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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Le premier train pour Paris…

Les voyageurs voyagent et les insomniaques ne dorment pas. Scènes de vie quotidienne à la gare de Clermont, tandis que la ville rêve encore...

Pour ceux qui seraient victimes d’insomnies voire de réveils précoces, la gare de Clermont (à l’image de celles des autres villes) constituerait un lieu tout indiqué d’excursion très matinale et originale. Déjà parce que c’est un des rares endroits de la ville où l’on peut boire un café avant même que le jour ne se lève, à l’heure du premier train pour Paris. 5h25, bien tassée. Et que, guère plus tard, on peut se saisir de la presse quotidienne dont l’encre, toute fraîche, tache encore les doigts. Surprise : dans L’Equipe, ce matin, la une, toute entière, est consacrée au ballon rond…

Grand écart

La gare à l’aube est aussi un mélange révélateur et pour le moins contradictoire de faune humaine contemporaine, symptomatique du grand écart social. Tandis que les rues, aux alentours, sont désertes (enfin pas tout à fait, une consœur s’est récemment fait dérobée son ordinateur après avoir été malmenée), le hall mélange les personnages modèles de business men, le cartable à la main et le smartphone déjà en évidence, à l’orée d’une journée chargée, et les paumés qui atterrissent là parce qu’il y a de la lumière et un peu de chaleur. Autrefois, l’individu édenté qui vient vers moi, la mine déconfite, m’aurait asséné un « t’as pas cent balles ? » Désormais, c’est « vous auriez pas deux ou trois euros ? » Signe d’imparable vieillissement en ce qui me concerne (le vouvoiement) et d’évolution monétaire à l’échelle du continent.

Sur les rails

Les mallettes frétillent déjà pour les premiers voyageurs qui rejoignent les quais et mettent le cap sur la capitale. Certains rentreront par le train du soir… si toutefois une grève intempestive ne s’est pas déclarée. En attendant, il leur faudra subir un peu plus de 3 heures insipides de rail (à moins que l’Intercités ne tombe en panne quelque part dans le Bourbonnais et la Nièvre) avant  d’atteindre la petite gare de Bercy et non de Lyon, signe du déclassement clermontois aux yeux des responsables de la SNCF.

Lorsque le premier train pour Paris s’ébroue et que l’on est installé sous l’enseigne Chez Jean devant une tasse de café, à regretter le charme de l’ancienne brasserie, on peut soudain être rattrapé par une certaine appréhension. Que faire finalement une fois la mixture avalée d’ici le lever du jour?  Et si, finalement, à défaut de prendre le train, il était encore l’heure de retourner au lit ?

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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