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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Le foot comme opium du peuple

Le football est servi à la louche. En apéritif, plat principal et dessert. Qu'importe ses dérives, ses excès, ses errements, l'essentiel est de le consommer sans modération aucune.

Ah le foot, le foot, le foot. Encore et toujours. Sempiternel. Intouchable, incontesté. Non pas seulement dans les stades mais dans les médias, sur les ondes, dans les pages des journaux, celles des magazines. Ce sport, symbole de la globalisation, de l’uniformisation et, finalement, de la bien-pensance, qui n’hésite pas désormais à donner des leçons. Un paradoxe pour cet univers :

Où la parole ne vaut pas un sou, où les contrats n’ont guère de valeur puisqu’ils sont rachetés à coup de pétrodollars.

Où un joueur peut évoluer dans un club à l’automne et jouer pour un autre dans l’hiver, au gré des transferts, des mercato et des tours de passe-passe.

Où l’attachement au maillot est un leurre. Ne parlons même plus des liens réels avec un club ou une ville.

Où l’argent coule à flot, sans la moindre limite, sans la moindre décence, surtout en cette période d’austérité ; où le business est la seule règle absolue ; où des multinationales sportives tirent les ficelles et s’en mettent plein les poches.

Où l’attribution des grandes compétitions internationales est régulièrement truquée, où les magouilles et les « petits » arrangements sont légion.

Où les droits télévisés se négocient à prix d’or et qu’importe celui qui rafle la mise ; qu’importe si le téléspectateur est le dindon de la farce.

Où l’intervention d’agents de joueur et d’intermédiaires douteux pourrissent l’environnement des clubs.

Où la généralisation des paris menace l’équité des résultats.

Où la violence se manifeste en marge des compétitions, le plus souvent aux abords des stades. Où la haine règne entre les supporters.

Où la notion de collectif est relative puisque les buteurs sont systématiquement mis en avant au détriment de leurs équipiers.

Où les joueurs stars, ces enfants gâtés, sont transformés en idoles contemporaines. Ce qui ne les empêche pas de cracher à tire-larigot sur la pelouse. Quelle élégance !

Pourri et alors !

C’est ce sport, sans foi, ni loi, sans éthique, exemple paroxystique des dérives du capitalisme le plus sauvage et de l’ultra-mondialisation, qui bénéficie aujourd’hui d’un quasi-monopole médiatique et est érigé en modèle pour les jeunes générations. Devenir footballeur pour s’élever dans la société, c’est mieux évidemment que de dealer de la drogue… Alors oui, tout va pour le mieux  dans le monde pourri du ballon rond puisque les foules, gavés d’images et d’informations, en redemandent.

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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