Profitant d’une journée passée en Auvergne fin mars, pour présenter le projet d’évolution du plateau de Gergovie (lire notre article Transformer Gergovie en centre muséographique et historique), Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne Rhône-Alpes a fait une halte dans le quartier clermontois Saint-Jean pour visiter le chantier du Lycée (qui ouvrira ses portes à la rentrée prochaine) et annoncer son nom définitif : Lycée Gergovie comme indiqué sur une plaque dévoilée pour l’occasion. Cette annonce a surpris pas mal de monde et notamment Boris Bouchet, conseiller municipal de Riom, conseiller communautaire de Riom-Limagne-Volcans et conseiller régional du Puy-de-Dôme. Ce dernier s’est fendu d’une lettre adressé à Laurent Wauquiez expliquant que ce nom n’était peut-être pas le meilleur à donner à l’établissement, rappelant au passage, qu’aucune concertation n’avait eu lieu sur le sujet avec les élus du territoire.
Il ne restera plus qu’un seul lycée clermontois portant un nom de femme, Jeanne d’Arc
« Certes, les élèves auront une vue sur le plateau de Gergovie depuis les baies vitrées de leur Centre de Documentation et d’Information, mais la justification me semble un peu courte » a écrit Boris Bouchet à Laurent Wauquiez, relevant au passage la concomitance des dates entre l’annonce concernant l’avenir du Plateau et la révélation du nom avant poursuivant « vous ne pouvez ignorer qu’un établissement d’enseignement clermontois porte déjà le même nom, il s’agit de la faculté de Lettres et Sciences Humaines de Clermont-Ferrand : Gergovia. En second lieu, un décompte rapide des noms des lycées publics clermontois laisse apparaître que seulement 3 d’entre eux sur 9 portent des noms de femmes illustres. Avec la création de ce nouvel établissement fusionnant les lycées Marie Curie et Camille Claudel, il n’en restera désormais plus qu’un seul, le lycée Jeanne d’Arc« . Se reportant aux chiffres départementaux, Boris Bouchet note que seuls 25 % des établissements portent aujourd’hui un nom féminin, un nombre qui tombera à 16% avec la disparition des deux lycées professionnels précités.
Hélène Brion : la contre proposition
Le conseiller régional rappelle au président que les femmes représentant la moitié de l’humanité, il est de la responsabilité des collectivités publiques de rattraper le retard en terme de dénomination des espaces publics pour viser une certaine équité. On se souvient qu’en 2014, le club service féminin Soroptimist avait publié une enquête portant sur 63 500 noms de rues dans 111 communes françaises révélant que seulement 2 % des rues portaient le nom d’une femme, soit 6% des noms dédiés à des personnalités.
Boris Bouchet propose pour le nouveau lycée et dans « un esprit d’ouverture », le nom d’Hélène Brion à la place de Gergovie, ce qui, selon lui, ne devrait pas trop déplaire à Vercingétorix. Hélène Brion native de Clermont-Ferrand était une institutrice pacifiste, féministe et communiste. Née en 1882, elle fut inculpée et arrêtée en 1917 pour « défaitisme et haute trahison ». Elle comparut devant le premier conseil de guerre et déclara pour sa défense « Je comparais ici comme inculpée d’un délit politique : or, je suis dépouillée de tous droits politiques(…) la loi devrait être logique et ignorer mon existence lorsqu’il s’agit de sanctions autant qu’elle ignore lorsqu’il s’agit de droits (…) Je suis ennemie de la guerre, parce que féministe, la guerre est le triomphe de la force brutale ».
A ce jour, 7 Jours à Clermont ne sait pas si Laurent Wauqiez à répondu à cette missive et à la contre proposition.
Commenter