Pas facile de mourir ? Nul ne le sait, en réalité, car aucun, parmi les vivants, n’a connu ce genre d’expérience. La mort, en principe, est un voyage sans retour. Même si l’on nous raconte régulièrement l’expérience improbable de personnes ayant flirté avec l’issue fatale. Revenus in-extremis dans le bas monde, ils évoquent généralement une lumière, une quiétude, une forme de plénitude ou d’extase.
De quoi vous donner presque envie de rejoindre dare-dare l’au-delà. Mieux vaut, toutefois, rester prudent. D’autant que l’heure, inévitablement, finira par sonner…
Par contre, le fait de vieillir est l’inéluctable lot commun. Un pensum inextricable sans la moindre pause, le moindre répit.
Symptômes
« Tout commence un sale matin/ dans le miroir d’une salle de bain » chantait Alain Souchon dans sa chanson Toto 30 ans, rien que du malheur avec l’ironie douce-amère qui le caractérise. Et de décrire la chute des cheveux dans le lavabo, les kilos en trop et l’arthrose qui guette… Sans oublier les maux de tête récurrents, le souffle court et les amours qui vont de guingois. Ou plus d’amour du tout… Autant de symptômes auxquels il serait vain de vouloir échapper. Même les esthéticiens les plus doués, les produits de soin et de beauté les plus efficaces ne suffiront à parer à l’irrémédiable. « C’est pas le conquistador/ Ce has been jeune homme bouffi qui dort encore »…
Un chantier permanent
Vieillir en réalité est une expérience quotidienne, inlassable. Un processus irréversible de déconstruction, comme la nature, au rythme des saisons, en a le secret. A partir de 30 ans, dit-on, les cellules ne se régénèrent plus et le quotient intellectuel diminue. Le déclin est amorcé, plus dure sera la chute… Bref, à trente ans, on est un jeune vieux qui s’ignore, un senior en chantier. Le mieux est d’en prendre acte, d’accepter la sentence avec philosophie et un soupçon de distance. D’en relativiser la gravité et de faire contre mauvaise fortune bon cœur.
« Retendez moi la peau/ retendez moi le cœur/ J’suis qu’un pauvre Toto trente ans/ rien que du malheur… »
Comme disait pierre Dac « La mort est un manque de savoir vivre ! » Mais est-ce que vieillir ne serait pas un manque de savoir mourir ? Nous pleurons souvent nos proches partis trop tôt, je m’interroge sur l’acharnement à vouloir partir… Trop tard. JLG