Rien n’est encore fait et pourtant tout indique que la candidature de la Chaîne des Puys/Faille de la Limagne au patrimoine mondial de l’UNESCO va aboutir favorablement. L’avis positif, rendu par l’UICN, organisme indépendant mais qui a l’oreille de l’UNESCO, est en effet bien davantage qu’un indice. Il est généralement précurseur d’un événement heureux. Et le 42e Comité du Patrimoine Mondial devrait logiquement inscrire le site dans la liste mondiale pour ses qualités de « haut lieu tectonique ». Une fin hautement positive pour un dossier qui, de péripéties en congrès, de travail de fond en rencontres, de mobilisation en relecture, se prolonge depuis une décennie.
Travail diplomatique
Le dernier épisode se joue donc se jouer à Bahreïn, jusqu’au 2 juillet. Mais l’incertitude est faible. Initiateur de ce projet en tant que président du Conseil départemental, Jean-Yves Gouttebel se veut prudent. Mais à demi-mot, il avoue que « Il s’agit juste, désormais d’une formalité… » En effet, le Comité mondial suit toujours les recommandations de l’UICN en cas d’avis favorable. Toutefois, c’est une réalité, ce sont les vingt et un états membres du comité qui auront le dernier mot et il serait malencontreux de trébucher sur la dernière marche. D’où la nécessité de s’entourer d’un maximum de précautions et d’effectuer, jusqu’au bout, un travail diplomatique et de lobbying. L’affaire paraît d’autant mieux engagée que, cette année, la Chaîne de Puys/Faille de la Limagne Haut lieu tectonique est le seul dossier présenté et soutenu par l’Etat français en tant que bien naturel. « Avec le congrès, nous entrons dorénavant dans une phase d’examen, nous partons avec un avis favorable et il nous faut maintenant concrétiser » estime Jean-Yves Gouttebel.
Un exemple de rift sur 400 km²

Au-delà de son simple aspect volcanique, ce sont les particularités tectoniques de la Chaîne des Puys/Faille de la Limagne qu’ont reconnu les experts de l’UICN. Le site est un rift, un lieu exceptionnel, témoin de la rupture continentale avec une chronologie cassure, soulèvement et phénomènes volcaniques. Il réunit ainsi la longue faille de la Limagne, un bassin d’effondrement, un alignement de volcans et un plateau surélévé. Un ensemble qui démontre de façon explicite comment la croûte continentale se fissure puis s’effondre, permettant au magma profond de monter, entraînant un soulèvement généralisé à la surface de la terre. Le périmètre s’étend sur environ 240 km² pour la zone cœur et 400km² pour la zone dite tampon.
Le premier en métropole
En cas de classement, vraisemblablement le 1er juillet, le site rejoindrait trois autres sites français déjà classés au patrimoine mondial comme biens naturels parmi les 206 mondiaux: les lagons et récifs coraliens de Nouvelle-Calédonie, les pitons, cirques et remparts de l’Ile de la Réunion et le Golfe de Porto( calanche de Piana, golfe de Girolata et réserve de Scandola). Plus remarquable, il deviendrait le premier site classé en tant que bien naturel en métropole.
Une délégation à Bahreïn
Une délégation du Puy-de-Dôme se rend donc à Bahreïn afin de participer au Comité et défendre la candidature, officiellement soutenue par l’ambassadeur français auprès de l’UNESCO. Elle est emmenée par Jean-Yves Gouttebel, le président du Conseil départemental, et Eric Gold, conseiller départemental de Maringues et sénateur du Puy-de-Dôme, très impliqué dans ce dossier, et comprend également des techniciens. En cas de succès vraisemblable, une étape déterminante sera franchie mais il restera à faire fructifier cette inscription, notamment en terme touristique tout en veillant scrupuleusement à la conservation du site.« Selon les études de retombées, la fréquentation, suite à une inscription, peut augmenter de 20 à 100%. Un tel classement représente une formidable ouverture sur le monde pour l’ensemble d’un territoire » estime Jean-Yves Gouttebel. Bahreïn devrait donc constituer l’aboutissement de onze années d’efforts mais aussi le début d’une autre phase, également déterminante. Celle de la valorisation…Fort heureusement, celle-ci s’effectuera dans le cadre strict défini par le label UNESCO, constituant une sorte de garde-fou environnemental pour l’avenir du site à moyen terme…
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