Même la démocratie est comme suspendue en cette période si particulière où certains redécouvrent le couvre-feu et où il n’est pas question de sortir de chez soi sans une attestation dérogatoire en règle. L’explication ? Un sale virus qui se trimballe et se propage et des services hospitaliers qui ne savent pas trop comment ils vont faire face aux afflux de malades lorsque le pic épidémique sera atteint. Ce qui ne devrait plus trop tarder, désormais… Autour d’Emmanuel Macron, le président de la République, c’est un gouvernement de médecins et de scientifiques qui est à la manœuvre. Et d’évoquer une guerre à mener pour éviter une catastrophe sanitaire.
Pavé et mines
D’habitude si prompts à dégainer, les leaders politiques font, pour l’heure encore, preuve d’une certaine prudence et en appellent à la responsabilité et à l’effort national. Ça n’est pas le moment de jeter un pavé dans la marre. Ils pourraient s’en trouver éclaboussés. Les premières mines sont venues du camp même du Président : Agnès Buzyn, l’ex ministre de la santé, jetée en pâture dans l’élection municipale parisienne, a dénoncé « la mascarade » que constituerait la gestion de la crise sanitaire par l’exécutif. On n’est jamais mieux trahi que par les siens.
A deux ans des présidentielles, le chef de l’Etat joue gros durant cet épisode si particulier et imprévisible. Et il sait très bien que le consensus relatif qui a régné au début de la crise ne tardera pas à voler en éclat, libérant la parole. L’heure, alors, ne sera plus à la modération et au front commun… Et c’est tant mieux car il n’y a pas de démocratie qui tienne sans débat, sans avis contradictoires, sans confrontation d’idées et même sans polémiques.
Des municipales en pointillé
Suspendues. Les élections municipales le sont également, pour le moment, entre un premier tour, joué à la fin de l’hiver et un second qui pourrait avoir lieu à l’été. Une bizarrerie électorale dont on ne sait quelles répercussions elle pourra avoir sur le prochain scrutin. De combien de temps disposeront les candidats qualifiés pour effectuer un semblant de campagne ? L’abstention si massive lors du premier tour ne risque-t-elle pas d’atteindre de nouveaux sommets alors que les vacances estivales pointeront le bout de leur nez ? En attendant, les qualifiés, confinés, fourbissent sans doute leurs armes tandis que les tractations se mènent à l’ombre et par téléphone interposé. Quant aux maires déjà élus (mais pas officiellement), ils attendront encore un peu pour porter, autour de leurs cous, la fameuse écharpe tricolore et savoir si elle leur va bien au teint.
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