Le débat ne date pas d’hier et refait surface de manière récurrente. L’avenue de l’Union Soviétique à Clermont doit-elle changer de nom ? Pour de nombreuses personnes, cela ne fait aucun doute, elle doit être débaptisée car synonyme d’un passé criminel au nom du communisme. Ce « nom qui embarrasse » qui renvoie « vers des millions de morts, des camps de déportation en quantité, des famines orchestrées, un état totalitaire, répressif, militaire » comme l’écrivait Marc François dans un article publié en 2020 irrite d’autant plus qu’il désigne la première artère clermontoise empruntée à la descente du train, même si autour de la gare, les plaques de rue sont manquantes.
Ne pas oublier le contexte
Le maire de Clermont, Olivier Bianchi, dont on connaît l’immense passion pour l’histoire, n’est pas favorable au changement de nom, craignant une décontextualisation. Il faut rappeler qu’au sortir de la seconde guerre mondiale, trois avenues clermontoises ont pris le nom de Grande-Bretagne, États-Unis et Union Soviétique pour rappeler que ces pays se sont alliés pour défendre la France et l’Europe contre l’Allemagne nazie. Ce choix avait donc comme but de mettre en avant le sacrifice de millions de morts au combat, plus de 20 millions de soldats du côté des troupes soviétiques. Mais si on ne sépare pas toute l’histoire de l’URSS de cet épisode précis, vieux de 80 ans, on retombe fatalement sur un certain nombre d’atrocités qui imposeraient effectivement le changement de nom. L’histoire reste l’histoire, figée dans ses époques même si au regard d’une actualité plus récente, il serait tentant de la revisiter.
Une solution alternative pour l’avenue de l’Union Soviétique ?
L’actualité relance donc le débat. Cela avait déjà été le cas il y a deux ans lorsque la Russie est entrée en « opération spéciale » contre l’Ukraine. Le Maire de Chamalières, Louis Giscard d’Estaing, avait alors demandé, sans succès, que l’avenue soit débaptisée. Aujourd’hui c’est la disparition d’Alexeï Navalny dans le cadre du simulacre d’élection présidentielle qui fait réagir des partisans du changement. Mais pour une fois, une solution alternative est proposée, le « en plus » étant préférable à « à la place de ». Dans un courrier parvenu à notre rédaction, apparaît en effet l’idée, non pas de débaptiser l’avenue, mais plutôt de la couper en deux parties puisqu’elle est assez longue. L’une resterait Union Soviétique, l’autre prendrait le nom d’Alexeï Navalny, un peu comme l’Avenue Vercingétorix dont une partie est devenue François Mitterrand. On pourrait également imaginer que le parvis de la gare SNCF devienne « esplanade Navalny », une manière de remettre l’histoire plus en phase avec son époque.
Avenue de Russie, tout simplement; soviètique étant un régime politique – et dictatorial, qui ne devrait normalement ne plus avoir d’adeptes, même dans le conseil municipal de Clermont-Ferrand…
Comme rappelé dans le texte, on commémore ici l’un des vainqueurs de la seconde guerre mondiale, donc l’URSS, pas la Russie.
Après, j’aime bien l’idée de joindre le nom de Navalny pour l’esplanade.
Les Clermontois originaires de l’Europe de l’Est (et bien d’autres aussi) n’ont aucune raison de commémorer ce que les Soviétiques ont fait de leur victoire de 1945.