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Patrice Chazottes / Photo Ville de Clermont
Patrice Chazottes / Photo Ville de Clermont
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Clermont 2028 : qu’y a-t-il dans le dossier ? Réponses de Patrice Chazottes

La rédaction du dossier de candidature de Clermont et du Massif central au titre de Capitale européenne de la culture pour 2028, est terminée ; le document vient tout juste de partir chez l'imprimeur. Pour l'occasion, nous avons cherché a en connaître le contenu auprès du directeur de l'association qui porte le projet.

La Candidature de Clermont et du Massif central au titre de Capitale européenne de la culture en 2028, arrive à un moment clé, avec le dépôt officiel du dossier au Ministère de la Culture, le 2 janvier prochain. Patrice Chazottes, directeur de l’association Clermont 2028, a accepté de nous montrer une copie de ce fameux dossier et nous l’avons interrogé sur son contenu.

Un document A4 de moins de 60 pages

7 Jours à Clermont : Alors c’est cela le dossier ? Un dossier pas très épais au format 21 x 29,7 ?
Patrice Chazottes : En fait tout cela est très normé. Le document doit être présenté au format A4 et ne pas dépasser 60 pages. Dans ce dossier, rédigé comme une note d’intention, il y a 6 chapitres qui sont en réalité des critères : stratégie à long terme, contenu culturel et artistique, dimension européenne, porté de l’opération, gestion et capacité de réalisation et pour ces 6 thèmes, nous avons toute une série de questions auxquelles nous devons  répondre.

7JàC : Quel genre de questions ?
P.C : Parfois ce sont des questions simples et basiques. Par exemple, pourquoi la ville souhaite participer au titre de Capitale européenne de la culture ? La ville a-t-elle une zone environnementale associée au projet ? Ou encore description du profil général culturel de la ville… En fait le dossier explique tout simplement pourquoi nous voulons être candidat et quelle est la politique culturelle menée ces dernières années.

7JàC : En fait le dossier doit prouver une certaine capacité à évoluer ?
P.C : Oui ce qui intéresse l’Europe c’est la trajectoire. Il faut apporter les réponses au pourquoi de la candidature, à quoi cela va servir d’être Capitale et quelle est la vision sur le long terme après avoir été Capitale…qu’est ce qui va rester ?

7JàC : L’Europe risque-t-elle d’être sensible au fait que la candidature est portée par une ville et un territoire tout entier ?
P.C : Sans doute. Nous devons expliquer pourquoi nous avons besoin de l’Europe mais aussi pourquoi nous avons, à un moment, ouvert cette candidature à tout le Massif central.

7JàC : Justement c’est quoi la justification d’avoir ouvert à un territoire aussi vaste ?
P.C : On dit tout simplement que Clermont, est une métropole d’équilibre avec le reste du Massif, que nous sommes au milieu de la ligne Saint-Etienne/Limoges, que Clermont c’est la ville où les jeunes viennent étudier, où l’on vient se soigner… cette ville est un catalyseur de beaucoup de choses. Même si le territoire est immense, la densité est faible, avec seulement 3,7 millions d’habitants et dans une société avec des services administratifs qui sont de plus en plus contraints, les habitants sont obligés de venir jusqu’à, entre guillemets, la capitale qu’est cette métropole.

7JàC : Et la culture au milieu de tout cela ?
P.C : La culture n’est pas hors sol. Elle s’appuie sur les dynamiques de déplacements mais en retour, on veut que tout le territoire, y compris les zones les plus éloignées de la métropole puissent, bénéficier de la dynamique culturelle de la Capitale.

Nous n’avons pas travaillé que sur de grands événementiels

7JàC : La candidature a débuté avec Effervescences. Les opérations qui ont été menées depuis 7 ans font-elles l’objet d’un bilan dans le dossier ?
P.C : On explique en effet ce qui a été fait depuis 2016 dans le chapitre « portée de l’opération ». On revient également sur les État Généraux de la Culture et tout ce que nous avons mis en place depuis la création de l’association. Cette partie explique clairement que nous n’avons pas travaillé que sur de grands événementiels mais aussi sur de nombreuses opérations croisées qui ont permis à différentes catégories de population de donner leurs avis. C’est quelque chose d’important de démontrer que ce ne pas toujours les élus ou les dirigeants d’entreprises qui ont la parole. C’est pour cela que nous avons mené des actions dans les écoles ou au CHU par exemple. Cela nous a permis de toucher des publics très différents et d’avoir un retour dans le but d’un vrai partage.

