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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Le monde idéal du Salon de l’agriculture

Au Salon de l'agriculture, inauguré en grandes pompes par le Chef de l'Etat, il ne sera pas question de la dernière vidéo dévoilée par l'association L214. Ce serait évidemment fâcheux pour l'image de l'élevage...

Côté lumière, le Salon de l’Agriculture, à la Porte de Versailles, où tout le monde il est bon, tout le monde il est gentil. Côté obscur, une vidéo publiée par l’association L214 qui, une fois encore, décrit les abominables conditions de mises à mort dans les abattoirs français. Cette fois-ci, il s’agit d’un établissement pratiquant l’abattage rituel et qualifié de bio, situé à Boulazac en Dordogne.  Ce qui, dit en passant, en dit long sur le sérieux de certains labels. Des conditions que l’ancien PDG de Renault, Louis Schweitzer, désormais président de la Fondation Droit Animal, qualifie « d’inhumaines ».

Dans le sens du poil

On l’appelle régulièrement « la plus grande ferme de France ». En réalité, il s’agit plutôt d’un immense parc d’exposition où se concentrent éleveurs, animaux, producteurs, public (urbain ou rural) et hommes politiques, venus croquer la pomme, goûter aux fromages et tâter la croupe des vaches comme Jacques Chirac avait l’art de le faire. Il ne refusait jamais, paraît-il, le petit coup de blanc ou la gorgée de calva. La croupe des vaches, peut-être, mais, en l’occurrence, c’est surtout le monde de l’agriculture qu’il s’agit de caresser dans le sens du poil dans une opération de communication dont les hommes politiques, de nos jours, sont coutumiers.

Passage obligé

Ils y passeront tous, ou presque, même si les agriculteurs pèsent moins lourd aujourd’hui dans une France avant tout urbaine. Ils iront ainsi de stand en stand, mi-chèvre, mi-chou, dans un style le plus décontracté possible, écoutant les doléances, faisant bonne contenance et n’hésitant pas à lever le coude si la situation l’impose. Ils donneront ainsi l’impression de tout savoir du crottin de Chavignol, du gaperon puant ou de la fourme d’Ambert à ne pas confondre avec celle de Montbrison. Et ils seront accompagnés d’une bardée de journalistes et photographes, dûment accrédités, à la recherche du bon mot ou de la belle image pour nourrir leurs médias respectifs. On ne résiste pas à ce marronnier de la fin février.

Le salon est ce passage obligé où l’on présente un monde agricole presque parfait, reflet des belles provinces françaises avec leurs traditions et leurs spécialités. Ce terroir enchanteur et pourtant souvent désenchanté. Quant aux vaches, cochons et autres moutons, traînes, malgré eux, dans ce vaste cirque, ils repartiront prochainement vers leurs prairies ou leurs étables avant d’être livrés, bientôt, au couteau du boucher. Après la lumière, le côté obscur…

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Bonjour Monsieur Marc François,
    Merci beaucoup pour ce bel article
    Merci de partager avec nous votre point de vue sur ce salon
    Merci pour les Animaux qui eux ne peuvent s’exprimer .
    Michèle

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