Recevoir une éducation religieuse au cours de sa jeunesse, avec ses préceptes, ses passages obligés, ne garantit en rien le cheminement philosophique de celui auquel elle est dispensée. Je connais des individus qu’elle a menés vers un athéisme que l’on pourrait qualifier de quasi-sectaire. Par conviction réelle ou par esprit de contradiction ; comme une opinion ou un parti-pris ; d’autres, au contraire, font preuve d’une allégeance sans nuance à l’enseignement inculqué, aux principes et aux codes qu’on leur a transmis, avec fidélité et parfois dévotion… Pour ma part, fréquenter longuement un établissement catholique, à l’heure de l’enfance ou de l’adolescence, ne m’a ni convaincu, ni perturbé. Ni « converti », ni traumatisé. Malgré les enseignements prosélytistes, je suis demeuré foncièrement sceptique, dubitatif envers et contre tout, néanmoins ouvert aux hypothèses des uns et des autres. Preuve, une bonne fois pour toutes, que tous les chemins ne mènent pas à Rome…
A prendre et à laisser
D’un côté, les religions enseignent des valeurs et apportent sans doute une espérance face au destin commun et tragique que constitue la mort; de l’autre, elles se sont révélées ô combien dogmatiques, cupides, conflictuelles et même criminelles. De ce point de vue de l’histoire, chacun des principaux cultes, peu économes du sang des « mécréants », peut balayer devant sa porte. Aucun siècle n’a tout à fait échappé à la folie des intégristes et au jusqu’au boutisme des fous de Dieu. Le XXIe n’a pas tardé à nous prouver qu’il ne ferait pas exception.
Des questions sans réponse
La religion, faite d’admissions, de conventions, de préconisations, de jugements, de célébrations, de rites et de soumission, est une chose; la spiritualité au sens philosophique en est une autre. En réalité, nul n’échappe tout à fait au « mystère », celui des origines et de l’au-delà. Inaccessible à la raison, hors la science ou la théologie, étranger aux limites, il est davantage affaire de sensations, d’impressions, d’expériences indicibles que de démonstrations ou de réflexions proprement dites. Foncièrement intime, peut-être, relève-t-il simplement de notre lien fondamental à l’univers.
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