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Affichage sauvage / Photo Jeunes républicains 63
Photo Jeunes républicains 63
Vie publique

La Guerre des affiches dans les rues de Clermont

En marge des grandes manifestations, les murs, le mobilier urbain et les panneaux d'affichage citoyen sont devenus des supports fort prisés pour contester. Les forces en présence se les disputent... il faut bien se faire entendre.

En ces temps de mobilisation et de mouvements sociaux, la ville de Clermont est redevenue le théâtre d’opération des armées engagées dans la Guerre des affiches. En amont des grands rassemblements, les panneaux d’expression libre mais aussi les murs propices au collage sauvage, se sont progressivement recouverts d’affiches émanant de partis politiques et de syndicats qui ne laissent aucun doute quant à l’accueil réservé à la réforme des retraites. La méthode qui consiste à recouvrir le maximum de surface pour se faire entendre, génère naturellement quelques agacements surtout du coté des équipes faiblement dotées en bras, pinceaux et colle. Illustration avec le raid nocturne des Jeunes Républicains 63 qui ont recouvert d’autocollants « Affichage sauvage interdit » des affiches, effectivement sauvages, de La France Insoumise titrant  « Non à la retraite à 64 ans ». Dans un communiqué de presse, sur leur page Twitter, ils ont ensuite accusé la Nupes de « saccager la ville ». Cela n’est pas sans rappeler d’anciennes histoires d’autocollants sur les feux tricolores et d’affichage un peu envahissant durant les deux derniers tours des élections municipales.

Au détriment des citoyens et des petites associations

Si l’affichage sauvage est interdit, mais pas vraiment combattu (sans quoi le principal colleur d’affiche de concerts serait embêté par la justice depuis belle lurette), se pose aussi la question des panneaux dits d’expression libre, qui curieusement à Clermont, se nomment Affichage associatif. Les citoyens et les structures qui ont statut loi 1901, doivent pouvoir y coller ce que bon leur semble, dans le respect des règles liées à la diffamation. L’association toulousaine Un Mur Dans le Réel (lire notre article du 24/11/2022) qui a ouvert une antenne à Clermont à la fin de l’été dernier, milite pour que cesse l’affichage illégal sur ces panneaux, c’est à dire l’affichage de type publicitaire, émanant d’entreprises à but lucratif, et prône un usage raisonné des panneaux avec partage de l’espace. Un représentant local d’Un Mur Dans le Réel reconnait que la situation s’était arrangée ces derniers mois avec une meilleure cohabitation mais que depuis les mouvements sociaux la situation s’est de nouveau dégradée, forcément au détriment des citoyens et des petites associations qui n’ont que des affichettes photocopiée A3 à leur disposition. Cette situation est parfaitement illustrée sur le compte Twitter de ces mêmes Jeunes Républicain 63, par une photo prise par leurs soins, d’un panneau associatif qu’ils ont recouvert, quasiment dans sa totalité, par 3 affiches identiques. Comme quoi, toute action, même légale, n’est jamais neutre.

Remplacer les affiches publicitaires

Alors que la colère se fait entendre dans les rues de la capitale auvergnate, un nouveau type d’affichage, lui aussi sauvage, est apparu au détriment cette fois d’un « gros » qui se nomme JCDecaux et des ses clients, souvent gros eux-aussi. Des militants, portant gilets, non pas jaunes, ni rouge mais verts, ont trouvé la solution, pour ouvrir les fameuses « sucettes », déposer les affiches publicitaires qu’elles contiennent afin de coller des affichettes A4 imprimées, témoignant d’un  engagement politico-social certain. Les employés de JCDecaux qui doivent, eux aussi, attendre de pouvoir prendre leur retraite à un âge raisonnable, ont du pain sur la planche pour remettre les panneaux en état et reposer les affiches des clients. De leur côté, le personnel municipal et les prestataires vont également devoir partir en commando nettoyage sur les emplacements illégaux du domaine public… mais sans doute est-il inutile qu’ils se précipitent, la contestation ne semblant pas vraiment perdre de sa vigueur.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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