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Derrière les fenêtres illuminées, au soir, des confinés clermontois- photo Patrick Bossin.
Edito

Confinement d’un citadin très ordinaire

Que faire en période de confinement lorsqu'on habite en ville? Pas grand-chose, en réalité, à part attendre que le temps passe. Et regarder par la fenêtre...

Rien de telle qu’une épidémie de coronavirus pour prendre conscience combien des gestes quotidiens, des déplacements, des rencontres, un café au bistrot peuvent se révéler précieux. Dans nos vies de confinés, soumis aux attestations pour la moindre de nos sorties (et peut-être bientôt au couvre-feu ?), le temps est évidemment long, le rythme, différent et austère. Les jours de la semaine se ressemblent et les week-ends disparaissent. D’ailleurs, quel jour sommes-nous?

Je voulais au moins profiter de cet épisode pour me remettre à lire. Une saine activité que je ne pratique généralement qu’en vacances et encore avec une relative modération. Hélas, les librairies sont fermées et les commandes par Internet sont proscrites lorsqu’on habite un immeuble collectif dépourvu de digicode. Il me faudra donc relire des ouvrages qui figurent dans ma modeste bibliothèque. Une façon de tourner en rond.

Tourner en rond, voilà une occupation toute indiquée en période de confinement. Tourner en rond et se rasseoir. Se rasseoir et tourner en rond. C’est précisément le moment que, derrière la fenêtre, le printemps a choisi pour se manifester. Ah, comme, il doit faire bon dans les parcs et jardins de la ville dont les grilles, hélas, sont hermétiquement closes. Et d’imaginer les oiseaux gazouillant joyeusement et les rares écureuils s’en donnant à cœur joie.

Le règne de l’attestation

« Je, soussigné, Monsieur… demeurant… certifie que mon déplacement est lié au motif autorisé par l’article 1er du décret du 16 mars 2020 portant réglementation des déplacements dans le cadre de la lutte contre la propagation du virus covid-19 ». Et d’énoncer l’un des cinq motifs autorisés. L’indispensable sésame constitue comme une bouée de sauvetage. Les rares sorties sont attendues et vécues comme des moments de grâce. Tout à l’heure, en allant acheter de quoi me nourrir, j’ai même rencontré  des êtres humains. L’un d’entre eux portait un masque.

Pour le moment, je vapote. Je vapote comme d’autres grignotent. Mais les résistances de ma cigarette électronique s’épuisent. Bientôt, il n’y en aura plus… Je serai alors peut-être « contraint » de me remettre à fumer puisque les bureaux de tabac, eux, restent ouverts. Cigarettes ou cigares ? La question n’est pas tranchée.

De long en large

Ah, quand reviendront donc les retransmissions sportives ? Comme elles nous auraient agréablement accompagné lors de ce languissant épisode… Un bon Giro d’Italie ou des matchs de la Premier League (n’allons tout de même pas jusqu’à regretter l’insipide Ligue 1), un tournoi de golf ou une partie de tennis. Mais rien, décidément, à se mettre sous la dent, puisque l’épidémie touche le monde entier. Le report de Roland-Garros et des 24 Heures du Mans au mois de septembre, comme celui de l’Eurofoot à l’année prochaine, n’ont rien de rassurant. La disette sportive risque de s’éterniser.

Et ce voisin du dessus, imperturbable, insupportable, qui n’en finit pas de faire du bruit, marchant de long en large sur ce parquet dont il est si fier ou astiquant son appartement du matin au soir.

Il n’y a guère que les nuits qui ne soient affectés par cette séquence. Le sommeil reste réparateur et les rêves, encore, permettent de s’échapper. Sans qu’une attestation soit nécessaire.

Demain comme aujourd’hui

En 1970, Michel Sardou chantait « Qu’est-ce qu’on s’emmerde le dimanche ». Lors de cette séquence, au cours de laquelle le dimanche n’existe pas, un nouveau tube pourrait fleurir qui porterait le titre de Qu’est-ce qu’on s’ennuie en période de confinement.

L’été finira bien par venir. Mais le coronavirus nous vole le printemps. Et bientôt, ce sera l’automne… Alors, au soir, je bois un verre solitaire.

 

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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