Après un premier album enregistré dans le Mississippi avec quelques célébrités (Kenny Brown ou Cedric Burnside), le trio blues au format hors du commun (guitare – batterie – vielle à roue) publie son deuxième album enregistré cette fois sur nos terres, sur différents sites, parfois surprenants, tous autour du lac de Guéry avec des notoriétés locales. Homecoming revisite de façon très originale de grands standards du répertoire américain comme “Strange Fruit” de Billie Holiday ou “Chain Gang” de Sam Cooke en complément de compositions toutes personnelles et tout aussi engagées. La chanteuse est très attachée à la cause des femmes et l’évoque de manière convaincante sur “MG’s Boogie” par exemple. En attendant de pouvoir enfin découvrir ce nouvel album sur scène quand les salles rouvriront, Tia Gouttebel nous invite à découvrir sa ville, celle où elle est née et où elle a passé les vingt premières années de sa vie, dans le quartier des Salins. Tia vit aujourd’hui avec sa petite famille à Romagnat.

Librairie Les Volcans, un passage obligé
« C’est un endroit où j’aime bien passer du temps. Entre les livres et les disques, c’est riche. C’est un peu une institution à Clermont. La librairie fait partie de la ville. » Si Tia est attachée aux Volcans, c’est aussi parce qu’à chaque sortie d’album, elle s’y produit avec ses groupes, Muddy Gurdy ou Tia Blues. « Notre manière de soutenir le lieu est d’en parler régulièrement ou d’y faire nos cadeaux de noël par exemple. Quand on fait visiter la ville à des amis, c’est un passage obligé. »

Là où tout a commencé
Tia entretient avec le site de la Comédie un lien privilégié. « La première fois que je me suis produite sur scène, c’était à la Maison des Congrès, j’avais 6 ans, je commençais la guitare. » Muddy Gurdy s’est aussi produit là en décembre 2019 pour trois concerts. Ils étaient accompagnés pour l’occasion de musiciens américains renommés : Shardé Thomas et Kenny Brown. « On doit y rejouer l’automne prochain avec les invités du nouvel album. » Si Tia a choisi la Comédie, c’est aussi pour mettre en avant la lutte des intermittents pour la réouverture des lieux culturels. « On est tous plus ou moins à l’arrêt depuis un an, même si nous, on sort un disque. Des actions sont menées régulièrement, c’est bien de mettre un coup de projecteur dessus. » Tia se souvient également de la brasserie de la gare routière, surtout en période de festival du Court-Métrage : « Dans mon enfance, c’était un lieu important et avec les puces le dimanche, ça incarnait vraiment le quartier. »
Le Poco Loco, chez Philippe Grand

« J’adore ce lieu. Malheureusement, il est fermé depuis que Philippe Grand a cessé son activité. C’est un des premiers endroits où j’ai vu des concerts de blues. Le club n’est pas très grand, on est près de la scène. C’est un vrai club avec le bar et le bruit. Ça m’a permis de voir mes premiers groupes américains. Et il y avait Philippe Grand, pas apprécié de tout le monde parce que c’est quelqu’un de particulier, mais moi, il ne m’a jamais fait peur » déclare Tia dans un grand éclat de rire. « Je le trouvais plutôt rigolo avec son franc-parler et sa grande gueule. Les lieux, on les apprécie aussi pour les personnes qui les tiennent parce qu’ils donnent la couleur et l’ambiance à l’endroit. Le théâtre, le Petit Vélo, est très joli aussi. »
De l’Hôtel Fontfreyde à la fromagerie Nivesse
« Le bâtiment est magnifique, autant de l’extérieur que de l’intérieur. Il a du caractère avec cette pierre de Volvic. On ne s’attend pas à trouver des pièces aussi grandes. Quand je me balade dans Clermont, j’aime bien venir là pour flâner, que ce soit avec mon fils, mes neveux ou des amis pour regarder les photos, prendre le temps. C’est un endroit assez paisible en plein centre. On y découvre toujours de très belles expos. » En bonne Auvergnate qui se respecte, Tia est évidemment gourmande de fromages. Une de ses bonnes adresses est la Fromagerie Nivesse, place Saint-Pierre. « Ah ça, j’adore le fromage. C’est une superbe fromagerie. J’aime bien amener là-bas des copains musiciens qui sont en tournée ou les amis qui nous rendent visite parce qu’en période hors Covid, on a le droit de goûter, de découvrir des fromages qu’on ne connaît pas. L’Auvergne est quand même un immense plateau de fromages, on ne peut quand même pas passer à côté de ça. »

La cathédrale et la vierge noire
« C’est un des édifices les plus jolis de Clermont avec cette pierre de Volvic. Elle est majestueuse. Ce que je trouve d’intéressant à Clermont, c’est de prendre un peu de hauteur pour avoir une vue sur ce qui nous entoure, les volcans, la chaine des Puys et de voir d’en haut, de cette butte, toutes ces rues, notamment la rue des Gras qui est super belle. C’est un des lieux de Clermont qui est vraiment à voir et, pour faire le lien avec notre nouvel album pour lequel on a enregistré un morceau dans la petite chapelle de Roche Charles qui est perdue à la campagne, dans cette chapelle il y avait une vierge noire qui a été rapatriée là, dans la cathédrale. Pour l’occasion, j’ai écrit un morceau sur une vierge noire en mettant l’accent sur ces femmes qui avaient une certaine indépendance, qui étaient vénérées, qui avaient une liberté. Pour moi, ça a du sens avec ce qu’on fait et avec la vision que j’ai des femmes et les valeurs que je défends et qui sont omniprésentes dans l’album » conclue Tia Gouttebel qui allie une fois encore le geste à la parole dans un magnifique nouvel album en compagnie de ses compères Marc Glomeau et Gilles Chabenat et de nombreux invités.
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