Bien-sûr, Notre Dame du Port, joyau de l’art roman, enclavé dans une rue qui cherche un second souffle, mérite qu’on s’attarde sur ses chapiteaux, ses vitraux, ses statues ou encore le tympan de son portail sud. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la basilique fait pourtant beaucoup moins de « bruit » que la Chaîne des Puys/ Faille de la Limagne. Clermont, on le sait, est une ville discrète…
On peut aussi apprécier de traîner ses pas le long de la rivière Allier, aux rares méandres, du côté de Cournon ou de Pont-du-Château, dont les berges se situent au carrefour de l’urbanité et de la nature. On peut s’attarder aux terrasses bondées de la place de la Victoire, les soirs d’été, sous les flèches acérées de la cathédrale, redessinées par l’inévitable Viollet-le-Duc. Ou préférer le charme plus feutré des petites places, celle du Mazet ou du Changil… Ou encore vagabonder vers Montjuzet pour apercevoir le panorama sur la ville à l’empreinte industrielle ou arpenter le Parc Bargoin, plus romantique et raffiné, au milieu de rares promeneurs.
Les ruelles du Plateau Central, parsemées de vieux hôtels et de cours intérieures, qui conservent jalousement leurs secrets, comme celles du centre de Montferrand, longtemps la ville ennemie, ne manquent pas de caractère. Si le « grand Clermont » souffre d’une certaine disharmonie architecturale, la métropole a malgré tout plus d’un tour dans son sac et plus d’un détour à proposer à celui qui prend le temps de s’y consacrer.
Histoire et architecture
Pourtant la particularité la plus remarquable de cette agglomération reste peut-être d’accueillir en son sein une station thermale réputée, dont le patrimoine élégant et suranné témoigne de la riche histoire. Royat, en l’occurrence, qui pourrait redevenir d’ici peu Royat-les-Bains, selon les vœux de son conseil-municipal, et qu’il conviendrait d’appeler Royat-Chamalières puisque la station s’étale sur les deux communes-sœurs.
Dans l’effusion de la Belle Epoque, les têtes couronnées du monde entier venaient y prendre les eaux et passaient du bon temps près des sources, hébergés dans des hôtels luxueux. Le thermalisme, il est vrai, avait le vent en poupe et était non seulement synonyme de santé mais aussi de villégiature.
Têtes couronnées et écrivains dans le vent
Napoléon III, l’impératrice Eugénie, Léopold II roi des Belges, Edouard VII, le souverain d’Angleterre, la reine d’Italie et celle de Savoie ou encore Georges Sand, Guy de Maupassant, Alexandre Dumas, Stéphane Mallarmé ont donc séjourné au Majestic Palace ou au Grand Hôtel, autant de lieux emblématiques, fréquentant assidûment le parc thermal, le casino (alors baptisé « le chalet ») ou les sources Saint-Mart, Saint-Victor, César, Eugénie et Velleda. Et jusqu’à l’actuelle Belle Meunière, au bord de la Tiretaine, qui doit son nom aux frasques amoureuses du fameux Général Boulanger.
Atmosphère
Dans les années 60, encore, lors des Grand-Prix de France, le parc hôtelier de Royat recevait les princes de la Formule 1, d’authentiques chevaliers qui risquaient alors leur vie au détour de chaque virage. Rien à voir évidemment avec les pilotes actuels, à mi-chemin entre hommes-sandwichs et vidéo-gamers.
Depuis les hôtels, perdant de leur éclat et de leur prestige, ont pour la plupart été transformés en appartements. Malgré ces mutations contemporaines, Royat, hanté par les fantômes aristocratiques et littéraires, conserve encore un peu de cette élégance surannée et de cette atmosphère propres aux villes thermales. Et cela à quelques hectomètres, seulement, de la place de Jaude…
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