A Saint-Tropez, le cimetière plonge vers la Méditerranée, au pied de la citadelle érigée au XVIIe siècle. Les morts connaissent ainsi un repos les pieds dans l’eau, tandis que les vagues, inlassablement, échouent sur le rivage. Les cimetières marins ne sont d’ailleurs pas rares, à l’image de celui de Sète, immortalisé par Paul Valéry et qui surplombe voluptueusement « la Grande Bleue ».
« Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée ! »

Fleurs fanées
Théâtres de mémoire et de recueillement, havres de paix et de silence, où les heures se sont arrêtées, les cimetières constituent évidemment des lieux à part au milieu des villes agitées et temporelles, patiemment organisées et indubitablement névrosées. On y cultive le passé comme on arrose des fleurs…Avec peu d’assiduité, toutefois, il n’est qu’à voir l’état d’abandon d’une majorité de concessions.
Une aimable compagnie
A Clermont, le cimetière des Carmes, à la croisée des chemins et des destins, est à la fois le plus vaste et le plus ancien. Dans cet espace de onze hectares, entre vieille ville et quartier en développement où, de temps en temps, les vivants viennent rencontrer les morts, il n’est pas rare de voir jouer des écureuils. Cette aimable compagnie ne trouble pas l’apparente sérénité des lieux. La nuit, on y ferme les portes pour d’évidentes questions de sécurité et de dégradations éventuelles, laissant alors les morts face à leur destin.
Cimetière et modernité
La modernité et le développement urbain n’ont pas toujours beaucoup de respect pour la mémoires des disparus… Le cimetière de Montferrand, coincé entre la quatre voie, un hôtel Ibis Budget et des commerces alimentaires en est un exemple éloquent. Les défunts peuvent-ils trouver la paix dans ces conditions ?
Révélateur
A leur façon, aussi, les cimetières témoignent de notre rapport à la mort. Un rapport distant, gêné, frileux, confus, teinté d’angoisses, de religiosité, de précautions et de cérémonial. Le refus d’oublier côtoie ainsi la volonté de ne pas voir. Une étrange dichotomie entre égards et appréhension, sentiments et répulsion.
Et comme dans ce bas monde, rien n’est éternel et tout se négocie, même les concessions font désormais l’objet de financement et de locations. La loi du marché est décidément sans vergogne.
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