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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

La nuit de Berlin

Lorsque le mur de Berlin tombe, dans la nuit du 9 novembre 1989, ça n’est en fait que l’ultime coup de pioche donné à un bloc que l’on imaginait infaillible.

Sur les gravats et les débris du mur, Mstislav Rostropovitch joue du violon. Il interprète l’air de la liberté. Un air que des milliers de Berlinois sont venus écouter après tant d’années de frustration, de séparation, d’oppression et d’un silence sciemment entretenu par la Stasi, l’impitoyable et glaciale police politique est-allemande. Au matin de cette nuit d’automne, le monde ne sera plus le même. Ce mur symbolique, le rideau de fer, qui coupait l’Europe en deux parties et la planète en deux blocs, va partout voler en éclat. Le tout dernier des dictateurs rouges, le sinistre Nicolae Ceausescu, sera à son tour balayé et consumé par son peuple au moment de Noël. La Roumanie après la Hongrie, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie, la République Démocratique Allemande…

Héros de liberté

Quarante années de guerre froide et de choc idéologique se terminent sans véritable affrontement. Sans véritable chaos, ni révolution sanglante. Le colosse communiste avait des pieds d’argile: il s’effondre subitement comme un château de cartes, miné de l’intérieur, rongé par ses propres démons. Et cette révolte pacifique a ses héros :  Lech Walesa, l’ouvrier polonais de Gdansk, Miklós Nemeth, le courageux et visionnaire  premier ministre hongrois,  Mikhaïl  Gorbatchev, l’homme providentiel de la Glassnost, Karol Wojtyla, le lumineux pape de Wadowice, ou, bien plus tôt, l’écrivain contestataire, Alexandre Soljenitsyne, dénonciateur de L’Archipel du goulag et le physicien dissident Andreï Sakharov, père de la bombe H et prix Nobel de la paix 1975. Et tant d’autres anonymes…

Château de cartes

Au-delà, cette déroute inattendue trouve sa source dans la gangrène d’un régime gérontocratique, l’économie exsangue de l’Union Soviétique, la guerre meurtrière et inutile en Afghanistan, l’effroyable catastrophe de Tchernobyl et, plus simplement, le ressentiment des peuples, trop longtemps bâillonnés, muselés, écrasés. La belle nuit de Berlin sonne aussi, à sa façon, le glas d’une illusion qui aura accompagné le XXème siècle. Une illusion en forme de  mensonge.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Mais à Clermont on a toujours l avenue de l urss siège de la métropole comme si l urss ce n était que la victoire de stalingrad…

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