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Photo Patrick Bossin.
Edito

Digressions photographiques

De rares passants, un pigeon, un brouillard opaque et, en arrière-plan, la grande roue et la statue du général Desaix. Il était tôt, ce matin-là, lorsque Patrick Bossin a photographié la place de Jaude.

Il y a ce que l’on voit, ce que l’on perçoit et ce que l’on ressent ou que l’on imagine. De la substance au rêve… La photographie, en fin de compte, n’est qu’une captation de la réalité, le saisissement d’un instant. Paysage observé dans sa lumière, expression furtive d’un visage, mouvements arrêtés par la grâce d’un objectif ou encore multiplicité d’une foule ou détails d’un monument. Au tout début, la photo n’invente rien, elle est le témoin silencieux, le reflet figé de quelque chose ou quelqu’un.

Le brouillard de l’aube

Cette digression photographique m’est inspirée par Patrick Bossin. L’autre jour, par courriel, il me fait parvenir quelques vues de la place de Jaude, réalisées au petit matin. Rien d’exotique, ni de trépidant. Pas l’une de ces escapades qu’il a l’habitude de conduire pour 7 Jours à Clermont et qui le mène vers Tenerife, Lanzarote, le Montenegro ou « les neiges magiques du Sancy » ……Tout juste des images de la statue de Desaix, le général mort à Marengo, et de la grande roue, plongés dans le brouillard opaque d’une aube pré-hivernale.

Réalité et sensibilité

Il y a  donc ces photos embrumées et ce qu’elles inspirent à ceux qui les observent. Clermont emmitouflée dans un smog très british, le matin blafard et la place déserte à quelques jours de Noël. Ce moment volé avant que le quotidien pressé ne reprenne le dessus … Le photographe lui-même, l’écharpe autour du cou, a-t-il voulu signifier quelque chose lorsqu’il a fixé la scène avant de se réfugier dans un café?

Bien-sûr la photo peut raconter, témoigner. Mais elle est aussi source d’interprétation, de divagation et parfois de manipulation. Le plus étonnant reste, peut-être, qu’à partir d’un simple geste technique, l’individu peut lui donner son empreinte et transmettre une partie de sa sensibilité ou de son savoir-faire. Une vraie marque de fabrique.

Le temps arrêté

Toutes ces photos rangées dans un album que l’on ouvre rarement, de peur d’agiter quelques fantômes. Photos d’enfance en noir et blanc, de vacances à la campagne, de Noël au sein d’une famille nombreuse. Flirts adolescents ou voyages à l’étranger. Photos joyeuses de bord de mer ou d’un mariage bien avant la séparation. Autant de souvenirs classés, page par page, comme le livre d’une vie. Le premier talent de la photo, c’est peut-être d’arrêter le temps.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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