C’est sur les conseils avisés d’un ami journaliste clermontois, que la famille Pain a vendu ses premières huîtres sur le marché de Chamalières, précisément en septembre 1973. A l’époque les ostréiculteurs commençaient à peine à pratiquer la vente directe sur les marchés, les échanges étant jusqu’alors la chasse gardée des intermédiaires et des poissonniers. James Pain y trouva son compte et depuis ce jour, il ne cessa de faire des aller-retours entre le port ostréicole d’Ors – Le Château d’Oléron et l’agglomération clermontoise. Il n’a d’ailleurs jamais manqué un seul marché en 47 ans.
Au démarrage de cette activité commerciale, il pouvait compter sur son père qui avait lancé l’affaire familiale et qui veillait sur les parcs et les claires durant les absences imposées par les tournées. Son fils, Cyril qui, très jeune, a commencé à donner un coup de main, a fini par rejoindre l’entreprise en 1992 participant lui aussi aux tournées. Les huîtres Pain peuvent donc s’enorgueillir d’un «de pères en fils depuis trois générations».
Le marché de Chamalières mais pas seulement
L’activité commerciale des Pain a débuté à Chamalières, elle s’est développée par la suite sur d’autres marchés de la métropole clermontoise. Actuellement, on peut les retrouver le vendredi matin à Cournon, le vendredi soir à Chamalières, le samedi matin à Chamalières et à Riom, le samedi après-midi à Davayat et le dimanche matin Place de Jaude (tous les 15 jours), à Cébazat et à Issoire. Les week-end sont donc remplis d’autant qu’ils débutent le jeudi avec parfois 9 heures 30 de route lorsque le camion est bien chargé. Sur certains marchés James, toujours en activité, retrouve ses clients historiques qui eux-mêmes, viennent avec leurs enfants et petits-enfants. Il retrouve aussi les autres commerçants forains qu’il côtoie depuis longtemps. Certains sont devenus des amis.
Jusqu’à 100 tonnes par saison
Pour les Pain, les aller-retours réguliers entre l’Aquitaine et l’Auvergne représentent à chaque saison, pas moins de 80 000 km en camion ou en fourgon. Ils acheminent et vendent jusqu’à 100 tonnes d’huîtres, essentiellement des fines de claire n°3 qui sont demandées par les clients dans 80 % des cas. N’assurant pas de vente sur l’île d’Oléron la famille écoule la totalité de sa production à Clermont et Issoire. Si James n’a pas encore lâché les marchés, il délègue désormais à son fils, le gros du travail aquacole. «Les ostréiculteurs pratiquent la monoculture…nous devons donc apporter beaucoup d’attention à notre production, de la reproduction jusqu’à l’affinage. En cas de problème nous ne pouvons pas nous rabattre sur d’autres produits» explique Cyril Pain. «Nous gardons la maîtrise sur les bassins d’affinage que l’on peut isoler en cas de problème, ce qui n’est pas le cas pour les parcs de pleine mer. Nous sommes donc tributaires des éléments qu’ils soient naturels ou non». C’est cette forme de précarité qui l’a d’ailleurs poussé à ne pas embarquer sa femme dans l’aventure familiale. « Elle a un emploi et un salaire, nous avons une sécurité en cas de problème sur la production ». Y aura-t-il une 4e génération de Pain dans les années à venir sur les marchés auvergnats ? Pour l’instant la fille de Cyril, étudiante en communication, donne des coups de main pendant ses vacances mais rien n’est encore décidé sur son avenir.
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