Selon les différentes enquêtes, le maire demeure systématiquement, et largement, le personnage politique le plus populaire. Ou peut-être le moins honni. Une réalité constante qui, toutefois, présente des nuances selon que l’on se situe dans une grande ville ou une petite commune.
Plus le territoire se révèle restreint et plus la population juge qu’il est accessible, attentif et- finalement- qu’il n’appartient pas aux fameuses élites généralement exécrées. Celles qu’il est bon de railler et que l’on soupçonne de tous les privilèges, jadis réservées à l’aristocratie.
Le maire échappe donc- en partie- au désamour français pour ses représentants. Davantage que son écharpe tricolore, c’est la proximité relative qui l’en protège. Comme s’il était dans une position intermédiaire entre le haut de la pyramide et le bas de l’échelle, entre les nantis et les gueux, entre ceux qui décident et ceux qui subissent.
Ni enthousiasme, ni hostilité
Pourtant, les élections municipales, qui reviennent tous les six ans, sont loin de déchaîner les passions. « Que ce soit untel ou untel qui passe, cela ne va rien changer à mon quotidien» entend-on au bistrot du coin où l’on préfère, et de loin, commenter les dernières prestations, en demi-teinte, de l’ASM ou donner son avis sur la réforme des retraites version Edouard Philippe.
La participation enregistrée aux municipales reste correcte. Les deux tiers des électeurs, en moyenne, se déplacent, histoire d’accomplir leur « devoir électoral ». Un score qui situe cette compétition démocratique en dessous de l’incontournable présidentielle mais au-dessus des européennes, peu mobilisatrices, et, parfois même, des législatives.
La prime au sortant
Lorsque les présidents de la République valsent, les maires, eux, sont peu concernés par le « dégagisme ambiant ». C’est sans doute que cette élection ne se résume pas à un combat politique mais, peut-être, avant tout à une opposition entre des personnalités. Dans ce contexte, la prime au sortant est bien réelle. On reconduit par habitude et pour ne pas prendre de risque. Il n’est pas rare de voir les maires enchaîner les mandats et conduire leur ville jusqu’à un âge (très) avancé. Quand on aime le pouvoir, on ne compte plus…A Marseille, Jean-Claude Gaudin, 81 ans, va enfin jeter l’éponge après avoir régné sur la ville pendant un quart de siècle. A Levallois Perret, on se doute que Patrick Balkany (71 ans) serait reparti pour un tour de piste s’il n’avait été rattrapé par les affaires judiciaires et, ainsi, mis à l’ombre. Et à Lyon, Gérard Collomb (73 ans), bien qu’il est délaissé un temps ses concitoyens pour une peu glorieuse aventure ministérielle, s’apprête à être réélu… dans un fauteuil.
Citadelle socialiste
Clermont demeure un cas particulier dans le contexte national. Depuis 1919, en effet, et l’avènement de Philippe Marcombes qui succédait au « Républicain modéré » Ernest-Charles Vigenaud, la ville est demeurée immuablement à gauche. Au courant radical socialiste, majoritaire dans l’entre deux guerres, a succédé l’ère socialiste ouverte, en 1944, par l’arrivée de Gabriel Montpied à l’Hôtel de ville pour un long bail de 29 ans. Depuis la citadelle rose n’a jamais vacillé. Même un ancien Président de la République, peut-être trop sûr de lui, s’y est cassé les dents. Héritier de la famille, Olivier Bianchi entend bien maintenir la tradition, malgré les ambitions de ses adversaires et la déconfiture du Parti Socialiste au plan national. Aux électeurs de se prononcer le 15 et, probablement, le 22 mars dans le secret des urnes…
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