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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Tout dire…sauf ce qui fâche

L'affaire Mila est douloureusement significative d'une tendance à la restriction de la liberté d'expression, d'où l'on écarterait quelques sujets tabous en fonction de l'air du temps...

Une lycéenne tient des propos hostiles sur l’islam à travers les réseaux sociaux. La voilà bientôt menacée de mort, exfiltrée de son lycée et obligée de vivre recluse. En France, peut-on encore blasphémer ? La question est évidemment fondamentale, cinq années après l’attentat de Charlie Hebdo. Quelles sont les voix, aujourd’hui, s’élevant pour simplement, défendre la liberté fondamentale d’expression, sans laquelle toute forme de démocratie est illusoire ? Le pouvoir, qui n’est pas à une maladresse près et ne sait trop sur quel pied danser, est resté, peu ou prou, silencieux. Si ce n’est Nicole Belloubet, Garde des sceaux, qui, sur Europe 1, déclarait « l’insulte à la religion est une atteinte à la liberté de conscience  ». Elle s’est fait taper sur les doigts mais ce qui est dit ne peut tout à fait être effacé.

La France partagée

Dans le même temps, Elizabeth Badinter, Marcel Gauchet, Jacques Julliard et Pierre Le Goff estiment dans L’Express : « Nous paierons cher cette lâcheté. » Et un sondage inquiétant et significatif, publié par Charlie Hebdo, nous apprend que la France serait partagée sur le sujet du droit au blasphème. Bref, pour la moitié de nos concitoyens, on pourrait parler de tout sauf de ce qui fâche. Les barbus ont de beaux jours devant eux, assurément.

Haro sur le candidat

A Clermont, un candidat aux municipales est l’objet de pressions et de violences diverses. Eric Faidy a vu sa permanence dégradée à plusieurs reprises. Vitrine brisée ou fissurée, menaces plus ou moins voilées. Difficile pour lui désormais de s’exprimer sereinement alors qu’approche le premier tour. Il est vrai qu’il porte les couleurs d’un Président de la République qui n’est pas, aujourd’hui, en odeur de sainteté. Quelle que soit l’opinion des uns ou des autres, ce genre de débordement ne devrait pas avoir sa place dans une campagne électorale apaisée. Choisir la violence plutôt que le débat constitue aussi une forme d’atteinte à la démocratie et à la liberté d’expression.

Deux exemples du climat qui règne aujourd’hui sur notre pays. La tension y est palpable et permanente, l’air saturé d’ondes négatives et hostiles. En réalité, la société a rarement été aussi fracturée. Malgré tout- et quoiqu’il advienne- le printemps finira par arriver… Pourvu qu’il nous ramène un peu de légèreté.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Le délit de blasphème n’existe plus depuis la Révolution Française, on peut bien dire ce qu’on veut sur les religions ou leurs hypothétiques dieux. Le problème est dans l’incitation à la haine, car nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, selon la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789.
    Les contes et légendes pour enfants ainsi que le père noël font des adultes bien crédules… L’irrationnel a encore un bel avenir.

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