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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Une rupture sans séparation

Se transformant en pompier, le Président de la République a tenté d'éteindre le feu devant la crise des Gilets Jaunes. Quant au premier ministre, fusible institutionnel, il est pour le moment épargné malgré ce virage social.

C’est un homme jeune, un homme de « bonne famille », à qui tout jusqu’ici a réussi. Une réussite foudroyante, même, comme jamais la République n’en avait jusque-là rencontrée. Inconnu au bataillon il y a quelques années, propulsé à l’Elysée à l’issue d’une ascension météorique, parfaitement orchestrée et menée de main de maître… Un homme couvé par son prédécesseur et qui n’a pas hésité à s’échapper du nid lorsque l’occasion fut belle à l’issue  d’un parcours sans l’ombre d’un nuage, ni d’une contrariété.  Emmanuel Macron avait peut-être imaginé que sa bonne étoile le poursuivrait indéfiniment ou peut-être que sa jeunesse et son intelligence suffiraient à le préserver des difficultés. Comme s’il était au-dessus du lot, comme s’il était intouchable. Un président jupitérien…

Sans-doute est-il surpris et même estomaqué devant cette fronde populaire qui s’est opposée  à lui.  Jupiter a déclenché la foudre, incarnée par ces Gilets jaunes, si éloignés de son horizon et de son monde, si épars et divers qu’il ne sait plus de quel côté regarder. Ce « bon peuple », d’ordinaire moutonnier et docile, soudain, revendique, se soulève et fait trembler les institutions.

Opération séduction

Il a donc tenté une opération séduction, usant du canal de la télévision, et a annoncé un train de mesures pour se rapprocher de ses sujet et éteindre leur colère. Comme le grand Charles en son temps, il aurait pu s’écrier « je vous ai compris ». Après un an et demi à la tête de l’Etat, ce demi-tour « social » en forme de génuflexion, marque une rupture dans ce quinquennat. Plus rien ne pourra être tout à fait comme avant et l’autorité présidentielle est déjà passablement écornée.

Un sacrifice indispensable?

Un petit tour à la télévision, un acte de contrition, une main tendue. Dont acte. Mais chahuté, secoué, remis en cause, le Président peut-il continuer désormais avec la même équipe, le même entourage, comme si de rien n’avait été? Quid du Premier Ministre, incarnation d’une politique et fusible désigné par les Institutions? Son sacrifice n’est-il pas un passage obligé au moment d’amorcer un virage qui implique sans doute une autre façon de gouverner et un autre regard sur la société? Pour l’heure, Edouard Philippe est à Matignon et il donne une interview aux Echos, histoire d’occuper le terrain. Emmanuel Macron a, semble-t-il, décidé de le préserver malgré la crise. Et sil choisit de l’épargner, c’est peut-être tout simplement qu’il n’a pas de plan B.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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