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Situé à l’angle du boulevard Saint-Jean et de la future rue Jules-Verne, cet établissement “laboratoire” accueillera plus d’un millier d’élèves © Pyralis pour CRR Architecture.
Vie publique

Un lycée isolé avec 17.000 bottes de paille

Situé dans le quartier Saint-Jean, cet établissement fait le pari de l’économie circulaire. Livré en 2022, il sera exemplaire au niveau européen en termes de performances énergétiques et d’impact carbone.

Coincé entre la zone commerciale du Brézet et le CHU Estaing, le quartier Saint-Jean à Clermont-Ferrand entame sa mue, avec la construction d’un premier équipement structurant. Il s’agit du nouveau lycée de l’agglomération clermontoise, remplaçant les actuels lycées Camille-Claudel et Marie-Curie.

46 millions d’euros

Ce projet à 46 millions d’euros TTC, porté par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, se veut très ambitieux, voire exemplaire au niveau européen. Et pour cause : il atteindra le niveau le plus élevé de la certification d’État E+C-. Autrement dit, ses performances énergétiques seront maximales et son impact carbone minimal. Pour un bâtiment de cette taille, un tel degré d’exigences reste encore assez rare.

Pour pousser les curseurs environnementaux encore plus loin, un “marché global de performance” a été conclu avec Eiffage Construction Auvergne. Une procédure assez “novatrice”, selon Jean-Pierre Rambourdin de CRR Architecture, puisqu’elle engage contractuellement l’entreprise en charge des travaux sur les résultats attendus.*

Côté boulevard Saint-Jean, la façade sera assez “urbaine” et exprimera une certaine dynamique. L’angle de la future rue Jules-Verne, où se situera le parvis, sera quant à lui marqué par une présence de bâtiments assez forte. Autre particularité architecturale du projet : il sera traversé par une “rue intérieure” desservant les différents locaux.

Mais globalement, ce lycée de presque 16.500 m² affichera des lignes d’une grande simplicité. C’est d’ailleurs la marque de fabrique du cabinet clermontois CRR Architecture, qui privilégie l’efficience raisonnée à un esthétisme poussif. “Pour nous, la sobriété est un gage de pérennité” insiste Jean-Pierre Rambourdin.

Une ossature en bois local   

Il sera traversé une rue intérieure © Pyralis pour CRR Architecture.

Cette frugalité se retrouve dans la conception même du bâtiment, qui fait la part belle aux ressources et aux savoir-faire régionaux. Visiblement, c’était une volonté “affirmée” de la collectivité. A titre d’exemple, la part de matériaux biosourcés sera très élevée, de l’ordre de 51,3 kg/m2, quand la norme actuelle tourne plutôt autour des 36 kg/m2. “Nous sommes allés au-delà de ce que voulait le maître d’ouvrage” explique Thierry Julien d’Eiffage Construction Auvergne.

Concrètement, l’ossature sera essentiellement constituée de bois du Massif central. Pour l’isolation, le choix s’est porté sur un matériau local et renouvelable : la paille. Quelque 17.000 bottes (soit 180 hectares) ont été commandées à un agriculteur de Saint-Laure en Limagne. Selon l’architecte, on ne peut pas parler de “concurrence” avec les cultures alimentaires. “Si en France tous les bâtiments étaient isolés en paille, cela consommerait 10 % de la production nationale. Donc, nous avons de la marge.

Cette combinaison bois/paille permet de réduire de 60 % les émissions de CO2 par rapport à un système constructif classique. De plus, le volume principal sera paré de pierre de lave de Volvic ; la quantité utilisée représentant la production annuelle de toutes les carrières d’Auvergne.

Un bâtiment à énergie positive

Peu énergivore, ce lycée éco-responsable sera chauffé au bois et sa consommation électrique entièrement compensée par l’installation de panneaux photovoltaïques. “Le bâtiment produira plus d’énergie qu’il n’en consomme. C’est l’objectif. A minima, il sera neutre” ajoute-t-on chez Eiffage Construction.

Le démarrage du chantier est prévu au début du printemps 2020. Le lycée devrait accueillir près de 1.500 personnes à la rentrée 2022. A terme, il sera desservi par les bus électriques de la future ligne B en site propre. Un groupe scolaire, un gymnase et un grand parc urbain devraient également voir le jour dans le secteur, dans le cadre de l’éco-cité Clermont Métropole. Mais il va encore falloir patienter quelques années…

*Le groupement comprend aussi Eiffage Energie Thermie, Ingerop, Sylva Conseil, EODD, ICP, ECIB et Salto.

 

 

 

 

 

 

À propos de l'auteur

Emmanuel Thérond

Titulaire d'un Master en Littératures Modernes et Contemporaines, Emmanuel Thérond est journaliste en Auvergne depuis 2004. Il a commencé sa carrière à La Montagne, avant de rejoindre la rédaction d'Info Magazine, où il a travaillé durant 15 ans. Il écrit également pour la presse professionnelle, en particulier Le Moniteur du BTP, dont il assure la correspondance locale. Depuis 2019, il signe dans Le Parisien - Aujourd'hui en France.

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