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Affiche de campagne 1974, VGE
Affiche de campagne 1974,, VGE et Jacinte
Histoire Politique

Retour sur le printemps 1974 avec Louis Giscard d’Estaing : #1, la campagne

Il y a 50 ans, Valéry Giscard d'Estaing menait campagne pour l'élection présidentielle. Retour sur ce printemps 1974, avec son fils Louis, 15 ans à l'époque, aujourd'hui installé dans le célèbre fauteuil de maire de Chamalières.

Le lundi 8 avril 1974, Valéry Giscard d’Estaing, membre du gouvernement choisit d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle depuis Chamalières. Les semaines qui vont suivre seront intenses pour le candidat mais aussi pour toute sa famille qui se retrouve impliquée dans une campagne qui lui permettra d’accéder à l’Élysée en chef d’État.
Retour sur ce printemps de 1974 au cœur de la famille Giscard, avec Louis, ancien député, conseiller régional et maire de Chamalières.

Épisode #1 : la campagne

Olivier Perrot : Vous souvenez-vous précisément de ce début avril 1974 ?
Louis Giscard d’Estaing : Nous sommes en famille le 6 avril, à Notre Dame de Paris pour les obsèques du président Pompidou. Nous y somme en famille puisque mon père est le n°2 du gouvernement, ministre des finances. Le lundi, le 8, il se décide à faire sa déclaration de candidature. À ce moment là nous sommes scolarisés à Paris, mais il décide faire l’annonce depuis Chamalières puisqu’il en est le maire.

O.P : C’était plutôt inhabituel de faire ce type d’annonce en dehors de Paris…
L.G.E : Oui mais il avait dans l’idée que c’était une autre façon de présenter les choses, depuis, on va dire, la France profonde. La tradition, si on peut parler de tradition, depuis le début de la Ve République était que les candidats se déclaraient depuis Paris, voir uniquement par un communiqué de presse. Il y avait donc une double dimension, de scénographie depuis Chamalières dont il était maire depuis 1967 et d’image d’élu local avec des responsabilités nationales. C’était novateur dans la déclaration, puis dans la campagne qui allait en naître.

« Giscard à la barre »

O.P : Vous diriez que c’était une campagne innovante ?
L.G.E : Absolument, il allait innover avec les T shirts « Giscard à la barre », les réunions publiques avec des peoples et des chanteurs invités : Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Jean-Jacques Debout, Chantal Goya, Gérard Lenormand, Claude François… c’est toute cette idée que finalement c’était une campagne tournée vers la jeunesse et une campagne spontanée et en y associant sa propre famille.

O.P : Comment vous y a t-il associés ?
L.G.E : C’est d’abord l’affiche avec ma sœur Jacinte qui est en fait une photo prise dans le jardin des Tuileries pour un reportage de Paris Match. Il trouvait cette photo très bonne et il a décidé d’en faire une affiche. À l’époque une affiche c’était la tête du candidat en costume avec une cravate en général de face avec le slogan « Pompidou président » ou « Chaban-Delmas pour la France ». C’était donc un innovation. On y a participé chacun à notre niveau en fonction de nos disponibilités puisque nous étions en classe et que nous ne pouvions pas être à tous les meetings. Il nous emmenait dans les meetings à tour de rôle quand c’était possible. Je me souviens d’avoir participé à celui de Toulouse.

« On était dans la logique du candidat gaulliste »

O.P : Le candidat V.G.E a du trouver son chemin entre Gaullisme et Gauche unifiée
L.G.E : On était une famille autours d’un candidat jeune. À 48 ans, il sera le plus jeune président français de la République. Nous étions au cœur d’un processus particulier puisque le favoris, c’était Chaban-Delmas, ancien premier Ministre, premier 1er ministre de Georges Pompidou et chef de file du Mouvement gaulliste qui jusqu’alors avait réussit à faire élire le Général de Gaulle, puis Georges Pompidou. Donc, on était dans la logique du candidat gaulliste qui était susceptible de l’emporter pour la droite, sachant qu’il y avait aussi François Mitterrand qui était le candidat de la gauche unie et qui avait aussi de très grandes chances de l’emporter.

O.P :  Y-a-t’il eu des doutes durant la campagne au sein de votre famille ?
L.G.E : Ha oui, oui… la campagne était quand même une campagne très très animée. Il y a eu le moment de bascule, enfin c’est ce que l’on dit après, quand on sait que le résultat final se joue à moins de 51%, donc on est sur 400 000 voix d’écart. Et puis il y a eu le premier débat télévisé, d’entre deux tours, avec la phrase qui marque les esprits « Monsieur Mitterrand, vous n’avez pas le monopole du cœur ». On savait que c’était une campagne difficile. François Mitterrand fait un gros score au premier tour avec 43%, un des trois meilleurs scores de premier tour de la Ve République, avec de Gaulle en 65 et Pompidou en 69.

O.P : La France aurait pu basculer à gauche dès 1974 ?
L.G.E : On savait que Mitterrand avait de forte chance de l’emporter. Le programme commun a été signé trois ans auparavant. En cours d’instruction civique, quand j’étais en seconde, un an avant, notre prof d’histoire-géo nous avait fait acheter le programme commun du Gouvernement pour en discuter. Il y avait une aspiration à une forme d’alternance politique, qui finalement, interviendra 7 ans plus tard en 81. On savait que la campagne était incertaine, par contre la dynamique était de notre côté. Il y a eu toutes les initiatives prises par le candidat lui-même et ensuite pas son équipe de campagne et les Jeunes Giscardiens qui commencaient à se constituer. Le mouvement a pris une ampleur incroyable pendant cette campagne avec des personnalités de jeunes, comme Jean-Pierre Rafarin, Dominique Busserot, mon frère Henri, Marielle de Sarnez qui ont apporté une dynamique supplémentaire.

À suivre,  épisode #2 : Mon père à l’Élysée

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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