Dans la métropole clermontoise, lorsque l’on aborde la question des arbres, le ton monte assez vite du côté des opposants à InspiRe. Le projet qui devient réalité depuis le début des travaux fin août, nécessite l’abattage de 400 arbres, précisément 380. C’est la rançon pour pouvoir réaliser les aménagements en BHNS des futurs lignes B et C . Certains habitants sont farouchement opposés à leur disparition programmée au point d’avoir ouvert une pétition sur change.org demandant le remisage pur et simple des tronçonneuses. Mais que représentent ce nombre dans une agglomération qui en recense 32 500 sur son territoire et qui en comptera 40 000 en 2030 ? Chaque année dans la métropole, en moyenne, 250 arbres disparaissent. Certains sont victimes d’accidents de la circulation, d’autre de malveillance mais la majorité est abattue pour des questions sanitaires, car les arbres ne sont pas aptes à résister bien longtemps dans un milieu urbain hostile à la nature. C’est vrai, près de 400 arbres vont faire les frais de ce grand réaménagement urbain qui, faut-il le rappeler, intègre 3 000 plantations nouvelles. À terme, le solde sera positif de 2620 arbres le long des 27 km concernés.
« Il faut un peu d’imagination pour se projeter »
Renaud Ducher est un des architectes paysagistes du cabinet Lyonnais Villes & Paysages. Il œuvre au sein de l’équipe de maîtrise d’œuvre du projet Inspire et sait donc à quoi ressemblera le Clermont d’après.
7 Jours à Clermont : Que faut-il retenir du projet InspiRe dont on ne voit aujourd’hui que le côté négatif lié aux nombreux travaux et à l’abattage des arbres ?
Renaud Ducher : C’est vrai qu’il faut un peu d’imagination pour se projeter. Au delà du système de transport avec les Bus à Haut Niveau de Service, le projet InspiRe, concerne tous les usages autours de la ville pour l’usager du bus, le piéton et aussi le riverain. InspiRe c’est aussi la mise aux normes, une monté en gamme et en confort de tous les usages piétonniers. Il s’agit de mettre à niveau des voiries un peu anciennes, notamment pour les personnes à mobilité réduite pour qui les normes ont beaucoup évolué. En terme de cadre de vie, le projet est assez global.
7JàC : L’aménagement des lignes B et C, impose l’abattage de 400 arbres. Que répondez-vous aux citoyens qui sont vent debout contre cette conséquence d’InspiRe ?
R.D : On va améliorer la végétalisation et se préparer aux enjeux du réchauffement climatique. Cela passe par beaucoup de plantation. On parle des arbres abattus mais il faut voir au delà, de manière mathématique. Il y en a qui de toutes façons, étaient condamnés d’un point de vue sanitaire. On va planter 8 fois plus d’arbres que ceux qui sont abattus avec une plus grande diversité. Il y a aussi toutes les strates basses. Autrefois en ville, on avait des arbres d’alignement, des arbres tiges sagement alignés, là nous allons raisonner sur des notions d’écosystèmes urbains. Les arbres auront différentes silhouettes : des grands, des petits, des tiges, des multi troncs… et dans la majorité des cas, ils ne seront pas sur une grille en métal au milieu du béton mais sur une strate végétale basse, avec des arbustes, des vivaces, des couvre-sols… C’est bénéfique pour l’usager, car le cadre de vie est amélioré avec des saisons marquées, des couleurs automnales, des floraisons… par ailleurs on va réactiver un cycle naturel.
7JàC : Que signifie cycle naturel ?
R.D : Dans ces espaces de plantation, on va permettre à l’eau pluviale de s’infiltrer, là où autrefois, l’eau ruisselait sur des surfaces imperméables avant de se retrouver dans des tuyaux pour partir vers la station d’épuration. C’était un temps où on ne séparait pas les eaux usées et les eaux pluviales. Aujourd’hui l’objectif est que la goutte de pluie profite à la végétation sur place avant de s’infiltrer le plus rapidement possible et à la verticale, dans la nappe phréatique. Ce sont les espaces verts qui vont permettre cela en jouant ce que l’on appelle le rôle de climatiseurs urbains. À proximité des ces espaces, on aura des salons urbains avec des bancs, des assisses, des espaces de convivialité. Donc autour du réseau de transport, une multitude de lieux seront plus verts et plus accueillants. Il faut donc raisonner sur les usages dans leur globalité.
