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Intérieur train Intercité Paris-Clermont / Photo 7 Jours à Clermont
Photo 7 Jours à Clermont
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17 heures de retard sur un Paris-Clermont : pas mieux !

Quand tous les éléments s'y mettent le train n'avance plus. Mardi dernier, l'Intercité Paris-Clermont de 18h57 est arrivé le lendemain à 15h01. Cet épisode exceptionnel dont les passagers se souviendront longtemps est un épisode de plus dans une longue liste qui commence à lasser sérieusement les usagers et les politiques.

Calvaire, naufrage, prise d’otage, cauchemar… la langue française regorge de mots que l’on pourrait utiliser pour évoquer, une fois de plus, les déboires de la ligne SNCF reliant Clermont-Paris et retour. Cette fois-ci « c’est le pompon », un record vient de tomber : les voyageurs qui sont montés dans l’Intercité de 18h57 en gare de Bercy mardi 19 juillet, sont arrivés à Clermont le lendemain avec un retard de 17h… Quand on sait que la distance ferroviaire entre les deux gares est de 420 km cela donne une vitesse moyenne largement inférieure à 20 km/h. Si ce record devait à nouveau tomber cela ne fait aucun doute qu’il serait plus rapide de faire le trajet à vélo ou même à pied.

Dans la chaleur de la nuit

Montés dans le train pour un départ fixé à 18h57, les passagers sont rapidement avertis d’un retard de 20 minutes. A 19h40, on leur apprend qu’un feu empêche tous les trains de quitter la capitale mais que la desserte n’est pas, pour autant, annulée. Finalement l’Intercité s’ébroue à 21h00 et s’immobilise 100 km plus au sud, à Montargis. Après trente minutes de questionnement, un agent explique qu’une rupture de caténaire empêche le train d’aller plus loin. A 23 heures, nouvelle annonce, la caténaire ne peut pas être réparée dans l’immédiat. Un nouveau train est alors affrété pour remmener les passagers à… Paris.  Arrivés à Gare de Lyon, à une heures du matin, la SNCF explique qu’ils doivent utiliser le système D. pour trouver à se loger pour la nuit. A défaut, un TGV à quai servira d’hôtel pour une courte nuit, un nouveau départ pour Clermont étant à annoncé pour 6h57.  Dans la chaleur de la nuit, de la nourriture est distribuée, les voyageurs cherchent un peu de confort pour dormir dans les sièges exigus du TGV, on leur donne une couverture bien utile par temps de canicule, on rapporte même qu’une femme enceinte doit se coucher à même le sol du wagon pour trouver le sommeil. Finalement l’Intercité repart de Paris non pas à 6h57 mais à 7h45 et s’immobilise 100 km plus au sud, à… Montargis. La réparation n’est toujours pas terminée ! il faut attendre deux heures de plus pour que les techniciens puissent remettre en route l’alimentation électrique. Le train arrive finalement à Clermont à 15h01.

Que se passe-t-il sur cette ligne ?

C’est bien connu, les médias parlent des trains qui arrivent en retard pas de ceux qui arrivent à l’heure. Les statiques sont là, les trains à problèmes sont moins nombreux que les autres mais les incidents récurrents sur Paris-Clermont ont fini par jeter un doute permanent sur la fiabilité de la ligne. Désormais nul ne peut jurer arriver à bon port et à l’heure, un vrai problème pour l’utilisation à titre professionnel.
Ouverte en 1858 par la compagnie PLM, la ligne a vu arriver son électrification totale seulement en 1990, une époque où la SNCF consacrait tous ses investissements au développement du TGV. Depuis la ligne a pris un retard considérable dans sa modernisation et comporte encore de nombreux passages à niveau qui empêchent la circulation à vitesse élevée. Quant à l’idée du TGV, autant l’oublier… qui prendrait le risque d’un investissement colossal pour une ligne de moins de 400 KM dont le terminus bute sur le Massif central ?  Si l’infrastructure est obsolète, le matériel l’est aussi. Au début des années 2000 les trains Téoz ont bien fait leur apparition mais ils n’étaient en réalité que de vieux Corail datant des années 70 relookés. Les motrices un peu plus récentes, accusent, quant à elles, un kilométrage considérable avec des risques de pannes élevés.  Récemment la CGT Cheminot a tiré le signal d’alarme en accusant la SNCF de ponctionner une partie du parc pour l’utiliser sur les offres low cost Ouigo entre Paris, Lyon et Nantes. Les manques de machines mais aussi de main d’œuvre dans les ateliers de maintenance conduirait à des suppressions régulières de train sur le service estival affirme le syndicat.

Sollicitations et promesses… en vain ?

Suite au nouvel incident de cette semaine, le président de la Métropole clermontoise a publié un commentaire sur sa page Facebook « J’ai eu l’occasion hier de rappeler les attentes très fortes des usagers à Béatrice Leloup, la directrice régionale de la SNCF et je sollicite également un rendez-vous avec le Ministre des transports Clément Beaune pour qu’enfin, des solutions soient trouvées ». Olivier Bianchi avait déjà reçu Guillaume Pepy et Jean-Baptiste Djebbari (respectivement ancien PDG de la SNCF et ex Ministre délégué aux transports) suite à un incident similaire à celui de cette semaine. Ces derniers avaient annoncé des mesures concrètes avec achat de nouveau matériel roulant et plan de modernisation. Où en sont ses promesses, tenues par des protagonistes qui depuis, ont changé de fonction ? Les rames seraient en construction et le plan mis en place mais il est insuffisant. Olivier Bianchi a confirmé, à nos confères de France 3, la somme de 760 millions d’euros investis, une somme qu’il juge trop faible évoquant des besoins proches de 3 Milliards. De leurs côtés les différents collectifs d’usagers restent mobilisés mais tout de même dubitatifs sur des avancés probantes. Le sénateur Claude Malhuret de Vichy ne rate jamais une occasion de parler avec beaucoup d’humour, les problèmes de cette ligne lors de ses discours politiques. Sans doute a t-il en tête, qu’il y a 90 ans, les autorails Bugatti reliaient dans le confort et le luxe, Paris à Vichy en 3h49,  Paris à Clermont en 4h30.

 

 

 

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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