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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Les limites d’une indiscutable victoire

Le phénomène de l'abstention a atteint des sommets lors du deuxième tour de l'élection municipale clermontoise. Une réalité inquiétante qui ne peut s'expliquer seulement par le contexte particulier du scrutin.

Soixante-dix pour cent des électeurs clermontois ne se sont pas rendus aux urnes, dimanche dernier, pour désigner leur nouveau maire. Une abstention, en forme de ras de marée, qui établit un nouveau record.  Les  bribes de l’épidémie, les conditions contraignantes du vote, la douceur de l’été qui incite à l’escalade bucolique ou le décalage du scrutin, trois mois et demi après le premier tour, ne suffisent pas à expliquer ce phénomène massif, qui semble se propager d’élection en élection et n’épargne, pour le moment, que la présidentielle.

Un constat inquiétant

On avait pu mesurer au fur et à mesure de la campagne combien l’enjeu municipal ne passionnait pas les foules, combien il semblait éloigné de ses préoccupations quotidiennes. Pourtant, et même si pour beaucoup les jeux clermontois étaient faits -comment imaginer que les socialistes perdent le pouvoir en 2020 alors qu’ils l’avaient conservé dans un contexte national particulièrement défavorable en 2014 ?- le taux d’abstention  a de quoi préoccuper les responsables publics et interroger sur les mécanismes démocratiques. Comment impliquer les citoyens dans le débat public si le choix de leurs responsables ne les concerne plus ? Comment les amener à participer aux décisions s’ils ne font plus entendre leurs voix qu’à travers twitter ou les réseaux sociaux en général ? Et, plus généralement, quelle peut être la crédibilité de gouvernants choisis par une minorité ?

Trompe l’œil

S’abstenir, c’est évidemment garder intacte sa liberté de critiquer et se tenir au-delà des camps. C’est aussi renoncer à peser sur les événements, les subir quoiqu’il arrive. Un choix respectable… Mais ça n’est pas en désertant ostensiblement les gares que les trains finiront par arriver à l’heure.

Restaient donc à compter les voix parmi ceux qui se sont déplacés. Les tenants du titre n’ont pas été bousculés par ceux qui souhaitaient incarner l’alternance. La droite, comme toujours à Clermont, a subi un échec. Elle a six ans pour tenter de se refaire une santé mais il n’est pas sûr que cela lui suffise. Les vainqueurs, pour leur part, ont les cartes en mains. Mais leur satisfaction légitime peut être troublée par la réalité d’un score en trompe l’œil. Dans cette victoire indiscutable du 28 juin, l’abstention s’est glissée comme une ombre au tableau…

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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