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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Le grand flou de la transition énergétique

Au moment où les prix de l'énergie flambent et où les ressources ne sont plus garanties, il est légitime de s'interroger sur les choix politiques et industriels.

« La fin de l’abondance » s’exclamait Emmanuel Macron, il y a quelques jours.  Nous vivons probablement, en effet, une époque charnière au cours de laquelle se manifestent les limites de la surconsommation et du capitalisme effréné, tout autant que le manque de vision à long terme de nos responsables. La fameuse transition énergétique apparaît en tout cas comme un problème complexe dont les tenants et les aboutissants ne sont pas clairs. Et devant laquelle, il est difficile aujourd’hui d’entrevoir les solutions pérennes, satisfaisantes et résolument écologiques.  En dépit des promesses, des affirmations des uns ou des résolutions des autres.

La guerre en Ukraine a certes accéléré le processus … Mais les problèmes de fond préexistaient. En fait, l’équilibre, depuis un certain temps, ne tenait qu’à un fil.

Sur quatre roues

Le problème de l’automobile n’est certes que l’un des aspects de cette crise mais il en est l’un des exemples les plus frappants. La voie industrielle choisie à moyen terme est délibérément celle du tout électrique. Ce qui demandera évidemment une très forte augmentation de la production mondiale de la ressource. Or à quoi assiste-t-on aujourd’hui ? A une pénurie historique non pas due à la crise ukrainienne (elle a davantage de conséquences sur le gaz) mais à des situations structurelles qui affectent la France en particulier. Pour la première fois, des coupures sont envisagées cet hiver qui pourraient toucher non seulement les entreprises mais aussi les foyers. En cause, la vétusté et l’entretien nécessaire des centrales nucléaires et le redéploiement vers des énergies renouvelables qui n’a pas été effectué. Des choix (ou peut-être une absence de choix) très politiques qui engendrent aujourd’hui une situation pour le moins chaotique.

Privilégier le nucléaire ? C’est oublier les risques que cela engendre, faire fi des catastrophes qui se sont déjà produites ces dernières décennies. Jouer avec le feu, en quelque sorte. S’en remettre aux énergies renouvelables ? C’est faire fi de leurs limites évidentes; un leurre, de toute évidence. D’autant plus que les éoliennes, dénaturant les paysages, au point de les défigurer, sont rejetées par une grande partie de la population.

A la casse

Bref, la voiture de demain a de quoi interroger en ces temps de disette électrique. A se demander si l’on ne met pas la charrue avant les bœufs. Non seulement l’automobile électrique présente encore aujourd’hui un prix d’achat quasi prohibitif pour la majorité des Français mais l’augmentation en flèche du prix de l’électricité n’a pas de quoi rassurer pour l’avenir. Pas plus que la capacité de production à moyen terme, c’est-à-dire dans les quinze prochaines années, n’est aujourd’hui garantie.

C’est dans ce contexte que se dessinent, à l’horizon 2025, l’instauration de quarante-trois ZFE (Zones à Faibles Emissions)  dans les agglomérations françaises de plus de 150.000 habitants parmi lesquelles Clermont*. A cette date, la circulation d’un grand nombre de voitures thermiques (les vôtres, la mienne) devrait être interdite dans les centres villes. Cela signifierait la mise à la casse de plusieurs millions de véhicules en parfait état de marche. Et, au moment où le niveau de vie des Français s’effondre, la perspective a de quoi faire frémir et paraît totalement inconséquente, même sur le plan écologique.

*Interrogé sur le sujet ZFE à Clermont, le maire Olivier Bianchi annonce que l’interdiction ne concernerait que les véhicules circulant à titre professionnels : transports en commun, taxis, artisans, livreurs…

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

4 Commentaires

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  • Petite erreur de frappe ?
    “A cette date, la circulation d’un grand nombre de voitures thermiques (les vôtres, la mienne) devrait être interdite dans les centres villes (…)
    *Interrogé (…) le maire Olivier Bianchi annonce que l’interdiction ne concernerait que les véhicules circulant à titre professionnels : transports en commun, taxis, artisans, livreurs“
    J’imagine qu’il faut lire “l’interdiction ne concernerait PAS les véhicules circulant à titre professionnels : transports en commun, taxis, artisans, livreurs“.
    L’erreur est humaine, mais ça ne veut pas du tout dire la même chose !

    • Véronique Bagros, il ne s’agit pas d’une « erreur humaine ». La délibération de Clermont Auvergne Métropole stipule : Concernés ZFE : Véhicules utilitaires légers et poids-lourds destinés au transport de marchandises non classés Crit’Air à partir du 1er juillet 2023, et VUL et PL Crit’Air 4 et 5 en 2027. Voitures et motos sont exclues de ce dispositif sauf lors des éventuels pics de pollution.

      • Tu blagues ? l’interdiction ne concernerait que les véhicules circulant à titre professionnels : transports en commun, taxis, artisans, livreurs ?

        • et les petits « auto- entrepreneurs » , léger oubli …. car eux aussi sont immatriculés …. mettez vous « à vous compte » et transportez tous vos outils et autres cartons en vélo ! ça monte ? descendez et poussez; les cours de gym sont ainsi gratuits ….
          Rappel du prix d’un véhicule utilitaire électrique ?!
          on prendra où l’électricité au fait ? ça promet …..
          tous à la campagne !!

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