Sur les gravats et les débris du mur, Mstislav Rostropovitch joue du violon. Il interprète l’air de la liberté. Un air que des milliers de Berlinois sont venus écouter après tant d’années de frustration, de séparation, d’oppression et d’un silence sciemment entretenu par la Stasi, l’impitoyable et glaciale police politique est-allemande. Au matin de cette nuit d’automne, le monde ne sera plus le même. Ce mur symbolique, le rideau de fer, qui coupait l’Europe en deux parties et la planète en deux blocs, va partout voler en éclat. Le tout dernier des dictateurs rouges, le sinistre Nicolae Ceausescu, sera à son tour balayé et consumé par son peuple au moment de Noël. La Roumanie après la Hongrie, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie, la République Démocratique Allemande…
Héros de liberté
Quarante années de guerre froide et de choc idéologique se terminent sans véritable affrontement. Sans véritable chaos, ni révolution sanglante. Le colosse communiste avait des pieds d’argile: il s’effondre subitement comme un château de cartes, miné de l’intérieur, rongé par ses propres démons. Et cette révolte pacifique a ses héros : Lech Walesa, l’ouvrier polonais de Gdansk, Miklós Nemeth, le courageux et visionnaire premier ministre hongrois, Mikhaïl Gorbatchev, l’homme providentiel de la Glassnost, Karol Wojtyla, le lumineux pape de Wadowice, ou, bien plus tôt, l’écrivain contestataire, Alexandre Soljenitsyne, dénonciateur de L’Archipel du goulag et le physicien dissident Andreï Sakharov, père de la bombe H et prix Nobel de la paix 1975. Et tant d’autres anonymes…
Château de cartes
Au-delà, cette déroute inattendue trouve sa source dans la gangrène d’un régime gérontocratique, l’économie exsangue de l’Union Soviétique, la guerre meurtrière et inutile en Afghanistan, l’effroyable catastrophe de Tchernobyl et, plus simplement, le ressentiment des peuples, trop longtemps bâillonnés, muselés, écrasés. La belle nuit de Berlin sonne aussi, à sa façon, le glas d’une illusion qui aura accompagné le XXème siècle. Une illusion en forme de mensonge.
Mais à Clermont on a toujours l avenue de l urss siège de la métropole comme si l urss ce n était que la victoire de stalingrad…