Le 2 avril 1974 vers 22 heures, l’ORTF interrompt les programmes TV pour annoncer la mort du président Pompidou. À l’époque le mot « cancer » n’est jamais prononcé par les journalistes qui utilisent la fameuse formule « longue maladie » comme pour mieux tourner le dos à ce fléau. Nul n’est dupe. Il suffit d’observer les visages gonflés par la cortisone pour diagnostiquer ce mal qui ronge les anonymes et les chefs d’État.
« clope au bec »
50 ans plus tard, ce 2 avril 1974 résonne encore comme la fin d’une époque enchantée, de liberté, de créativité débridée, de limites repoussées, une époque encore protégée des réseaux sociaux, tribunaux populaires des moindres faits et gestes.
Tout l’état d’esprit des années 70 est concentré dans une photo très symbolique, presque romanesque, qui aujourd’hui ferait un scandale à coup sur. Cette photo c’est celle de Georges Pompidou, « clope au bec » descendant de sa Porsche 356 personnelle, voiture achetée en 1962, avant sa nomination au poste de premier ministre. Le président reste un bagnolard même en temps de crise du pétrole, quant au méfaits du tabac…
Georges Pompidou, président d’une France optimiste
Gorges Pompidou, malgré sa fermeté sur certains sujets, est proche des Français qui lui ont offert le sympathique sobriquet de « Pompon ». On l’aime parce qu’il est moderne, malgré ces origines (presque puydomôises), modestes et paysannes. Il n’a pas fait l’ENA, mais Normale Sup. Cela ne l’empêche pas d’être un vrai libéral, parfois critiqué, cumulant son engagement politique aux côtés de Charles de Gaulle et la direction générale de la banque Rothschild. On l’aime parce qu’il est le président d’une France optimiste, puissante, industrielle, compétitive, d’une France qui va vite. Durant les années Pompidou, le pays rayonne avec Concorde le plus bel avion de l’histoire, la Citroën SM et le projet TGV destiné à lutter contre la hausse du prix de l’énergie qui frappe les automobilistes. On retient également que sous Georges Pompidou, le PIB du pays reste supérieur aux dépenses publiques. Depuis 1974 et la fin des Trente Glorieuses, ceux qui lui succèdent ne peuvent pas en dire autant.
Son érudition en imposait
Georges Pompidou est certes un financier mais il est surtout un grand homme de culture. Ce normalien, petit-fils de paysan, fils d’enseignant, est major de l’agrégation de lettres. Avant de faire de la politique, il enseigne la littérature en classe prépa au prestigieux lycée parisien Henri-IV. Son érudition dans les domaines de la poésie et de la littérature en impose à toute la classe politique et aux journalistes. Il est également un grand amateur d’art contemporain et ne supporte pas l’idée de voir de Paris en perte de vitesse sur une scène artistique contestée par New-York. Pour enrayer le phénomène, il décide de créer le Centre Beaubourg et va chercher le grand architecte, Renzo Piano, pour édifier un véritable OVNI. Pendant ce temps, Claude, la première Dame s’attelle avec le designer Pierre Paulin, à faire évoluer l’appartement privé de l’Élysée, rédigeant ce qui apparaît comme un véritable manifeste du modernisme.
Il ne suffit pas d’être un grand homme, il faut l’être au bon moment a-t-on coutume de dire. Georges Poupidou disparu il y a déjà un demi siècle reste aujourd’hui le symbole d’une France de l’enthousiasme. Les boomers nostalgiques regrettent cette époque révolue et n’ont pas fini de dire que c’était mieux avant.
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