On aura beaucoup devisé sur la crise sanitaire et ça n’est, hélas, probablement pas fini tant son évolution future semble comporter sa part d’incertitudes. On aura énormément évoqué les masques, leur absence, leur fabrication, les volte-faces du gouvernement. Une mascarade… On aura sans cesse écouté les médecins, invités en non-stop sur les plateaux de télévision et autres studios de radios et applaudi une fois par jour les « soignants » qui remplissaient leur mission tandis que la majorité de la population était cloîtrée chez elle. On aura parlé dépistage et l’on se sera livré chaque jour à une comptabilité funeste : tant de morts, tant de personnes en réanimations. Et de nouveaux termes se seront imposés au fronton de la crise, comme le sacro-saint « gestes barrières ».
Beaucoup de choses ont été dites et écrites au cours de dernières semaines monomaniaques. Où le coronavirus aura tout submergé sur son passage. Jusqu’à nous faire oublier que le monde continuait à tourner. Et qu’il existait d’autres maux, d’autres misères, d’autres solitudes, d’autres horizons. D’autres sujets.
Sempiternels refrains
Pour ma part, je retiendrai peut-être avant tout, de cette page du siècle, l’extrême infantilisation des masses à partir de discours toujours réducteurs. Avoir vécu plusieurs décennies, affronté nombre d’épreuves et passé des caps contre vents et marées pour s’entendre seriner à longueur de journée : « lavez-vous les mains régulièrement avec de l’eau ou du savon » , « toussez ou éternuez dans votre coude », » mouchez vous dans un mouchoir à usage unique « , « évitez de vous toucher le visage » ou encore « ne sortez pas sans votre attestation » a quelque chose de profondément caricatural voire de franchement absurde ou ridicule. Que les braves gens se rassurent: le Ministère de la Santé veille sur eux.
Déresponsabilisation
Cette séquence demeure extrêmement révélatrice de notre époque qui tend à déresponsabiliser l’individu, à limiter sa part de détermination, à étouffer sa capacité d’intervention à quelques gestes numériques, des mots de passe, des mots clef, des codes. C’est l’ère de la vie en kit… Et si finalement, le coronavirus nous rappelait d’abord que le citoyen moderne, même doté du droit de vote, est avant tout un mouton que l’on tond régulièrement mais qu’il n’est pas question, toutefois, de mener à l’abattoir ?
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