A Pyongyang, Corée du Nord, une petite fille sourit. Ailleurs, dans le même pays, une relation amoureuse se noue, peut-être subversive. Le soleil filtre à travers les nuages et les oiseaux chantent, malgré tout. Pyongyang, c’est de l’autre côté du monde. Celui que l’on ne voie pas, que l’on n’entend pas ou peu. Un pays-fantôme au-delà d’un rideau de fer. Une caricature d’état aux antipodes de la démocratie. Une entité ersatz de l’ère communiste, aux mains brutales d’une famille, d’un clan. Un mauvais décor de théâtre dans lequel les comédiens seraient des marionnettes tirées par les ficelles d’un pouvoir dynastique, despotique, mégalomane et criminel.
Cauchemar rouge
La Corée du Nord a tout d’un cauchemar rouge que l’aube ne parviendrait pas à dissiper. Un cauchemar veillé par une armée puissante, menaçante, sur fond de missiles balistiques intercontinentaux et d’arsenal nucléaire . Et en guise de Dieu, un être suprême, un guide absolu et machiavélique, une idole auto-sanctuarisée dont le portrait menaçant s’étale sur les places : Kim Jong-Un, le fils, qui, naturellement, a succédé à Kim Jong-il, le père, et Kim II-sung, le grand-père dans le même rôle sinistre.
Vivre quand même
Le monde d’aujourd’hui est certes imparfait et cruel. Mais cet état singulier, hermétique, liberticide, tyrannique et inquiétant, représente, à coup-sûr, le paroxysme en la matière.
Pourtant, il serait illusoire de croire que la vie s’est arrêtée aux frontières de ce pays fermé par les miradors et les fils de fer barbelés. Les êtres vivants ont la capacité stupéfiante de s’adapter aux pires situations et, même, de s’épanouir dans un environnement hostile et parfois dévasté. A Pyongyang, au bord du fleuve Taedong, une petite fille sourit, d’autres enfants jouent dans une cour d’école. Les dictateurs, même les plus sordides, n’ont pas le pouvoir d’effacer tout à fait les histoires d’amour, ni même l’humour qui est peut-être l’ironie du désespoir.
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