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La Grande Sophie©-Simon-Kerola.
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La Grande Sophie: “Ce moment présent que je recherche tant, il est avant tout sur scène”

Le jeudi 10 octobre, La Grande Sophie sera sur la scène du Sémaphore de Cébazat. Elle y défendra son huitième album sorti début septembre “Cet instant”. Juste avant de débuter une grande tournée, elle a répondu à nos questions.

7 Jours à Clermont : Vous venez de sortir votre 8e album, Cet instant. Pourquoi ce choix de titre ?

La Grande Sophie : C’est le nom d’une chanson qui figure sur l’album. Cet album parle beaucoup de mon obsession du temps qui passe. Je voulais qu’il y ait plein d’instantanés où je retourne dans le passé. Mais pas seulement. J’essaie aussi de capter l’instant présent. Dans la chanson Cet instant, il s’agit de regarder dans le miroir et d’apercevoir le travail du temps. De la naissance et jusqu’à l’âge adulte voire plus, le temps nous forme, nous transforme et nous déforme. J’ai eu envie d’écrire sur une sorte de réalité, et ne pas faire un déni de tout cela, afin d’accepter et de mieux vivre les choses.

7JC : Dans le titre, Une vie, qui ouvre l’album, vous insistez sur le temps qui passe. Mais aussi dans Nous étions. Pourquoi cette obsession ?

LGS : J’ai beaucoup écouté les paroles des anciens, comme les grands-mères. J’ai compris très vite qu’avec les années, mes grands-parents parlaient de difficultés. Je trouve que l’on ne se rend pas compte de tout ça lorsqu’on a 20 ans. Mais ces paroles m’ont marquée et il y a une forme d’appréhension. Je sais très bien que nous sommes tous inégaux devant la vieillesse et que ce n’est pas quelque chose de facile, cela se traverse et fait partie de la vie.

« Je n’aime pas trop donner une définition de mes chansons »

7JC : Dans votre 3e titre de l’album, vous écrivez “Où sont les mots ?”. Est-ce l’une de vos interrogations, de savoir aussi ce que deviennent les mots de vos chansons ?

LGS : Ce n’est pas une préoccupation mais c’est souvent très drôle de voir comment les gens s’approprient une chanson. Je fonctionne de la même manière que tout le monde. Parfois, je ne vais pas forcément chercher à comprendre le sens d’une chanson mais il va y avoir une phrase qui me parle et je vais m’accrocher à elle, parce que j’ai envie que ce soit la mienne. Et puis, quelques années plus tard, je vais me rendre compte du sens de la chanson. Quand je vais donner des concerts un petit peu partout en France, j’aime bien voir les gens lors de séances de dédicaces, ils me racontent d’autres histoires à propos de mes chansons. C’est la magie d’une chanson. Elle peut ouvrir à cela et c’est pour cette raison que je n’aime pas trop donner une définition de mes titres. Je sais que les expliquer tue quelque chose chez l’autre, son imaginaire.

7JC : Le son de l’album est très travaillé. Et vous jouez même du piano. Pourquoi cette audace ?

LGS : Le piano a été un élément moteur sur cet album et cela m’a permis de découvrir un instrument que je connaissais peu. J’avais des synthés à la maison mais un vrai piano c’est très différent. J’ai toujours regardé cet instrument de loin et il me plaisait. Il me touchait alors que je ne suis pas du tout pianiste. Je me suis dit que cela pouvait être intéressant, pour trouver une espèce de candeur, de fraîcheur, de naïveté. Souvent, les musiciens très aguerris, après des années d’étude de musique, recherchent cette petite fragilité  et je me suis dit que j’allais plonger dedans, pour voir ce que ça donne et ne pas avoir peur de commencer quelque chose, quel que soit l’âge. Cet élément m’a permis de composer autrement, de garder un côté très instinctif. 

7JC : La dernière fois que vous êtes venue à Clermont-Ferrand, c’était pour le spectacle L’une et l’autre, avec la romancière Delphine de Vigan. Que retenez-vous de cette expérience ?

LGS :  C’est d’abord une belle histoire d’amitié. Les rencontres sont importantes pour moi. Au départ, on devait se rencontrer juste pour un seul concert dans un festival. On s’est tellement bien entendu, et les gens l’ont ressenti, ont été émus de nous voir si complices sur scène, que l’on est reparti sur les routes et que l’on a retravaillé le spectacle. Il était très intime, j’avais pas mal d’a capella et sur mon album Cet instant j’ai eu envie de prolonger cela avec le titre Sur la pointe des pieds. C’est le petit prolongement de mon histoire avec Delphine. 

« La scène est une quête d’émotions »

7JC : Vous entamez une longue tournée, qui vous emmènera jusqu’en mai 2020. Avez-vous hâte d’être sur scène ?

LGS : Oui, cela fait partie des moments que j’attends. Je ressens toujours cette angoisse de me lasser de la scène et c’est pour cela que j’aime prendre mon temps entre chaque chose et ne pas enchaîner. Car après on ne sait plus trop ce que l’on fait. Il y a deux périodes très importantes : quand je finis d’écrire une chanson, que je suis satisfaite,  que je vais vouloir la chanter et ensuite, il y a cette étape de la scène, qui est un espace ludique et de grande liberté. Ce moment présent que je recherche tant, il est avant tout sur scène. 

7JC : Si vous deviez convaincre en quelques mots quelqu’un de venir vous voir le 10 octobre au Sémaphore de Cébazat, que lui diriez-vous ?

LGS : Souvent j’ai envie de dire que la scène, c’est avant tout une quête d’émotions. Je ne recherche pas du tout la performance. J’essaie de proposer aux autres un véritable voyage, de partir tous ensemble en traversant des émotions de joie, des émotions où l’on a les larmes aux yeux, des émotions où l’on va se reconnaître.

À propos de l'auteur

Catherine Lopes

Journaliste diplômée de l’Ecole de Journalisme et de Communication de Marseille, Catherine arrive en Auvergne en 2006 et fait ses armes sur Clermont Première. Après plusieurs années de collaboration,  elle découvre ensuite le monde de la pige et travaille pour plusieurs sociétés de production. Elle écrit aussi pour le web et fait de la radio. Véritable touche à tout, Catherine aime avant tout raconter des histoires.

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