Accueil » Sports » Jessy Trémoulière : « Travailler avec la nature n’a pas de prix »
Jessy Trémoulière / photo Yves Meunier
Jessy Trémoulière / photo Yves Meunier
Sports

Jessy Trémoulière : « Travailler avec la nature n’a pas de prix »

Malgré un emploi du temps très chargé, entre son métier d’agricultrice à Bournoncle-Saint-Pierre en Haute Loire, sa préparation en stage avec l’équipe de France et la compétition avec l’ASM Romagnat rugby féminin, Jessy Trémoulière a pris le temps de répondre à nos questions... avec gentillesse.

Entre rugby et agriculture

-Philippe Thivat : Te voilà revenue aux affaires aussi bien en club qu’en équipe de France. Cette coupe du monde (septembre/Octobre 2022) en Nouvelle Zélande est-elle digérée aujourd’hui ?
-Jessy Trémoulière : Oui, c’est le passé et je me suis largement exprimée là-dessus. Aujourd’hui, il est important d’avancer avec un nouveau staff en place. La coupe du monde est derrière nous, il faut aller de l’avant et regarder les projets futurs. Le tournoi arrive bientôt et nous nous devons d’être au rendez-vous.

-P.T : C’était important pour toi de rester encore en bleue et de t’inscrire dans une nouvelle dynamique avec un nouveau staff ?Cela n’était –J.S : pas spécialement important, j’ai juste faim d’aventure. J’ai encore envie et besoin de m’épanouir avec le maillot bleu.

 » Se montrer solidaire « 

photo : ASM Romagnat

-P.T : En club tu retrouves un groupe renouvelé, quels sont tes ressentis par rapport à cette nouvelle saison ?
-J.T : Certes le groupe n’est pas du tout le même que l’année dernière, il faudra être solidaire. Le but est, dans cette année charnière, de se maintenir et de figurer le mieux possible dans ce championnat relevé.

-P.T : Cet équilibre entre le rugby et ton métier d’agricultrice est toujours aussi important pour toi ?
-J.T : Oui cet équilibre est toujours aussi pertinent. C’est bien de sortir du milieu que ce soit du rugby ou de l’exploitation. De prendre du recul sur chaque passion et s’oxygéner l’esprit est essentiel.

Photo ASM Romagnat

-P.T : Peux-tu nous présenter l’exploitation sur laquelle tu travailles avec ton papa et ton frère à Bournoncle Saint-Pierre ?
-J.T : L’exploitation est en GAEC père fils ( mon papa et mon frère) et de mon côté, je suis salariée sur la ferme. Cette dernière est en polyculture élevage avec une superficie de 290 ha. Nous cultivons des céréales (80 ha) pour nourrir les animaux et le reste est en herbe. Il y a 55 vaches laitières et nous avons au total 200 animaux sur cette ferme orientée sur le bio.

-P.T : Peux-tu nous parler des projets à venir sur votre exploitation familiale et comment faites-vous face à la hausse des prix de l’énergie ?
-J.T : Le projet immédiat est de finaliser le bâtiment (stabulation) qui va accueillir tout les animaux et en particulier les vaches laitières. Cela va nous faciliter les conditions de travail et améliorer le confort de nos bêtes. Nous allons réfléchir, au cas par cas, à la problématique de la hausse des prix de l’énergie sur notre exploitation agricole.

-P.T : Le secteur agricole est en pleine évolution, sociale, climatique avec la gestion de l’eau à anticiper. Quel est ton avis sur ce sujet ?
-J.T : Le secteur agricole est dépendant de la météo, de l’eau, des facteurs que l’on ne peut maîtriser. En ce qui concerne la gestion de l’eau, je pense qu’il faudra arrêter de produire certaines plantations hydriques et se tourner vers des cultures plus résistantes, moins énergivores.

« Un métier exercé par passion »

-P.T : Le bio, la production label, la mise en valeur des produits du terroir, les circuits courts sont-ils l’avenir de cette nouvelle
agriculture ?
-J.T : En ce qui concerne notre lait bio, cela nous donne une plus value par rapport à une production conventionnelle. L’orientation sur les
labels, les produits AOP et AOC (appellation d’origine protégée et contrôlée) est également une meilleure source de rémunération et met en avant les produits de la région. Quand aux circuits-courts, par rapport à la hausse de l’énergie, cela demande une organisation différente du travail aujourd’hui, pour en tirer bénéfice.

-P.T : Pour conclure, quels conseils peux-tu donner à un ou une jeune qui souhaite s’installer aujourd’hui dans le secteur agricole ?
-J.T : Il faut avant tout faire ce métier par passion, comme dans le sport également. Ce travail d’agricultrice est très prenant et demande un investissement de tous les instants. Il faut savoir se montrer curieux en se remettant également en question sur son travail au quotidien. En contrepartie, nous travaillons avec la nature, en étant dehors et en totale liberté. Et cela n’a pas de prix.

Jessy Trémouliere 2 / Photo Yves Meunier
Photo Yves Meunier

À propos de l'auteur

Philippe Thivat

Philippe Thivat, est correspondant d’un hebdomadaire dans l’Allier et intervenant auprès de l’ASM Romagnat rugby féminin en tant que rédacteur journaliste sportif. Il est également engagé dans le rugby citoyen qui œuvre grâce à ce sport à l’intégration des personnes handicapées et de personnes migrantes.

Commenter

Cliquez ici pour commenter

Sponsorisé

Les infos dans votre boite

Sponsorisé