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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Un peu de frustration après une si long désir

Les attestations à la poubelle, c'est déjà une bonne affaire. Pourtant ce 11 mai n'est que le début de quelque chose. Le retour à l'ordinaire n'est pas pour demain.

En amour, la séparation peut se révéler à la fois cruelle et délicieuse. Rien de telle que l’absence provisoire pour mesurer l’intensité de ses sentiments et la profondeur de son attachement. Rien de telle que l’attente pour susciter le désir. Et quoi de plus beau que des retrouvailles, au soir, sur un quai de gare  …

Le confinement à n’en plus finir, lui aussi, fait naître des désirs. Et le 11 mai est la date que l’on guette avec une certaine impatience, ne serait-ce que pour retrouver la liberté la plus élémentaire : celle de se déplacer, de sortir de chez soi quand bon nous semble. Quel plaisir de pouvoir enfin déchirer les attestations en mille morceaux.

Seulement des prémices

Dans la réalité pourtant, cette date du 11 mai pourrait nous laisser sur notre faim. Les chers bambins ? Ils ne retourneront à l’école que progressivement… Les cafés, les restaurants resteront fermés. Les regroupements demeurent prohibés. Les plages ? Strictement interdites. Les compétitions sportives, les manifestations culturelles ? Repoussées après l’été.  Et c’est masqué qu’il faudra accomplir un certain nombre de démarches. Puisque le Chef de l’Etat, volontiers métaphorique, aime à employer le terme de guerre contre le virus, ce ne sera ni le grand soir, ni même le grand jour. Tout juste, le début de quelque chose. Une première étape vers un hypothétique horizon … De quoi engendrer quelques frustrations au terme d’une si longue attente. Même en amour, la patience peut avoir des limites.

Bons élèves et moutons noirs

Tout autre sujet dans la même séquence. Le gouvernement fait désormais le tri entre les bonnes informations (celles qui vont dans son sens) et celles qui relèveraient de la rumeur…. « Plus que jamais, il est nécessaire de se fier à des sources d’informations sûres et vérifiées » a indiqué la porte-parole Sibeth Ndiaye. Le site gouvernement.fr met ainsi en ligne des articles écrits par les « bons » élèves, provenant des équipes du Monde, de Libération, de France Info, de l’AFP et de 20 Minutes. Ce qui revient à dresser une liste des médias bien-pensants et à fustiger les autres tout en érigeant l’Etat comme arbitre de l’information. Bien entendu, l’ensemble des rédactions s’est dressé, comme un seul homme, pour dénoncer l’inquiétante initiative en forme de dérive anti-démocratique. D’autant plus choquante qu’en matière de fake news, le gouvernement aura fait ses preuves tout au long de cette crise. Les volte-faces sur les masques sont encore dans toutes les mémoires.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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