Patrice Chazottes_2 / Photo Ville de Clermont
Photo Ville de Clermont

7JàC : Vous avez l’impression que ces populations ont une vision claire de ce qui est fait ?
P.C :  Ce dossier peut paraître lointain et abscons à certains. Notre fonction à l’association sera de faire de la communication une fois que le dossier sera déposé. Comme c’est un concours, il y a des éléments que nous tenons encore secrets. Mais dès qu’il sera rendu public, en janvier, nous expliquerons les choses. Il faudra expliquer certains discours comme celui par exemple sur la mobilité culturelle. Nous présenterons alors la Cie Colportage, des rendez-vous secrets, des réseaux d’artistes… Tout cela sera mis en avant et chacun pourra comprendre que la candidature favorise la relation humaine, qu’elle est inclusive, qu’il y aura parité au niveau des artistes… toutes ces choses qui peuvent paraître un peu à la mode en ce moment dans la société mais qui sont, avant tout, des valeurs qui apparaissent fortement dans nos actions.

7JàC : Entre 2023 et 2028, 5 ans auront défilé, y a t-il un risque d’obsolescence ?
P.C : Évidemment, c’est pourquoi il ne faut pas que ce dont nous parlons soit daté. Le dossier doit correspondre à la société de 2028. D’où l’idée de partir sur des valeurs profondes : le partage, le collectif, la participation, la co-construction des choses qui seront nécessaires dans la société à ce moment là.

Il ne faut pas voir la candidature comme un spectacle de plus ou une projection cinéma

7JàC : Au final le but est de montrer que le projet bénéficiera au développement du territoire 
P.C : Evidemment. C’est le secteur culturel qui va le porter mais pas seulement. Il ne faut pas voir la candidature comme un spectacle de plus ou une projection cinéma. Cela va bien au delà de cela. On parle d’accueil, d’habitat, de stabilité des salariés dans les entreprises. Le projet est donc éducatif, social, économique et doit séduire visiteurs et éventuels futur habitants qu’ils soient du Massif central ou d’autres territoires français et européens.

7JàC : En mars prochain le dossier se retrouvera dans une liste réduite…ou pas. Que va t-il se passer d’ici là ?
P.C : On fait tout pour gagner alors il est évident que l’on doit être dans cette short list… A partir de janvier, nous communiquerons comme je l’ai dit, mais nous préparerons aussi un oral de 45 minutes qui sera accompagné de 45 minutes de questions posées par un jury européen composé de 12 personnes. Il devrait avoir le lieu le 10 mars et une délégation d’une dizaine de personnes représentera la candidature. Si la candidature est retenue, nous aurons un nouveau dossier à rédiger de 100 pages celui-ci, qui reprendra les 30 pages enrichies de propositions artistiques et de projets, pour un dépôt en septembre 2023. Le Jury fera le déplacement en novembre et nous aurons un nouvel oral en décembre suite à la visite de ce jury. Le parcours 2023 sera donc assez dense.

7Jac : Pour conclure,  qu’est ce qui va faire gagner Clermont ?
P.C : L’axe fort que l’on a choisi : une capitale de transition, transition en regardant ce qui s’est fait à Marseille, à Lille ou ailleurs. Cette capitale qui prend aussi en compte ce que sont l’Auvergne et le Massif, un territoire qui n’est pas super riche mais qui doit composer avec ses savoir-faire, avec sa manière de vivre, sa manière d’accueillir les cultures européennes et celles du monde entier. Cela passera par le spectacle vivant, les arts plastiques…et il aura sans doute de belles collaborations avec le continent africain ou sur la partie numérique avec un pays asiatique.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • « …sommes au milieu de la ligne Saint-Etienne/Limoges » : mais qu’est-ce que cela veut bien signifier ?
    Clermont et le Massif central sont aussi au milieu de l’axe Bordeaux/Genève et de celui de Paris/Montpellier, n’est-ce pas ?

    Autre chose, lire « le partage, le collectif, la participation, la co-construction des choses qui seront nécessaires dans la société à ce moment-là. »
    Ces fameux mots ‘participatif et co-construction’ utilisés pour tout, ne définissent pas grand-chose finalement.

    Il faudrait d’abord que la ville et sa métropole retrouvent l’apaisement tant souhaité par son plus haut représentant. Or, avec les zones de non-droit que sont devenus les quartiers de la Gauthière et des Vergnes, les tarifs de drogue qui s’invitent sur les murs de la place Saint Eutrope, une rue des Jacobins en dépérissement et les traces d’une ville plutôt sale – il n’y a qu’à se promener les weekends près de la place des Carmes nouvellement refaite ou celle des Salins ! – pour douter du projet.
    Si on y ajoute les alentours immédiats de la Poste devenus la citadelle d’une bande d’alcooliques et des marches du théâtre municipal squattées par les sans-abris pour se projeter sur à quoi ressemblera la ville en 2028.
    Personnellement, cela ne me fait pas trop rêver !

    Comme le faisait remarquer Marc François en août 2019 dans l’un de ses posts : l’apaisement dans cette ville, c’est en août…
    A mon avis, c’est bien trop peu pour prétendre à ce titre de ‘Capitale européenne de la culture’. Et ce n’est pas le trompe l’œil qu’est le programme général des ravalements de façades qui devrait faire la différence !

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