Avec la loi 3DS (Différenciation, Décentralisation, Déconcentration et Simplification), la compétence de la transition écologique a été transférée de l’Etat vers les collectivités territoriales. C’est en vertu de cette loi, que Laurent Wauquiez à décidé de ne plus attribuer les subventions des fonds Feader, (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural) aux sites Natura 2000, préférant les attribuer aux agriculteurs, selon la déclaration du cabinet du président au média écologiste Reporterre. De manière concrète, cela veut dire que les 266 sites concernés dans la Région Rhône-Alpes vont se retrouver avec des coupes franches dans leurs budgets dès 2024, menaçant sérieusement les actions de terrain et par la même occasion les emplois des chargés de mission. Entre 100 et 200 temps pleins seraient concernés.
Qu’est ce que le réseau Natura 2000 ?
Constitué en 1992 à l’initiative de l’Union Européenne pour préserver son patrimoine naturel, le réseau Natura 2000 est constitué de deux types de sites : les ZPS Zones de Protection Spéciales pour la conservation d’espèces d’oiseaux, de leurs lieux de reproduction, des haltes migratoires et des zones d’hivernage et les ZSC, Zones Spéciales de Conservation, qui concernent la conservation des habitats naturels et des espèces animales et végétales. Le cumul de ces zones représente 938 443 hectares pour la région AuRA, soit 13% du territoire. Pour le seul département du Puy-de-Dôme 124 889 hectares sont classés Natura 2000. Les sites abritent près de 70 espèces d’oiseaux répertoriées et inscrites, plus de 70 espèces animales, hors oiseaux, et près de 80 habitats naturels. Sur le terrain, les chargés de mission entretiennent des liens entre les agriculteurs, les élus, les associations et les naturalistes, avec l’objectif de préserver les différent territoires tout en y maintenant une activité raisonnée de tous les usagers. Au delà du stricte aspect gestion, des opérateurs et des élus locaux utilisent même le classement comme argument touristique avec un réel impact sur l’attractivité.
La décision qui ne passe pas
Selon les explications du cabinet de Laurent Wauquiez données à Reporterre, le montant des crédits Feader alloués à la région pour la période 2023-2027 est en diminution de plus de 20% par rapport à 2014-2020. Le cabinet explique qu’il n’y a pas de suppression de subvention mais un redéploiement des crédits vers les agriculteurs, notamment les jeunes qui s’installent, et les investissements agricoles. Du côté des écologistes on brandit l’étendard de la manœuvre politicienne, expliquant que cette décision permettrait d’écarter des associations de protections de la nature qui interviennent sur Natura 2000 et qui s’opposent à certains projets de la région. Le groupe des 17 parlementaires de la région AuRA représentant la majorité présidentielle et dont fait partie la députée du Puy-de-Dôme Delphine Lingemann, avance des arguments moins radicaux mais pointent l’incohérence de la décision. Si la région parle d’aider les agriculteurs, les députés rappellent que les fonds Natura 2000 servent aussi à financer des mesures agroenvironnementales telles que la préservation des zones humides, le labour des prairies ou encore l’installation de haies. Ils considèrent la décision comme étant une mesure à contresens puisqu’elle impacte in fine les agriculteurs et affaiblit la protection des espaces essentiels, un axe dont il ne faut pas dévier au regard du dérèglement climatique actuel. Les députés annoncent qu’ils seront particulièrement vigilants sur la question dès la rentrée parlementaire.
Commenter