que dit Dominique Touzé, à quelques jours de la première représentation de la pièce L’ultime prétendante.  « Cela fait 35 ans que je travaille dans le théâtre, j’ai monté une soixantaine de créations et j’avoue être lassé par la bataille incessante pour obtenir des financements. Alors je sors du jeu de l’institutionnel ». Le cocréateur et directeur artistique de la compagnie clermontoise le Wakan Théâtre ne va pas pour autant disparaître du milieu car il compte bien continuer à faire de la mise en scène et surtout jouer,  parce qu’il adore cela, mais uniquement sur des projets pour lesquels il n’aura pas à travailler sur la production. « A un moment, il faut savoir lâcher mais aussi transmettre. La transmission est au cœur de L’ultime prétendante, je l’ai conçue en forme de révérence ». Si Dominique Touzé avait prémédité son changement de rythme, son investissement pour le Wakan Théâtre n’en a pas souffert puisqu’il a demandé le renouvellement du conventionnement avec la Ville de Clermont jusqu’en 2024 et que ceux avec le département et la région sont en cours.

« Tout a changé, rien n’a changé »

L’ultime prétendante est le récit de deux histoires identiques qui se sont déroulées à deux époques différentes. L’une débute en 1759, alors que la troupe de Louis Romainville s’apprête à occuper le tout premier théâtre de Clermont, situé derrière l’actuel Hôtel de Ville. Sylvia, une jeune actrice « du pays » se lance le défi d’une « représentation en visite » près de son village espérant que Romainville et son adjoint la remarqueront et lui offriront une chance  de jouer avec eux pour l’inauguration officielle de la salle. Au bout de l’audition, la jeune femme aperçoit la lueur de la réalisation d’une vocation et la possibilité de transmettre.  L’autre histoire est contemporaine et prend la forme du « bilan & perspectives » personnel  de Dominique Touzé après 35 ans de théâtre. L’auteur-acteur s’interroge sur la quête de la sincérité, sur le besoin de révéler et transmettre et sur « le chaos qu’il faut porter en soi pour accoucher d’une étoile dansante ». Entre 1759 et 2021, tout a changé, rien n’a changé. Les problèmes de Romainville sont finalement les mêmes que ceux rencontrés par le directeur du Wakan Théâtre, les préoccupations de Sylvia sont identiques à celles de toutes les jeunes actrices en mal de carrière.

Vaste projet pluridisciplinaire

La pièce L’ultime prétendante est le volet théâtral d’un vaste projet pluridisciplinaire intitulé Tréteaux dans le Massif ou comment le massif central est-il devenu théâtral 1759- 1911. Une équipe d’historiens-chercheurs, vidéastes-plasticiens, metteurs en scène-acteurs se sont lancés dans une œuvre protéiforme, reflet de la vie de l’art théâtral dans le Massif central, entre le milieu du XVIIIe siècle et le début du XXe. Site web dédié, sculpture vidéo monumentale, documentaires, conférence musicalisée et donc création théâtrale constituent l’ossature du projet qui prend, in fine, la forme d’une vaste enquête totalement inédite à l’échelle de la France. Avec différentes formes artistiques et scientifiques, les membres de l’équipe emboîtent le pas de ceux qui ont été les premiers à se lancer sur « les routes de la comédie » ouvrant une voie difficile mais ô combien fondatrice pour des générations de créateurs, metteurs en scène, acteurs et techniciens qui œuvrent quotidiennement à la transmission par le spectacle vivant.

L’ultime prétendante : texte Dominique Touzé, librement inspiré de Les Éloquents d’Alain Paris, mise en scène Dominique Touzé et Emmanuel Chanal
Avec Fanny Caron, Saint-Privat et Dominique Touzé
Jusqu’au 16 mars 2024 Cour des Trois Coquins à Clermont  : Réservations cour3coquins@ville-clermont-ferrand.fr

 

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Je suis très touché par cette nouvelle car je me suis aussi posé la question de la transmission il y a une dizaine d’années. Mon sentiment profond est que le théâtre étant l’art éphémère par excellence les traces de celles et ceux qui y consacrent leur vie ne peuvent que se confondre et d’une certaine manière s’effacer. Les quelques personnes dont le nom reste (Molière, Sophocle…) ont laissé des écrits donc ce qu’il y a de moins théâtral au théâtre. Ce qui importe donc c’est de « faire du théâtre » … jusqu’à … ne plus pouvoir en faire. Nous participons donc de la vie de la Cité. En ça notre engagement est aussi politique d’où nos relations avec les élus et l’ État par l’intermédiaire de la DRAC. Quoi qu’on fasse il est essentiel que le financement public soit au rendez vous de nos créations. C’est la marque que cette « création » est inscrite dans le réel d’une ville, d’un département, d’ un État. La notoriété est secondaire, je dirais même illusoire. Ce qui importe c’est de FAIRE et d’imposer ce FAIRE aux pouvoirs publics. pour ma part, j’ai quitté Clermont-Ferrand il y a une dizaine d’années après proposition à la Municipalité de soutenir un mouvement que j’aurais animé autour de ART/THEATRE et SCIENCES dans la lignée du FESTIVAL DE LA PENSÉE que j’avais initié en 1997. Sans un tel rebond, je ne me sentais plus la force de poursuivre les créations de BRUT DE BETON PRODUCTION (une centaine depuis 1979). Le Maire n’a pas souhaité me suivre. Probablement parce qu’il avait en perspective sa chimère de faire de Clermont-Ferrand la capitale européenne de la culture. Après une année de OUVERTURE POUR INVENTAIRE j’ai définitivement quitté Clermont-Ferrand et Billom pour un village de Haute Savoie (Vallorcine) où je poursuis mes recherches. Les financements publics m’accompagnent toujours, d’autant que les questions de la ruralité, d’art en pleine nature, de collectifs de création ouvrent des perspectives nouvelles pour la collectivité nationale. Il y a d’ailleurs un chtier que nous pourrions relancer au niveau de l’ Auvergne sur ces questions que nous avons posé il y a plus de 40 ans et dont nous sommes et les pionniers et les expérimentateurs.

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