La loi de programmation de la recherche 2021-2030, est destinée à « mieux financer et évaluer la recherche publique, améliorer l’attractivité des métiers de la recherche et replacer la science dans une relation ouverte avec l’ensemble de la société ». Dans ce cadre, la promotion de la CSTI, la Culture Scientifique, Technique et Industrielle, est devenue un enjeu important, pour ne pas dire fondamental auquel la région Auvergne-Rhône-Alpes attache un intérêt particulier. Chaque année, elle consacre 1,5 million d’euros à cette promotion. Elle entend lutter ainsi contre la désinformation et éclairer les concitoyens sur les grands enjeux comme la santé et l’hésitation vaccinale, l’intelligence artificielle, la fracture climatique et la transition écologique, ou encore l’emploi et l’industrie.
Une part de cette somme revient à l’association clermontoise Astu’Sciences qui depuis 30 ans, fédère les structures et les individuels qui s’investissent dans la CSTI sur le territoire auvergnat et développe des programmes de médiation scientifique et de gestion de projets dans le but de promouvoir et développer la culture scientifique auprès de tous.
Récemment Jean-Pierre Brenas, conseiller régional, a rencontré l’équipe d’Astu’Sciences pour réaffirmer le soutien de la Région pour les actions qu’elle peut mener. La rencontre a été l’occasion de donner la parole à Sophie Desset, présidente d’Astu’Sciences, ingénieure de recherche dans un laboratoire de génétique de l’Inserm* basée à la faculté de médecine de Clermont.

7 Jours à Clermont : qu’elles sont les activités d’Astu’Sciences ?
Sophie Desset : L’essentiel de nos activités et de nos actions est de pouvoir faire de la médiation scientifique, c’est à dire diffuser les messages liés à la culture scientifique auprès de tous les publics. Mais il n’y a pas que la médiation. Nous pouvons également participer à des recherches avec la société, faciliter les projets entre différents acteurs qui ne sont pas uniquement des chercheurs.
7JàC : Y a-t-il un fossé entre les scientifiques et le grand public ?
S.D. : Souvent lorsque l’on se présente comme chercheur ou scientifique, la moitié de l’assemblée présente se tait, pensant ne pas être légitime pour prendre la parole. Les gens imaginent qu’ils savent moins de choses que nous et ils n’osent pas débattre. Ils n’osent pas nous contredire car nous sommes du côté des « sachants ». En même temps, ils sont tous persuadés qu’il savent mieux que nous… ça c’est l’effet Internet et le problème des fake news. Ils ne vont pas dire ce qu’ils ont obtenu comme informations car nous pourrions les démystifier. Nous avons identifié ce problème et notre action de tous les jours est d’essayer d’aplanir le chemin entre le sachant et le grand public.
7JàC : Les sachants n’auraient pas les clés de la communication face au grand public ?
S.D. : Je ne vais pas oser dire cela car il y a des chercheurs qui parlent très bien. Mais c’est aussi un métier que je découvre d’ailleurs à travers la présidence d’Astu’Sciences. Nous avons des scientifiques qui sont formés à la communication ou qui la maîtrise et nous avons besoin de ces gens pour la médiation. Il y a aussi les journalistes scientifiques qui représentent un maillon important. Il faut que l’on travaille tous main dans la main.
7JàC : L’idée est donc de faire tomber les barrières ?
S.D. : Je crois qu’une des spécificités d’Astu’Science est d’avoir envie de travailler avec tout le monde, de mettre tout le monde autour de la table, depuis le chercheur jusqu’à celui qui va recevoir mais aussi donner, car en fait nous apprenons beaucoup du public. Le Gouvernement a mis en place un système de financement de projets de recherche qui sont aussi menés par la société. C’est « la science pour et avec la société ». L’Université a d’ailleurs un label qui porte cela et il y a aussi des appels d’offres plus ciblés qui permettent à chacun de faire de la recherche et de produire des connaissances.
7JàC : Est-ce que l’Université Clermont Auvergne peut vous aider dans cette démarche de communication ?
S.D. : C’est en train de se mettre en place, car ce label est quelque chose de récent, à peine un an. Effectivement nous avons eu plusieurs réunions dans l’année pour comprendre comment fonctionner ensemble. Nous sommes en train d’établir une convention avec l’Université et même si ce dossier n’est pas prioritaire, on sent qu’il y a de la volonté. Il y a beaucoup de travail et chacun peut apporter sa pierre.
7JàC : Thomas Pesquet est très médiatisé et facilite la vulgarisation. Faudrait -il plus de personnages comme lui dans différents domaines ?
S.D. : Je pense qu’il ne faut faut pas seulement des Thomas Pesquet. Sa personnalité est extraordinaire, tout le monde s’en rend compte. Le risque est de penser que ce n’est pas à la porté de tout le monde. On ne peut pas avoir à faire qu’à des personnalités exceptionnelles. Il faut que tout le monde s’y retrouve et puisse s’identifier. Mais ce genre de personnage sait aussi se mettre à la hauteur des gens pour populariser la science. Il est très humble cela permet de la désacraliser. L’humilité c’est parfois ce qui manque à nos chercheurs que l’on a mis sur un piédestal. L’une de nos vocations est de rendre la science plus humaine et de montrer qu’elle est le domaine de gens comme les autres, qui savent peut-être plus de chose dans certains domaines, mais qui sont aussi touché par des problème du quotidien.
*Institut national de la santé et de la recherche médicale
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