Toute les communes françaises sont tenues de mettre gratuitement à disposition un ou plusieurs emplacements destinés à l’affichage d’opinion ou à la publicité inhérente aux activités des associations à but non lucratif. Cette disposition est inscrite dans un article du Code de l’environnement qui fixe, de manière précise, la surface minimum d’affichage obligatoire*. Bien souvent les citoyens ignorent l’existence de ces panneaux, soit parce qu’ils sont absents, leur commune ne respectant pas le code, soit parque ce qu’il sont « squattés » par de l’affichage publicitaire privant de visibilité tout affichage de libre expression ou associatif. Face à cette situation, l’association Un Mur Dans le Réel, créée à Toulouse il y a sept ans, est en train d’installer des antennes locales un peu partout sur le territoire, dont une à Clermont, ouverte en octobre dernier.

« Ils comprennent pas que ces panneaux sont faits pour eux »

« Notre mission est d’informer les citoyens des quartiers et les associations que ces panneaux leurs sont destinés et qu’ils ont le droit d’afficher ce qu’ils veulent dessus, annonces, poèmes, phrases, photos… » explique le représentant local d’Un Mur Dans le Réel « Evidemment ils doivent respecter la loi. Pas de diffamation, pas de message racistes ou homophobes, pas d’appel à l’émeute… la majorité des gens qui passent devant ces panneaux voient des publicités dessus et pensent qu’il s’agit d’affichages commerciaux et ne comprennent pas que ces panneaux sont faits pour eux ». poursuit-il. « Nous avons également lancé une cartographie collaborative de l’ensemble des réseaux sur le territoire français. Pour diverses raisons les mairies ne veulent pas toujours communiquer les emplacements, alors cette cartographie permet de vérifier que la loi et les règles sont bien respectées. Elle permet également à tout le monde de savoir où sont les panneaux pour pouvoir les utiliser n’importe où en France »

Faire cesser les affichage illégaux

« Notre troisième mission est de faire cesser les affichages illégaux » précise le membre actif d’Un Mur Dans le Réel « Ceux qui connaissent l’existence des panneaux, en particulier les associations, ne les utilisent plus parce qu’ils affichent avec des petits moyens, souvent des photocopies A3, et sont recouverts dans la foulée. Nous voulons faire cesser l’affichage illégal notamment des producteurs et des salles de spectacles professionnels qui utilisent ces panneaux. Nous les avons contactés mais ils se dédouanent en expliquant qu’ils font sous-traiter l’affichage et que de fait, ils n’en sont pas responsables. Des entreprises privées montent parfois des associations parallèles pour détourner la règle, mais certaines structures puissantes sont aussi des associations. Dans ce cas nous demandons juste un partage de l’espace avec une seule affiche au lieu de trois qui masquent tout. Nous faisons régulièrement des photos et portons plainte auprès du tribunal administratif si besoin mais le temps que la justice fasse son travail, les spectacles sont passés et les affaires classées. Nous n’avons pas envie de devenir la police des panneaux. Nous demandons juste le respect de la loi et le partage de l’espace d’expression pour tous les citoyens ».

Mobilisation sur le terrain

En octobre dernier une grosse mobilisation de terrain a réuni des adhérents dans une 60ène de villes ou village en France dont Clermont. L’Acte zéro s’est matérialisé par un teaser avec le mot SURPRISE, puis une information sur le droit d’expression et le rôle des panneaux. En novembre l’Acte 1 a eu pour but de préciser le cadre juridique. En parallèle les membres de l’association peuvent imprimer et coller des messages à la demande d’autres membres qui en font font la demande par internet, chaque demande étant validée par un comité d’éthique. Cette mobilisation de terrain doit permettre, à terme, de rééquilibrer l’utilisation de l’espace, à condition toutefois que tout le monde y mette du sien, car une association de quartier n’aura jamais les moyens de rivaliser avec un cirque ou une tournée internationale.

Clermont dans les clous

L’association Un Mur Dans le Réel a débuté le travail de recensement des panneaux sur la métropole clermontoise. Pour la commune de Clermont, elle a répertorié et cartographié environ 70 panneaux sur lesquels figure la mention affichage associatif mais pas celle liée à l’affichage d’opinion. La capitale auvergnate est donc dans les clous. Le bureau local qui compte encore peu de membres, poursuit actuellement le travail de recensement des panneaux sur les communes de la métropole avec, à la clé, les premiers constats. Certaines communes limitrophes comme Aubière respectent manifestement le code, ce qui ne semble pas être le cas de Beaumont, où aucun panneau n’a pour l’instant été repéré… mais le travail continue et tous les citoyens qui veulent participer aux actions peuvent adhérer à l’association. Ils peuvent ainsi prendre part à une forme de défense de la démocratie.

*Article R581-2 : 4 m² pour les communes de moins de 2 000 habitants, 4m² + 2 m² supplémentaires par tranche de 2 000 habitants supplémentaires pour les communes de 2 000 à 10 000 habitants, 12 m² + 5m² supplémentaires par tranche de 10 000 habitants supplémentaires pour les communes de plus de 10 000 habitants.