« La palette végétale doit être adaptée aux extrêmes »
7JàC : Les méthodes des paysagistes ont-elles évolué ?
R.D : On ne plante plus comme il y a 20 ou 30 ans. On ne plante pas forcement les mêmes essences. Certaines sont toujours adaptées d’autre ne le sont pas du tout. On va planter de nouvelles espèces qui viennent du sud parce que le climat se réchauffe. Elles doivent résister à la sécheresse et aux températures élevées l’été. En fait, on doit parler de dérèglement climatique et on peut toujours avoir des gelées tardives. Donc la palette végétale doit être adaptée aux extrêmes et au delà du choix des essences qui évoluent, on ne plante plus de la même façon.
7JàC : Mais il y aussi ce qui ne se voit pas…
R.D : Sans rentrer dans la technique, on pose la question de la fosse d’arbre. Il ne faut pas regarder seulement la surface et se poser la question de ce qu’il y a en dessous qui permet à l’arbre de bien vivre, de se développer et de devenir grand. On repère les arbres qui on été mal plantés, qui n’ont rien à manger au niveau du sol et qui restent maigrelets. Dans le projet InspiRe, on prévoit des fosses de 18 m3 par arbre, ce qui est énorme, des fosses qui sont faites avec un mélanges terre-pierres de façon à ce qu’elles restent aérées, qu’elles ne se tassent pas, qu’elles ne se compactent pas dans le temps, que l’eau se répartisse bien dans le système racinaire. Ces fosses vont créer un continuum dans un alignement d’arbres puisque l’on sait maintenant que les arbres établissent des relations entre eux par les racines. Donc les techniques on évolué. C’est parfois compliqué dans la ville ancienne. Le centre de Clermont est dense, historique, avec des rues étroites et surtout avec beaucoup de réseaux souterrains. Il y a des réseaux secs et des réseaux humides. Dans certains cas il va falloir les dévoyer, les décaler d’un côté ou de l’autre pour laisser la place aux fosses d’arbres.
7JàC : Au final le SMTC sort de son rôle d’organisateur des transports publics pour être acteur de l’urbanisme.
R.D : Le SMTC engage au départ un budget de transport en commun, mais finalement une partie du budget doit être dévoyé pour mieux planter. Cela fait partie du cahier des charges élargi d’un tel projet. Aujourd’hui, ce n’est pas facile de se projeter dans l’avenir, il faut de la patience le temps des travaux. Avec le végétal il faut aussi de la patience, quelques années, pour le voir s’épanouir, mais concrètement le projet est une amélioration sur tous les points de vue, sur la question du partage de la rue et de l’épanouissement des usages piétonniers.
Inspire ou le massacre de 400 arbres dont des cinquantaires pour faire passer des velos. Chercheez lerreur
Aller a Orleans meme taille et gestion differente
C’est juste l’application de la loi LOM/LAURE : les réféctions de voirie doivent être accompagnées de la mise en place d’aménagements cyclables (article L228-2 du code de l’environnement)
Il aurait été possible d’épargner certains de ces arbres, mais pour cela il aurait fallu renoncer à quelques voies générales et donc au passage des voitures partout… Ce qui n’a même pas été envisagé, au vu de l’hégémonie de la voiture à Clermont-Ferrand.
C’est juste l’application de la loi LOM/LAURE : les réféctions de voirie doivent être accompagnées de la mise en place d’aménagements cyclables (article L228-2 du code de l’environnement)
Il aurait été possible d’épargner certains de ces arbres, mais pour cela il aurait fallu renoncer à quelques voies générales et donc au passage des voitures partout… Ce qui n’a même pas été envisagé, au vu de l’hégémonie indiscutée de la voiture à Clermont-Ferrand.
Si vous êtes bien à Orléans, retournez-y.
Et pour votre information, Inspire, c’est d’abord et avant tout un projet pour les transports en commun. Le petit plus apporté aux aménagements cyclables n’y aurait rien changé.
Lorsqu’un arbre est au milieu du passage,
lorsque que 2 arbres sont trop proches pour laisser passer les voies de bus,
lorsqu’un arbre bloque le tourne-à-gauche ou le tourne-à-droite d’un bus ;
Il n’y a pas toujours de bonne solution.