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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Nadal est plus grand que Hamilton

Affirmation absurde, évidemment, tant les disciplines sportives sont différentes. Mais tandis que les titres de l'Espagnol ne doivent qu'à lui-même, les performances du Britannique traduisent d'abord et avant tout la domination outrageuse d'un constructeur.

Il fallait bien cela pour que L’Equipe en oublie qu’il était devenu (presque exclusivement) un quotidien de football et daigne consacrer sa une à d’autres disciplines. Le week-end des 10 et 11 octobre fut celui des records. Tandis que Rafael Nadal atomisait Novak Djokovic sur le court central de Roland Garros, désormais recouvert, et égalait le record en grand chelem de Roger Federer (20 titres chacun), Lewis Hamilton rejoignait Michael Schumacher au palmarès de la Formule 1, avec 91 victoires en Grand-Prix (il l’a depuis dépassé comme une simple formalité). Des chiffres « astronomiques » qui en auraient presque fait oublier au journal ses habituels « héros ». Ceux-là crachent sur le gazon, chambrent leurs adversaires, quand ils ne les injurient pas, sautent comme des cabris au moindre but inscrit et s’écroulent, en geignant, lorsqu’on leur écrase un orteil. Vive le foot…

Le monologue Mercedes

Faut-il mettre les prouesses exceptionnelles de Nadal et Hamilton sur un même plan ? Tout est évidemment question d’appréciation. La performance d’un tennisman, comme d’un cycliste ou d’un skieur, se révèle d’abord individuelle quand la Formule 1 est le fruit d’un travail collectif dont le pilote n’est, en quelque sorte que le dernier maillon. Et c’est là, sans doute, où l’on peut émettre quelques réserves sur les exploits du Britannique. Comment évaluer ses qualités vis-à-vis d’adversaires qui, de toute évidence, n’ont aucune chance de le battre puisque Mercedes survole la concurrence depuis une demi-douzaine d’années, sans la moindre contestation ? Résumons la situation : au départ d’un grand-prix, le résultat est plus ou moins connu d’avance. Les flèches grises, devenues noires cette saison, ont dominé les essais et il ne fait aucun doute qu’elles vont l’emporter. Seul le propre équipier de Hamilton est parfois en mesure de lui faire de l’ombre. Mais dispose-t-il tout à fait des mêmes moyens ? On peut en douter tant la monoplace du pâle Valtteri Bottas est souvent affecté par des ennuis quand celle du champion du monde passe systématiquement entre les gouttes. Quant aux stratégies de Mercedes, elles sont toujours établies en faveur de l’Anglais et au détriment du Finlandais. Ce fut, une fois encore, le cas hier à Imola. A ce rythme-là, l’actuel champion du monde (qui bien-sûr gardera son titre à la fin de la saison) peut gagner cent courses supplémentaires. A condition qu’il ne finisse pas par se lasser de sa propre domination.

Dimension humaine

Que vaut donc le record de Hamilton dans une discipline où le risque n’existe plus, où les concurrents ne disposent pas d’armes équivalentes et où les dépassements relèvent de l’exception ? Un sport avant tout technologique au sein duquel les dimensions humaine et aléatoire ne cesse de perdre du terrain ? Il n’est pas question de remettre en cause le talent du champion britannique. Il n’a pas été choisi par hasard pour conduire la meilleure voiture du monde. Mais il est permis aussi de penser que, parmi les pilotes présents sur la grille de départ des grand-prix, une bonne dizaine obtiendrait les mêmes résultats que lui s’ils étaient au volant de la Mercedes. Bref, tandis que Nadal triomphe de la concurrence, malgré les années qui défilent, c’est avant tout le constructeur allemand qui écrase ses adversaires. Même si son pilote fétiche en recueille les fruits.

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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