1892 : Émile Raynaud, résident du Puy-en-Velay, invente le praxinoscope, une évolution du zootrope, utilisé précédemment pour de l’animation. Cette machine permet à l’inventeur de projeter des pantomimes lumineuses au musée Grévin jusqu’en 1900.
Par la suite, un autre inventeur, Émile Cohl fait avancer l’animation hexagonale. En reprenant la technique du tour de manivelle imaginée par James Stuart Blackton, il réalise le premier dessin animé français Fantasmagories. Il fait partie des premiers à utiliser cette technique pour raconter une histoire. Entre 1908 et 1923, il réalise 300 films.
Le premier studio d’animation européen naît en France, le Studio Lortac. Au fil des ans, le modèle d’animation français se dessine : il s’agit d’un art publicitaire ou destiné au cinéma donnant une importance particulière au graphisme. Cette attention est liée au fait que les animateurs ont souvent plusieurs casquettes de dessinateurs, caricaturistes ou affichistes.
Mickey s’invite sur les écrans
À partir de 1923, Disney s’impose sur la scène internationale. Les animateurs français s’intéressent alors au film de spectacle. En 1934, la réalisatrice Mimma Indelli et le studio Dessins Animés Européens créent le premier film de spectacle La découverte de l’Amérique.
L’industrie reste malgré tout assez fragile car peu de personnes font partie de ce milieu et il n’y a pas ou très peu de transmission du savoir-faire. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, l’État vient en aide à cette industrie.
Toutefois, une structure française peut, à l’époque, s’imposer face à Walt Disney, le Studio des Gémeaux. Avec le court métrage Le Petit Soldat, le studio est récompensé en 1949, ex-aequo avec le film Melody Time de Walt Disney. Avec la création du studio en 1936, le dessinateur Paul Grimault contribue à une grande avancée de l’animation française. Le studio rattrape le retard technique de l’animation, prend une avance considérable sur le plan artistique et met au point un style d’animation qui lui est propre. Le studio ferme ses portes en 1953 et Paul Grimault prend un rôle de passeur, il transmet son savoir-faire aux générations suivantes d’animateurs.
Le Roi et l’Oiseau, premier film d’animation
En 1953, le duo Paul Grimault et Jacques Prévert, à la tête du studio des Gémeaux, ont un projet de long-métrage basé sur un conte d’Andersen, La Bergère et le Ramoneur. Les ambitions sont grandes et le studio, perfectionniste, est hélas confronté à divers soucis financiers empêchant la réalisation complète du long métrage. Le producteur André Sarrut, en bâclant la fin, décide de sortir malgré tout le long métrage, contre la volonté de Grimault et Prévert. La Bergère et le Ramoneur sort en salle en 1953. Ce film a, par ailleurs été une révélation pour les réalisateurs Hayao Miyazaki et Isao Takahata, qui, voyant le film, furent fascinés et fondèrent le mythique Studio Ghibli.
Paul Grimault n’a cependant pas lâché l’affaire, et souhaite mener le projet à son terme, comme il l’n’entendait à l&a base. Il rachète les négatifs et en 1976, relance la production avec Jacques Prévert. Le scénario est revu en profondeur et malgré des difficultés – dont le décès de Jacques Prévert en 1977 – le film sort en 1980, sous le nom Le roi et l’Oiseau. La version originale de 60 mn est conservée et retravaillée. 45 minutes additionnelles sont ajoutées. Ce film est désormais considéré comme un chef d’œuvre de l’animation, lauréat du prix Louis Delluc, une première pour un long métrage d’animation.
La reconnaissance du cinéma d’animation
Même si le cinéma d’animation rassemble une communauté d’amateurs et de passionnés assez importante, un problème se pose au niveau de la diffusion des œuvres. Les films ne sont pas diffusés en salle ou alors en guise d’avant-programme. Pour remédier à ce problème, André Martin et Michel Boschet créent les « Journées du cinéma » en France, dans les années 50. Les journées du cinéma deviennent par la suite les JICA (Journées Internationales du cinéma) et lors d’un passage à Annecy, génèrent un grand engouement. Le festival du cinéma d’animation d’Annecy débute en 1961.
1960, une nouvelle vague pour l’animation
Les années 60 marquent le début d’une nouvelle vague pour le cinéma français d’animation. Des créations indépendantes font surface internationalement mais plus particulièrement en Europe. La vague des années 60 va durer pendant 20 ans dans l’Hexagone. L’ORTF, via le groupe Image, fonde un laboratoire de recherches de genres, de styles et d’auteurs dans le cinéma. Grâce à cette initiative, une centaine de courts métrages d’animation est réalisée en cinq ans.
Le calvaire des longs métrages pour adultes
Si les courts métrages s’enchaînent, les longs métrages destinés aux adultes connaissent plus de difficultés. Les auteurs voulant en réaliser sont contraints de créer leur propre structure de production et faute de moyens, mettent des années à sortir un long métrage. La diffusion de ces films pose également problèmes : certains ne sortent pas en salle comme Les Boulugres de Jean Hurtado et Ubu et la grande gidouille de Jan Lenica. Quant au film L’Enfant invisible d’André Lindon, il est projeté dans une salle à Paris. Le film La planète sauvage de René Laloux rencontre cependant du succès ; il est récompensé au Festival de Cannes.
Années 80, nouvel essor du cinéma d’animation à la TV
Si, jusque là, le cinéma d’animation français se contente des festivals et parfois des cinémas, les pouvoirs publics financent les chaînes françaises pour proposer des dessins animés français. En 1983, Jack Lang,alors ministre de la culture, lance le « Plan Image ». La première série d’animation française à rencontrer du succès, hormis Les Shadoks sortie en 1968 est Les mondes engloutis. Toutefois, plusieurs expériences à grande échelles auront un succès fulgurant mais ne seront qu’éphémères comme Astérix et Lucky Luke.
Le phénomène Kirikou
En 1998, tout bascule avec le film Kirikou et la sorcière de Michel Ocelot. À lui seul, le film réunit plusieurs facteurs essentiels : la qualité du récit, la faveur du public et la faveur critique. Le long métrage, par sa réussite, va créer un engouement nouveau dans l’industrie. Les longs métrages se multiplient et l’on compte autant de sorties dans les années 2000 qu’en 70 ans. Une nouvelle génération de producteurs s’installe. Prônant de nouveaux formats, des concepts créatifs originaux, les producteurs visent une audience plus large. Les courts métrages se multiplient davantage avec les travaux des étudiants en école d’animation et les nouvelles techniques découvertes comme le flash. Grâce à cette technique, la production revient en France car les coûts engendrés deviennent moins chers. Le long métrage La prophétie des grenouilles est par ailleurs le premier film totalement réalisé en France depuis 20 ans.
Les succès s’enchaînent
À la suite de Kirikou, d’autres films issus de la production hexagonale génèrent du succès. En 2003, Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet est nominé aux Oscar aux César. Par la suite, le film Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud obtient le prix du jury au festival de Cannes en 2007. Le film Le Petit Prince, sorti en 2015, obtient le César du meilleur film d’animation et est sélectionné au festival de Cannes. En 2016, le film Ma vie de courgette, réalisé en stop-motion rencontre un succès fracassant en étant nominé et récompensé dans plusieurs festivals et cérémonies.
3 films à ne pas manquer durant Animade in France
Lors du festival Animade in France, plusieurs long métrages marquant pour l’histoire du cinéma de l’animation français seront projetés dans les salles CGR Les Ambiances et le Paris : Le Roi et l’Oiseau, de Paul Grimault et Jacques Prévert, La planète sauvage de René Laloux, Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet et Ma vie de courgette de Claude Barras seront diffusés
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